Transition en zone de turbulences: Comment sauver le soldat Choguel ?

Sans l’ombre d’aucun doute, l’actuel chef du gouvernement aura été le Premier ministre le plus téméraire du Mali moderne.

Sur plusieurs fronts à la fois, le soldat peut-il être sauvé ?

Même s’il paraît excellent orateur, prêt à la réplique et à de belles envolées lyriques, Dr Choguel Maïga semble être un « bon Premier ministre d’un régime normal ».

Il aurait du mal à savoir que le pays est dans une situation d’exception, porté du bout des bras par l’assistance étrangère.

Le chef du gouvernement n’hésite pas à tacler le pays partenaire stratégique décisif qu’est la France, l’ancienne puissance colonisatrice, dont on peut dire toutes insuffisances, « mais dans un cadre diplomatique approprié ». Le soldat Choguel semble décidé à tirer à boulet rouge sur les « manœuvres françaises », certes relatant le ressenti d’une bonne frange de Maliens. Ce qui lui vaut aujourd’hui l’inimitié de Paris.

Or, la France apparaît dans un rôle d’allié de premier plan de la CEDEAO, qui vient de prononcer son diktat à Bamako : le respect du délai de la fin de la transition, soit février 2022. Un message que le chef du gouvernement ne veut pas entendre, même si l’on rapporte que le chef de l’Etat, plus discret veut « convaincre » les dirigeants de l’organisation ouest-africaine.

Le Colonel Assimi Goïta cherche, par des canaux diplomatiques appropriés, à négocier un réaménagement du délai de la transition pour tenir de la spécificité de la crise sécuritaire et sociopolitique malienne. C’est en ce moment que le locataire de la primature réaffirme sa volonté à foncer, tête baissée, pour tenir ses assises nationales de la refondation, censée, définir le chronogramme à suivre pour aller aux élections, au-delà de février 2022. Cette démarche, qui se concrétise avec la nomination de la commission d’organisation de ces assises, est analysée à Abuja, siège de la CEDEAO, comme un pied de nez, une manière de défier la CEDEAO. Ce qui a poussé les présidents burkinabé et nigériens à annoncer ce début de semaine qu’aucune raison ne saurait faire repousser les élections au Mali.

Comme on le voit, au moment où le Colonel Assimi Goïta se fait discret pour plaider une rallonge douce de la transition, le chef du gouvernement semble dans le mépris de la classe politique, qui reste majoritairement intransigeante sur le respect du délai prévu pour les élections. Ce qui peut conduit le chef de la Transition à vouloir sauver son pouvoir militaire à travers certaines concessions ou conditionnalités. Lesquelles ? Même s’il maintient aujourd’hui sa confiance à son Premier ministre, pourra-t-il ignorer d’éventuelles sirènes d’évincer le soldat Choguel ? Rien n’est évident, surtout que pour des …raisons d’Etat ou des raisons de stratégie militaire, tous les sacrifices sont possibles. Il faut désormais sauver le soldat Choguel !

Bruno D SEGBEDJI