L’intérim du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga (malade officiellement depuis le 13 août 2022) est désormais assuré par le Colonel Abdoulaye Maïga, a indiqué dimanche dernier (21 août 2022) un décret du président de la Transition lu à la télévision nationale (ORTM). C’est donc le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, porte-parole du gouvernement, qui est le chef de gouvernement intérimaire. Jusqu’à quand ?
Le 13 août dernier, la Cellule de communication de la Primature a publié sur son site que le Premier ministre Choguel Kokala Maïga a été mis en «repos forcé» par son médecin après 14 mois de travail sans répit. «Il reprendra ses activités la semaine prochaine (la semaine écoulée)», avait-elle alors assuré. Visiblement, il faudra patienter pour voir Dr Choguel Kokalla Maïga reprendre ses fonctions. C’est ainsi que nous interprétons la décision du président de la Transition de confier l’intérim au ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (porte-parole du gouvernement), Colonel Abdoulaye Maïga.
A l’annonce de la maladie du PM, des sources concordantes ont précisé qu’il a été victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC) et qu’il a été admis à la clinique Pasteur de Bamako. Une information qui n’a pas été officiellement confirmée par la suite. Mais, pour des observateurs, la désignation d’un intérimaire prouve que le Premier ministre n’est pas encore dans un état stable pour reprendre le travail.
Et le choix du Colonel Abdoulaye Maïga n’est pas fortuit. Protocolairement, c’est le Colonel Sadio Camara (ministre de la Défense et des Anciens combattants) qui suit le PM. Mais avec tous les dossiers qu’il a sur le bras pour la reconstruction de notre outil de défense, il lui aurait été très difficile de suivre deux fers au feu avec la même efficacité qu’il ne cesse de démontrer pour la montée en puissance des Forces armées maliennes (FAMa).
Les réformes politiques et institutionnelles, l’organisation du référendum sur la nouvelle constitution et des futures élections… occupent une place de choix dans le nouveau chronogramme soumis et accepté par la Cédéao. Cela impliquant surtout les forces vives, notamment la classe politique et la société civile, le choix du Colonel Maïga s’explique sans doute par le fait qu’il est déjà très impliqué et très imprégné de ce processus. Sans compter que depuis le début de la transition, il est aussi l’interlocuteur privilégié des acteurs impliqués dans le processus de la refondation.
Mais, jusqu’à quand cet intérim va durer ? C’est la question que beaucoup de nos concitoyens doivent se poser maintenant. L’idéal est qu’il soit le plus court possible. Est-ce que Choguel (à qui notre rédaction souhaite prompt rétablissement) pourra rapidement reprendre ce fauteuil pour lequel il s’est tant battu ? Rien n’est moins sûr. Indépendamment de la maladie, il était déjà sur la sellette.
Issu des rangs du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), à la base de la chute du régime de feu le président Ibrahim Boubacar Keïta le 18 août 2020, Dr Maïga (nommé Premier ministre le 7 juin 2021) fait face depuis plusieurs mois à des critiques de la part de ses anciens alliés. Ainsi, le 3 août dernier, une frange du mouvement a annoncé ne plus reconnaître «l’autorité du Comité stratégique du M5-RFP dirigé par Choguel Kokalla Maïga». Une défiance qui a amené de nombreux observateurs à dire que «ses jours sont comptés» à la Primature.
Tout comme il n’a jamais été en odeur de sainteté avec la classe politique, notamment l’ancienne majorité présidentielle, qui profite de chaque écart de langage de sa part pour exiger son départ. Ils sont nombreux ceux qui pensent (même en dehors de la classe politique) qu’il serait judicieux que cette phase critique de la transition politique soit conduite par un homme ou une femme «neutre» à la Primature. Une hypothèse qui écarte aussi la confirmation du Colonel Maïga dans ses nouvelles fonctions.
Moussa Bolly