Des champs d’arachide et de maïs ! C’est ce qu’on voit le plus présentement au flanc des montagnes à Lassa (sur les hauteurs de la Commune IV du district de Bamako). Et ce jeudi 25 juillet 2019, bien installé dans ma «Tour», j’avais tout le loisir d’admirer Bamako, la capitale verdoyante, et ces champs. Et aussitôt, mon regard fut frappé par un contraste : Entre plusieurs parcelles abandonnées, se distinguaient deux champs (un de maïs et l’autre d’arachide) magnifiquement entretenus.
Cette image contrastée illustre merveilleusement les difficultés auxquelles se heurte l’émergence socio-économique de notre pays. Il faut beaucoup de courage et d’abnégation pour entretenir un champ, surtout sur le flanc d’une montagne. La preuve est que beaucoup ont préféré abandonner leurs parcelles que d’affronter les mauvaises herbes qui les envahissent.
Ainsi, ce pays ne manque pas de citoyens courageux et consciencieux toujours animés de cette farouche volonté de gagner leur pain à la sueur de leur front. Malheureusement, ce cercle est de plus en plus restreint car se vidant au profit de celui qui réunit les vautours, les crocodiles…
Bref, tous ces poids morts pour qui l’Etat est une vache laitière qu’il faut traire jusqu’au sang. Plus nombreux, ils fragilisent chaque jour davantage les fondations posées par ces bras valides comme tremplin de l’émergence socioéconomique du Mali.
Ces champs abandonnés aux mauvaises herbes ne sont pas sans nous rappeler aussi le drame des zones rurales qui se vident de leurs bras valides au profit de la capitale et d’autres centres urbains voire des zones d’orpaillage. Cela brise le cœur de voir des gaillards se promener avec des poignées de marchandises dont le prix de vente total ne peut pas nourrir leur appétit vorace à plus forte raison les maigres bénéfices réalisés.
Et pourtant, ils sont là. Ne pouvant pas retourner au village les mains vides, au risque de se couvrir de honte, ils sont nombreux à venir en saison sèche et peu au retour pour l’hivernage. Ce cercle de désœuvrés ne cesse malheureusement de grossir. Une bande de fainéants qui passent tout son temps à engrosser les petites villageoises en brisant leur vie et qui, tôt ou tard, bifurquent sur le mauvais chemin (délinquants, des escrocs, des drogués, des voleurs…).
Pendant ce temps, les villages se vident de leurs bras valides qui viennent contribuer à l’expansion galopante de la capitale. Et le prétexte le plus souvent inventé est que «la terre ne nourrit plus son homme» de moins en moins productive. Et ceux qui ont encore un bout de conscience font tout pour envoyer une somme d’argent fixée préalablement pour compenser leur absence lors des travaux champêtres.
Des jeunes sont accrochés au mirage dans la capitale et dans d’autres centres urbains alors que leurs pauvres parents triment encore pour ne pas mourir de faim.
Certes, il revient aux décideurs de créer les conditions pour retenir les jeunes ruraux chez eux. Mais, avec un peu plus de bonne volonté, beaucoup pouvaient mieux vivre au village qu’en ville. Aujourd’hui, elles sont par exemple nombreux les femmes et les jeunes qui s’épanouissent économiquement et socialement grâce aux activités génératrices de revenus entreprises en coopérative ou en association.
C’est en tout cas la meilleure alternative en attendant que les pouvoirs publics prennent cette situation à bras le corps en élaborant et en mettant en œuvre une «véritable politique» d’emplois ruraux. Ce qui n’est certainement pas pour demain !
Hamady Tamba