La menace terroriste est de plus en plus ingérable dans la région de Tombouctou et les différentes attaques ayant visé l’aéroport sont de véritables signes de désespoir pour les populations.
L’insécurité sur les axes routiers de la région et les attaques armées en plein centre-ville ont mis à nu les dysfonctionnements au niveau de la sécurité. Ces attaques armées témoignent également du manque de collaboration entre les forces en présence : FAMa, Minusma, Barkhane et les groupes signataires.
Notre séjour dans la 6e région nous a permis de suivre les faits et gestes de ces forces. Censées travailler en symbiose, elles sont plutôt engagées dans des missions solitaires. Conséquence : une bonne partie de la région échappe au contrôle des différentes forces, ce qui donne lieu à un véritable trafic en tous genres : armes, animaux, véhicules, entre autres.
Les FAMa à l’index
A Tombouctou ville par exemple, les FAMa sont présentes mais avec une marge de manœuvre limitée. Elles travaillent dans un périmètre presque réduit et qui ne pourra garantir un véritable maillage du vaste territoire.
Première difficulté : l’accord signé en 2015 est passé par là, il encadre l’activité sécuritaire. Le cessez-le-feu en a rajouté à la confusion visible sur le terrain. Attaquées à plusieurs reprises dans ses différentes positions (route de Goundam, entrée de la ville par le fleuve Niger et la zone nord de la Cité des 333 Saints), les FAMa sont pourtant fidèles au poste.
Cependant, les forces maliennes sont à l’image de toutes les forces qui convoitent la vieille cité et donnent un sentiment de lassitude qui inquiète les populations locales. « Nous sommes de plus en plus confus surtout du rôle mineur qu’on tente de confier à l’armée malienne dans la sécurité des personnes et de leurs biens. L’armée ne devait être comparée à aucune autre force, elle se doit d’être plutôt le garant de la sécurité communautaire », a laissé entendre un notable de Tombouctou.
D’autres voix demandent une redéfinition des missions de l’armée sur le terrain. Dans l’ensemble, à Tombouctou, on estime volontiers qu’elle porte plus la confiance que les autres entités.
« Les actes de banditismes récurrents que nous vivons ici sont révélateurs. L’urgence est de passer par le cantonnement et le désarmement de l’ensemble des groupes armés sur le terrain. La circulation incontrôlée des armes fait que la confusion règne », nous a confié un responsable communal sous le couvert de l’anonymat.
La Minusma en conquérante
Malgré les actes posés dans la sécurité, les FAMa font face à une certaine concurrence pour emprunter les mots d’un citoyen d’un village situé à 15 km de Tombouctou. La force onusienne est omniprésente dans la région et multiplie des activités de communication pour se rapprocher de la population. Ce samedi 5 août, nous avons rencontré une des unités dans le village de Homboubomo lors de la foire hebdomadaire.
Curieusement : les éléments de l’armée malienne qui faisaient offices de guide aux policiers de la Minusma ne maitrisent rien de la localité. Ici, un petit pont sert de traversée, l’unique du cercle de Tombouctou sur le fleuve Niger. Dans cette activité, la police des Nations unies joue à la proximité pour des populations venues de plusieurs villages.
Une telle démarche a le mérite de gagner la confiance des populations qui ont souvent le sentiment d’être abandonnées par l’Etat et les FAMa, notamment la gendarmerie et la police.
Plus en alerte, la composante suédoise de la mission onusienne mène des patrouilles régulières dans les alentours. Elle tente de réconforter les riverains. Une action qui a de nos jours l’onction des populations coupées de la ville de Tombouctou.
Pour sa part, Barkhane, confinée à l’aéroport, sa mission est de plus en plus mal cernée. « Si les forces françaises passent dans votre village, les jours qui suivent, vous aurez affaire avec les terroristes qui vous menacent. Elles ne sont pas discrètes, en plus, elles doivent protéger les civils et les témoins au lieu de traquer seulement des terroristes qu’elles rencontrent tous les jours sans le savoir ou par complaisance », a déclaré amer un chef de fraction.
A Tombouctou, Barkhane n’a pas trop la cote, elle est perçue comme une force d’occupation spécialisée dans les essais de tirs. L’urgence, c’est aussi le renforcement la collaboration entre les forces en particulier : FAMa, Minusma et Barkhane.
Alpha Mahamane Cissé depuis Tombouctou
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