TRAITEMENT DU DIABETE: L’insuline inaccessible à la moitié des patients dans le besoin

Environ 6% de la population mondiale, soit plus de 420 millions de personnes, vivent avec un diabète de type 1 ou de type 2.

L’accès à des soins et traitements appropriés n’est pas à la portée de tous les malades, notamment ceux des pays pauvres.

D’où l’importance de la campagne mondiale en faveur de l’accès universel à l’insuline. 

 

Le diabète est une pandémie ! Un facteur d’aggravation du Covid-19 qui a pourtant éclipsé toutes les autres crises sanitaires à l’échelle régionale ou mondiale. «En cas d’infection au Covid-19, les personnes atteintes de diabète ont plus de risques d’être atteintes par des formes graves de la maladie. La bonne prise en charge du diabète est donc primordiale pour prévenir les formes graves de la maladie», rappelle un spécialiste.

Le diabète, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), est l’un des 10 principales causes de mortalité dans le monde.

Et cela certainement parce que des dizaines de millions de patients ne peuvent pas se soigner ! D’où la nécessité de favoriser un accès universel à l’insuline.

Une quête qui est au cœur de la campagne «Global Diabetes Compact» lancée le 14 avril 2021 par l’OMS.

A cette occasion, les ONG «Santé Diabète», «Médecins Sans Frontières» (MSF) et «OTMeds» ont appelé la France et la communauté internationale à agir pour assurer un accès à l’insuline pour tous. 

Selon elles, «l’initiative de l’OMS est un pas dans la bonne direction.

Mais, elle doit être une opportunité pour aller au-delà des déclarations de principe et adopter des mesures concrètes.

Car cent ans après sa découverte l’insuline reste hors d’accès pour au moins la moitié des personnes qui en auraient besoin dans le monde».

L’insuline est un traitement vital pour des millions de personnes atteintes de diabète à travers le monde.

Ce nombre est en forte progression et les besoins en insuline humaine vont continuer à augmenter dans les prochaines années. 

La Fédération internationale du diabète estime que, d’ici 2045, le nombre de personnes atteintes de cette maladie chronique aura augmenté de 51%.  

Ce qui fait que l’accès à des traitements abordables est absolument crucial pour la survie des patients mais aussi un pré-requis pour permettre notamment aux pays en développement de définir et déployer des stratégies nationales.

Mais à ce jour, l’accès à ces traitements est loin d’être une réalité pour tous.

Les capacités de production mondiale restent concentrées entre les mains de trois producteurs : Sanofi, Novo Nordisk et Eli Lilly ! Ce qui empêche toute compétition et entraîne des répercussions sur l’approvisionnement et les prix de l’insuline dans les pays en développement.

Et même certains pays riches comme les Etats-Unis ne sont pas épargnés. 

Au Mali, le prix d’un flacon d’insuline avoisine les 7 euros (près de 4591,70 F CFA) alors que le salaire minimum dépasse à peine les 50 euros, soit près de 32797,85 F CFA. Une étude menée dans le pays a montré qu’une année d’approvisionnement en insuline absorbait plus 17 % des revenus d’une famille.  

Pour l’ONG «Santé Diabète», «ces prix élevés représentent un obstacle majeur à l’accès à l’insuline. Ceci est d’autant plus inacceptable que les prix de production sont estimés à moins de 72 dollars par an et par personne.

Cela est d’autant plus paradoxal que les inventeurs de l’insuline en avaient cédé les brevets pour un dollar symbolique en 1923».

L’obstacle du prix s’ajoute à d’autres contraintes que les  ONG constatent lors de la prise en charge de patients sur le terrain, comme l’accès aux meilleurs outils d’administration (seringue, stylos…), ainsi que le besoin de conserver l’insuline à une température comprise entre 2 et 8 degrés comme le recommande une récente étude co-menée par MSF.

Pour les ONG «Santé Diabète», «Médecins Sans Frontières» (MSF) et «OTMeds», il faut la transparence sur les prix de vente, les marges des intermédiaires et les coûts réels de production pour rééquilibrer le marché de l’insuline et permettre l’accès de tous à ces traitements… L’urgence de mettre en place de telles mesures a été reconnue par les Etats membres de l’OMS dans le cadre de la résolution sur la transparence sur les marchés pharmaceutiques adoptée par l’Assemblée mondiale de la santé en mai 2019.

La campagne en cours vise ainsi à appuyer l’augmentation du nombre de laboratoires produisant une insuline de qualité dans les régions en soutenant plus fortement les initiatives de production locale, notamment à travers le programme de préqualification de l’OMS sur l’insuline humaine.

Hamady Tamba