Décidément, il n’y aura pas une période de bonne grâce pour le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, et son équipe, et pour cause.
À peine le nouvel attelage gouvernemental mis en place et avant même que les différents chefs de département prennent fonction, les problèmes reprennent de plus bel.
Des mouvements de contestation contre la vie chère en passant par des revendications syndicales sans oublier les pressions politiques, tout est en branle. Dans l’urgence, que pourra résoudre le nouveau ?
En effet, la plupart des problèmes ne sont pas nouveaux. Ils existaient déjà, mais ils avaient été légués au second plan avec le dernier coup de force du 24 mai 2021, en attendant la mise en place d’une nouvelle équipe pour la transition.
«En attendant d’avoir un interlocuteur », disait le secrétaire général de l’Union Nationale des Travailleurs du Mali ».
Ce qui est désormais chose faite.
L’UNTM reprend l’offensive
L’Union Nationale des Travailleurs du Mali menace, en effet, de reprendre les mouvements de grève si ses revendications ne sont pas satisfaites. Une levée de bâton qui s’annonce déterminée.
Pour sa reprise des hostilités, la centrale syndicale historique donne un délai de dix jours à Choguel et à son équipe.
Sa déclaration intervient à la suite de sa rencontre avec le nouveau Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, le mardi, 15 juin, à la Bourse du Travail.
Rappelons que l’objectif de ladite rencontre était de jeter les bases d’un dialogue social après l’échec des négociations entre le gouvernement sortant et la centrale syndicale.
Ainsi, les discussions de rencontre ont porté, entre autres, sur l’harmonisation de la grille salariale et la situation des compressés.
Par ailleurs, les syndicalistes n’avaient pas été satisfaits de l’échange puisque, selon eux, ceux-ci n’avaient pas permis de rentrer en profondeur sur les différends qui opposent les deux parties.
Ils ont par contre reconnu la bonne foi du chef du gouvernement et la volonté de son équipe à satisfaire les doléances des travailleurs.
En dépit de cette volonté affichée de Choguel et de son gouvernement, les syndicalistes tiennent à la mise en œuvre rapide du protocole d’accord signé avec le gouvernement précédent.
C’est pourquoi le secrétaire général adjoint de l’UNTM, Abdourahmane Infa Touré, disait ceci : «Nous avons des compressés et des partants volontaires à la retraite qui, pendant 30 ans, attendent des droits qui ne sont pas tombés.
Nous avons aussi le problème de notre grille mise en œuvre depuis le 1er janvier 2021 qui n’a pas vu le jour.
La centrale syndicale donne (donc) dix jours au nouveau gouvernement de transition pour satisfaire ses revendications.
Passé ce délai, elle déposera un nouveau préavis de grève ».
«Les dates données par le gouvernement sortant, ce n’était pas dans l’intention de les appliquer.
C’était des dates pour nous berner.
Si ce nouveau gouvernement pense aussi qu’il peut nous mépriser, il nous trouvera sur son chemin », précise Abdourahmane Infa Touré
La Synergie des syndicats des surveillants de prison entre dans la danse
La Synergie des sections syndicales des surveillants de prison (SSSP) est déjà dans la danse.
En effet, elle entamera, le mardi 29 juin 2021, une grève de 720 heures, qui ira du mardi de cette date au mercredi, 28 juillet 2021 inclus, reconductible le lundi, 9 août au mardi, 7 septembre prochain, si leur seule et principale revendication n’est pas satisfaite.
Il s’agit de l’application immédiate du protocole d’accord signé entre le gouvernement précédent et la synergie des sections syndicales des surveillants de prison à la date du 11 décembre 2020.
Selon les frondeurs, cette nouvelle grève « est la conséquence directe du refus catégorique des autorités » de respecter les termes du protocole d’accord du 11 décembre 2020 avec la synergie de la SSSP et le gouvernement.
Et pourtant, rappellent les syndicalistes, le gouvernement s’était engagé à satisfaire leurs revendications.
« Nous avons tenté plusieurs démarches visant à trouver une solution à cette situation, mais nous avons l’impression que le gouvernement s’agrippe sur son propre intérêt en oubliant l’avenir de toute une génération », dénonce le lieutenant Daouda Konaté, lors d’un entretien.
En tout cas, les secrétaires généraux de la Synergie des sections syndicales des surveillants de prison, notamment le lieutenant-colonel Abdoulaye Fofana de l’UNTM, le lieutenant Daouda Konaté de la CDTM et le lieutenant-colonel Ousmane Sory Touré de la CSTM, promettent que la lutte continuera si jamais leur revendication n’est pas prise en compte par les autorités de la transition.
Des partis politiques en guerre
La liste du nouveau gouvernement publiée, le vendredi, 11 juin 2021, par le Premier ministre, Dr. Choguel Kokalla Maïga, n’a pas fait l’unanimité au sein de la classe politique.
Des partis comme l’ADEMA-Pasj, le PARENA et de façon générale ceux qui sont du regroupement Ensemble pour le Mali (EPM), etc., dénoncent « un gouvernement d’exclusion ».
En plus, ils ont commencé à mettre en place un front pour contraindre, disent-ils, le gouvernement à respecter les 18 mois, c’est-à-dire que la boucle soit bouclée en mars 2022.
Dans un communiqué, l’ADEMA-PASJ dit «constater avec regret que la composition du nouveau gouvernement ne reflète pas la promesse d’inclusivité faite avant sa formation et qui avait fait naître l’espoir d’associer les principales forces politiques et sociales à l’action gouvernementale».
Ce parti, qui a participé à tous les gouvernements depuis l’avènement de la démocratie au Mali en mars 1991, espérait cette fois-ci encore jouer un rôle au sein de l’exécutif.
Mais, hélas!
C’est pourquoi il se tourne vers l’avenir espérant que le nouveau gouvernement prendra sans délai les mesures nécessaires pour relever les énormes défis de la transition.
Lesquels, selon l’ADEMA, se résument à la sécurisation de l’ensemble du pays et à l’organisation d’élections transparentes, inclusives et crédibles au terme des 18 mois initialement prévus comme durée de la transition.
Le PARENA, parti «du Bélier blanc», de l’ancien ministre Tiébilé Dramé, est apparu plus virulent suite à son exclusion.
Pour le PARENA, le Premier ministre de transition avait promis, en présence des représentants de la communauté internationale, un «gouvernement inclusif».
Mais voilà, c’est tout le contraire.
« La montagne a accouché d’une souris», commente-t-on, au siège du parti.
« Nous sommes inquiets des risques d’instabilité liés à une transition non consensuelle et aux manquements des engagements pris solennellement devant le peuple malien et la communauté internationale », a déclaré le PARENA dans un communiqué.
Aussi, condamne-t-il, la violation flagrante des conclusions du Dialogue national inclusif et de la Charte de la Transition qui fixent le nombre de ministres au maximum à 25.
Sur la base de cette rupture du consensus sur la taille du gouvernement, le PARENA dit craindre des « saignées financières »
Quant à l’alliance politique « Ensemble pour le Mali », ex-majorité présidentielle sous le Président IBK, dans un bref communiqué, elle a déploré son absence dans le nouveau gouvernement de la transition, après des promesses à elle faites par le Premier ministre, lors de leur consultation.
D’autres alliances politiques comme l’Action Républicaine pour le Progrès et la Coalition des forces patriotiques ont plutôt insisté sur le respect du calendrier des élections au terme des 18 mois de la transition.
Contre la vie chère
De l’autre, le combat contre la vie chère se poursuit.
Le front populaire contre la vie chère (FPCVC) annonce un sin-tin devant la Primature le 22 juin 2021 pour dénoncer la flambée des prix des denrées de première.
Selon des membres de ce front, le kilo de la viande sans os est livré à 3200 F et la viande avec os à 2700 F.
Quant au litre de l’huile importé, il atteint 1100F et celle locale à 1000F.
Le kilo du haricot est à 1000F tandis que le poisson fumé est livré à 3500F, une situation dénoncée avec force.
Donc, la tâche s’annonce très rude pour le gouvernement Choguel qui vient à peine de s’installer.
À suivre
Zié Coulibaly
Source : Plume Libre