En effet au moment où les armes se taisaient sur les bords de la lagune Ebrié, des esprits malins se préparent à rallumer le front Nord-Mali en y envoyant des milliers d’armes de guerre pour massacrer des civils innocents. Récemment trois quidams, tous ressortissants du Nord Mali ont été pris la main dans le sac à Abidjan, ils étaient en possession d’armes de guerre de types Kalachnikov, rachetées à l’ex-rébellion et ex-miliciens pro Gbagbo, pour servir dans une énième rébellion du Nord Mali.
Selon le chef du gang, plus d’une centaine d’armes sont déjà arrivées à destination. L’objectif, selon lui, est de ravitailler des éléments qui seraient déjà prêts sur le terrain, pour entrer en rébellion contre l’armée Malienne. Pour quelle raison ? On n’en sait pas grand chose pour le moment. Mais les trois personnes arrêtées par les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) et mises à la disposition de la justice seraient, selon une confidence, sur le point d’être libérées par une main obscure. L’affaire fait des vagues à Abidjan et dans les milieux diplomatiques au Mali.
De quoi s’agit-il ?
Le 20 Août dernier, les éléments de la garnison FRCI du sous quartier « Niangon Continu » de Yopougon, en exploitant une information sur un réseau de trafiquants d’armes de guerre vers le Mali, interpellent les nommés Moustapha Aly Cissé, chef de la bande (24 ans), originaire du village de Goni, dans le cercle de Gao. Il réside au Mali où il est éleveur ; Guimbala Cissé et Almoussa Ali Dicko, tous ressortissants de Goni. Moustapha qui constitue la véritable courroie de transmission entre les commanditaires et le réseau d’Abidjan est récemment arrivé du Mali avec une forte somme et c’est lui qui paye les armes et les confie aux deux autres. Après leur arrestation, ce dernier a affirmé devant témoin qu’ils ont des acolytes dans la commune d’Abobo et de Treichville.
Des recherches effectuées plus tard dans ces communes se sont avérées infructueuses. Alerté par les militaires du quartier, un responsable de la communauté Malienne de Yopougon informe les autorités consulaires et diplomatiques. Une descente musclée est diligentée au domicile des trafiquants ce qui permettra de mettre la main sur cinq kalachnikovs avec chargeurs et munitions, emballées dans un matelas. Quelques jours après leur arrestation, la boutique appartenant à un des trafiquants arrêtés a été nuitamment pillée par des inconnus et toutes les marchandises emportées. Le lendemain, selon des témoins, trois hommes accompagnés d’un huissier arrivent sur les lieux et font un constat dans la boutique pillée. Entre temps les malfrats sont remis à la Gendarmerie pour la procédure d’enquête. Déférés au parquet et écroués à la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan (MACA), les trois trafiquants devraient être jugés en début du mois de Septembre.
Coup de théâtre
Le 02 Septembre 2011, ces mêmes hommes approchent les gendarmes avec un document signé par un procureur du parquet d’Abidjan dans le but de libérer les détenus. Ceux- ci leur font savoir qu’il appartenait à la justice et à elle seule de les libérer où de les inculper. Aux dernières nouvelles, ces commanditaires tapis dans l’ombre, seraient à l’affût, et prêts à tout pour faire libérer les détenus et étouffer définitivement cette affaire. L’arrestation de ces trois trafiquants, selon un ancien de la communauté, n’est que la face visible de l’iceberg. Car selon lui, l’envoi au Nord Mali d’armes de guerre ne date pas d’aujourd’hui. « Depuis le début des années 90, la rébellion du Nord Mali se ravitaille en armes et munitions, acheminés à partir d’Abidjan. Et je peux l’affirmer les vrais chefs de ces bandes organisées qui alimentent cette rébellion sont aussi bien présents au Mali qu’à Abidjan », nous dit le doyen M.S. qui a requis l’anonymat.
L’affaire fait beaucoup de bruits au sein de notre communauté à Abidjan. Dans les salons feutrés et les marchés, les supputations vont bon train. La suspicion est de mise, certains responsables d’associations du Nord seraient indexés. Ils sont nombreux nos compatriotes qui voient ce trafic d’armes comme une manœuvre de subversion dont le seul but serait de perturber les prochaines élections de 2012 au Mali. C’est pourquoi, la menace mérite d’être prise au sérieux par le gouvernement malien qui, s’il le faut, doit dépêcher un émissaire à Abidjan pour aider les autorités ivoiriennes à mettre fin à ce trafic d’armes qui menace la stabilité de notre pays.
De Gildas
Correspondant du Républicain à Abidjan
Le Républicain 06/09/2011