Comment parvenir à des « élections transparentes, crédibles et apaisées » sans un climat de confiance entre les acteurs ?
Lors du conseil des ministres du 27 novembre dernier, le président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Goïta a mis un accent particulier sur son engagement à aller à des élections. Dans un délai raisonnable. Ce qui fait croire à nombre d’observateurs que l’année 2025, à nos portes, sera celle qui verra les Maliens aux urnes pour élire le prochain président de la République. Cette élection sera décisive pour sortir le pays de la crise multidimensionnelle qu’il traverse depuis 2021. Ce qui fait attendre le chronogramme de ces élections à l’issue d’un prochain conseil des ministres. Ceci, après les échanges dans ce sens au sein du Cadre de concertations entre le gouvernement et les partis politique, le jeudi dernier.
Ainsi, tous les acteurs sociopolitiques plaident pour que ces élections soient crédibles, inclusives et aident à remettre le pays sur les rails, après cette phase transitoire plutôt laborieuse et éprouvantes. Or, l’ingrédient véritable d’un processus électoral apaisé est la confiance. Comment celle-ci peut être une réalité, dans un contexte de transition, où la classe politique a été marginalisée ou très peu associée à la gouvernance ? Ce climat de confiance n’a-t-il pas disparu, quand des cadres politiques font l’objet de poursuites ou de mandats d’arrêt et poussés à l’exil forcé? Quid du climat répressif qui semble s’abattre sur la liberté d’expression ?
Décrispation à consolider
Pour nombre d’observateurs, la récente libération des 11 responsables politiques, est une mesure de décrispation du climat politique. Mais, il incombe aux plus hautes autorités d’oeuvre dans le sens du rétablissement de la confiance entre les acteurs du jeu électoral. Cela pourrait passer par la prise de mesures fortes en vue de rassurer les leaders des forces vives du pays. Pourquoi ne pas envisager des mesures législatives (par exemple une loi d’amnistie) et/ou réglementaires pouvant inciter le retour des exilés politiques ou même l’abandon de poursuite contre de hauts cadres politiques encore détenus?
Participation et inclusion
Car, comment peut-on parler d’élections participatives ou inclusives si des ténors de la scène sociopolitiques sont contraints de vivre hors du pays ?
En outre, il est souhaitable que les plus hautes autorités rassemblent les forces vives dans un dialogue constructif en vue de rassurer davantage sur les futures élections. Il s’agit, par exemple, de familiariser davantage les partis politiques et la société civile sur les missions de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE). De la Cour constitutionnelle et du ministère de l’Administration territoriale. Ces rencontres vont, à coup sûr, renforcer la décrispation du climat politique et consolider l’apaisement et la cohésion sociale.
Présence effective de l’Etat
Par ailleurs, il urge que le gouvernement travaille à renforcer la présence de l’administration sur l’ensemble du territoire national. Cela, après avoir poussé d’un cran le degré de sécurisation des populations, donc des potentiels électeurs. Car, c’est un élément déterminant pour parler d’élections transparentes. Puisque, nul n’ignore le défi des bourrages d’urnes dans certaines localités où l’insécurité limite même les activités des populations.
En définitive, le président de la Transition peut même, lors d’une prochaine adresse à la Nation, annoncer des décisions visant à assainir le climat sociopolitique national, rassurer les partenaires du pays sur la volonté inébranlable d’aller aux urnes pour couronner cette Transition, dans l’intérêt exclusif du peuple.
Bourama SYLLA
mali24
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