Transition et exigences de la CEDEAO Les Bamakois remontés et souverainistes

Pour de nombreux Bamakois, la CEDEAO ne doit pas imposer ses désirs au peuple malien, qui se préoccupe de son sort. Ils n’hésitent pas à se dire prêts à subir les sanctions, à négocier pour une bonne transition…

Boubacar Traoré, agent du développement communautaire : «…Les pays limitrophes ont tous besoin du Mali»

Je pense que la CEDEAO travaille pour son propre intérêt et non pour l’intérêt du Mali. Ça fait longtemps qu’elle travaille avec le Mali, mais elle doit savoir que les militaires et les civils sont tous maliens. Les Maliens doivent se donner la main pour qu’il y ait une transition réussie. Les militaires ne doivent pas tout laisser aux civils, ils doivent laisser la présidence de la transition aux civils comme le dit la Constitution en écartant les anciens politiciens, qui ne valent pas mieux que le président démissionnaire IBK. Je souhaite que les militaires occupent les postes stratégiques pour résoudre définitivement cette crise du Nord et du centre. Les Maliens ne doivent pas avoir peur de l’embargo parce que les pays limitrophes du Mali ont tous besoin du Mali pour survivre aussi. Aucune sanction de la CEDEAO ne pourra déstabiliser le pays sans déstabiliser nos pays voisins.

Ténin Mankan Mariko, ouvrier : «Les militaires doivent assurer cette transition pendent 3 ans pour libérer le pays…» 

Pour moi les militaires doivent faire 3 ans au pouvoir pour la reconstruction du pays si non le Malien a perdu sa dignité. Je n’ai pas peur de l’embargo de la CEDEAO parce que les Maliens ont demandé à ce que le président quitte le pouvoir parce qu’il n’en pouvait plus, mais la CEDEAO au lieu de venir libérer le pays veut l’intérêt du président qui par fini a compris que les militaires ont agit pour l’intérêt du Mali. Les militaires doivent assurer cette transition pour libérer ce pays des mains des djihadistes et des politiciens corrompus.

Magnan Victoire Samaké, enseignant à la retraite : «C’est vrai que les militaires ont parachevé la lutte du peuple mais nous sommes en démocratie et le pouvoir revient aux peuples »

Je propose que les militaires et les civils assurent ensemble la transition pour sortir le pays de cette impasse. Après la transition, les militaires regagneront leur caserne pour laisser le pays aux civils. La présidence doit revenir aux civils mais pas les politiciens si non ça serait la même chose. La défense ; la sécurité et l’économie doivent être données aux militaires en vue d’utiliser l’argent du contribuable pour éradiquer définitivement cette guerre qui n’a fait que duré. C’est vrai que les militaires ont parachevé cette lutte du peuple mais nous sommes en démocratie et le pouvoir revient aux peuples.

Mme Cissé Awa Coulibaly, ménagère : « Que la CEDEAO nous laisse tranquille, embargo ou pas, le Mali ne mourra jamais »

Il faut que la transition soit gérée par les militaires pendant 3 ans pour que le Mali puisse retrouver sa stabilité. Ce sont les hommes politiques qui nous ont amené ici aujourd’hui. Que la CEDEAO nous laisse tranquille, embargo ou pas, le Mali ne mourra jamais. Après la transition, les civils peuvent venir au pouvoir.

Drissa Niaré, militaire à la retraite, 36ème régiment : «Si la CEDEAO ne revoit pas ses objectifs, le Mali peut s’en retirer … »

Je préfère qu’on donne la transition aux civile parce que les militaires, c’est vrai qu’ils ont libéré le peuple, ça fait partir de leur devoir mais par contre, ils ne doivent pas le rendre immédiatement. Il faut aux maximum 3 ans aux militaires pour mettre le pays en marche. Je sais que c’est contraire aux revendications de la CEDEAO mais il le faut. C’est vrai que l’embargo n’est pas bon pour le peuple malien mais il ne peut pas durer éternellement parce que nos voisins ont besoin de nous comme nous aussi nous avons besoin d’eux. Si la CEDEAO ne revoit pas ses objectifs, le Mali peut se le retirer parce que ce n’est plus une CEDEAO du peuple mais celle des présidents. Si les militaires cèdent rapidement le pouvoir aux civils, la lutte du peuple n’aura servi à rien parce que ça serait le même scenario.

Fousseini Mariko, enseignant : « La transition peut être pilotée par un civil avec l’appui des militaires » 

Je voudrais qu’on fasse une transition ni longue ni courte parce que les attentes d’aujourd’hui sont nombreuses. Les militaires doivent accepter une transition de 2 ans pour pouvoir faire face à certaines attentes de la population. La transition peut être pilotée par un civil mais insérer les militaires pour qu’ils conjuguent ensemble les efforts en vue de résoudre les problèmes du pays. C’est ainsi qu’après, nous pouvons organiser des élections transparentes afin de retrouver un Mali paisible comme nous le souhaitons.

Bintou Camara, vendeuse de fruit : « Si la CEDEAO maintient son embargo, ce sera l’occasion de manger notre riz gambiaka de Niono à bas prix »

 Les hommes politiques ont trahi ce pays. Je veux que les militaires restent au pouvoir pour terminer cette guerre au Nord du Mali. Après le nettoyage, les militaires pourront organiser l’élection présidentielle et en ce moment les Maliens pourront choisir le bon candidat. Si la CEDEAO maintient son embargo, ça serait l’occasion pour nous de manger notre riz gambiaka de Niono à bas prix.

Mamadou Dao, enseignant : « les politiques ne pourront plus relever le défi, donc place à une transition de 3 ans dirigé par les militaires » 

Si nous sommes arrivés là où nous sommes, c’est dû aux politiques. Les politiques ont échoué et nous ramassons les pots cassés. J’accorde ma totale confiance aux militaires parce que le pays est à un niveau où il faut un redressement total. Pour moi, les politiques ne pourront plus relever le défit actuel donc accordons une transition de 3 ans aux militaires pour le redressement de notre pays.

Niang Mamadou Samba, déclarant en douane: « L’embargo est un couteau à double tranchant, les autres pays de la CEDEAO vont aussi en souffrir »

Je veux une transition mixte, c’est-à-dire, les militaires restent à la commande et les civils occupent le poste du premier ministre. Je souhaiterai aussi que des postes clés tels que la défense, la sécurité intérieure et l’administration territoriale soient donnés aux militaires. Les civils qui seront choisis pour les autres postes doivent être les bonnes personnes pour que ça ne soit pas le partage du gâteau. Ils ne doivent pas non plus écarter les politiques parce qu’on ne peut pas gérer une transition sans les politiques. Il y a des bons cadres, des hommes intègres qui peuvent être choisis aussi. L’embargo fera sans doute son effet mais c’est un couteau à double tranchant parce que le Mali, certes va perdre mais  les autres pays de la CEDEAO en souffrent déjà tels que la Côte d’Ivoire qui est fournie en viande par le Mali.

Baber Keïta, comptable : «J’ai confiance aux militaires qu’aux civils pour la présidence de la transition »

Il ne devrait pas y avoir le coup d’Etat si nous avions de bons politiques. Au lieu de chercher à faire partir le Président pourquoi ne pas l’aidé avec des propositions. La transition ne doit pas dépasser 12 mois. Ce temps suffît pour préparer l’élection présidentielle. J’ai confiance aux militaires qu’aux civils pour la présidence de la transition. Pour moi, les civils doivent savoir que c’est le bon moment pour eux de préparer leur élection au lieu de se précipiter sur ce pouvoir qui ne va pas dépasser 1 an.

Lassana Koné, peintre : «Personne ne peut résoudre les problèmes du Mali en 2 ans, mais il faut quelqu’un pour le stabiliser avant d’aller aux élections » 

Moi je veux que les militaires donnent le pouvoir aux civils mais pas aux hommes  politiques parce que je n’aime pas l’embargo. Les civils qui n’ont pas fait la politique doivent être choisis pour diriger la transition. Personne ne peut résoudre les problèmes du Mali en 2 ans mais il faut quelqu’un pour le stabiliser avant d’aller aux élections et ce quelqu’un doit être un technocrate. Le rôle des militaires doit être la surveillance du pouvoir pour que les civils ne déraillent pas.

Amadou Dembélé, gestionnaire : «L’embargo est négociable et un Premier ministre technocrate saura négocier la CEDEAO » 

Je pense que la transition, c’est pour stabiliser le pays avant de le mettre aux mains des civiles. Si nous revenons un peu en arrière, nous verrons qu’en 1991, ATT en son temps avait décidé à la bourse de travail de donner le pouvoir aux civils, mais Me Demba a répliqué en disant que sans l’appui des militaires, les civils ne pourrons jamais diriger une transition. Ainsi je veux que les militaires pilotent la transition et que les technocrates occupent le poste du premier ministre. Aucun homme politique ne doit figurer dans ce gouvernement de transition. L’embargo de la CEDEAO est toujours négociable et le premier ministre technocrate que le Mali va choisir saura négocier la CEDEAO pour la levée de l’embargo.

Abdoulaye Traoré, élève à Koulouba : « Que la transition soit dirigée comme le veut la CEDEAO pour la paix et l’ouverture des classes sur toute l’étendue du territoire »

Les militaires doivent donner le pouvoir aux civils qui ont l’amour du Mali. L’embargo n’arrange personne parce qu’on n’aura pas d’essence pour circuler ni de nourriture à manger. Je veux que la transition soit dirigée comme le veut la CEDEAO pour que le Mali puisse retrouver la paix et que les classes s’ouvrent sur toute l’étendue du territoire.

Rassemblés par Abréhima GNISSAMA