Transition et crise énergétique : Priorité aux intérêts stratégiques du peuple

Les bisbilles politiico-idéologiques entre dirigeants ne doivent pas impacter négativement sur les partenariats économiques entre Etats. Ce principe doit guider le Mali d’Assimi Goïta à renégocier son contrat d’approvisionnement en énergie électrique provenant de la Côte d’Ivoire d’Alassane Ouattara.

La crise du courant électrique est apparaît comme un échec cuisant du gouvernement de transition. C’est au point qu’en deux semaines, le nouveau Premier ministre, le général de division Abdoulaye Maïga a fait deux passages, au pas de charge, à la société EDM-SA. Et, lors de son deuxième passage, le jeudi dernier, le chef du gouvernement a recueilli comme proposition prioritaire de règlement de ces graves délestages, le retour vers l’approvisionnement auprès de la Côte d’Ivoire. Et cette solution semble se heurter par certains à une réticence pour des motifs fallacieux relatifs à une fierté nationaliste non-pragmatique.

En effet, nul n’ignore que nous vivons dans un monde interdépendant et que les transactions commerciales dépassent les passions politiques ou les contingences idéologiques entre Etats.

Car, selon certaines sources, depuis plusieurs années, le Mali est importateur de l’énergie électrique produite en Côte d’Ivoire, qui la lui vend à 65 F le kilowattheure. Ceci, sur la base de conventions entre les deux pays, dont tout le monde connaît la proximité et l’excellent état des relations de coopération dans différents domaines. Ce partenariat gagnant-gagnant s’est renforcé avec le projet d’interconnexion, qui a vu les hautes autorités du Mali et de a Côte d’Ivoire renforcer leur volonté commune d’aller à l’autosuffisance énergétique. Ce qui a même permis de mettre sur pied une commission interministérielle pour l’exploitation des potentialités énergétiques des deux pays. Ce cadre partenarial faisait que même si le Mali avait des impayés en consommation du courant électrique, le pays de Félix Houphouët Boigny continuait de fournir le pays de Modibo Kéita en kilowatts…

C’est avec les événements d’août 2020, que les relations politiques entre la Côte d’Ivoire et le Mali se sont détériorées, suite à la rupture entre notre pays et la France. Et, puisque le président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara est considéré comme le protégé de la France néocoloniale et le défenseur des intérêts de Paris en Afrique de l’Ouest, le raccourci a été vite fait. Sans oublier qu’il y a eu des brouilles entre Bamako et Abidjan sur plusieurs dossiers… Ce qui a impacté sérieusement sur les relations entre nos deux pays si voisins, si liés par l’histoire, la géographie et la culture.

Or, nul n’ignore qu’un Etat n’a pas d’ami, mais seulement des intérêts à préserver. Et, pour le moment, tant que notre pays n’a pas une capacité suffisante en production d’énergie pour couvrir ses besoins, il faut qu’il se retourne vers son voisin, qui héberge, du reste, le plus gros contingent de sa diaspora. Depuis de longs mois, les populations souffrent, des entreprises fermées, les petits métiers broient du noir, alors que la Côte d’ivoire est disposée à reprendre ses fournitures d’énergie à un prix préférentiel, alors que la production domestique malienne insuffisante est à 220 F le kilowattheure.

Etant donné sans le courant électrique aucune activité économique ne peut prospérer, il urge que les plus hautes autorités et les responsables d’EDM-SA se décident à un pragmatisme salvateur pour sauver le  pays, de ces difficultés. Car, même si beaucoup d’entreprises, artisans et ménages parviennent à s’offrir des groupes électrogènes, la consommation de carburant est intenable. A titre d’exemple, certaines sociétés comme Fofy Industrie ont une facture de 600 000 F CFA de carburant par jour. Certaines industries frôlent le million de F CFA par jour en carburant pour le groupe électrogène. Ce qui constitue des surcoûts insupportables. Ces facteurs imprévus contraignent certaines sociétés à procéder à des licenciements économiques. Ce qui aggrave le chômage, la paupérisation de nombreuses couches de la population. Comme on le voit, aucune position politique ne doit empêcher les transactions commerciales du Mali en faveur de son peuple. Tant que les projets d’énergie renouvelable (le solaire, l’éolienne, etc) ne sont pas encore réalisés, le Mali doit privilégier les intérêts stratégiques de son peuple. Car, on ne gouverne que pour résoudre les problèmes des gouvernés. Le plus tôt sera le mieux !

Boubou SIDIBE/maliweb.net

Diasporaction.fr