Retour sur l’ignoble événement. Il est environ 9 heures, le jeudi 14 février, quand un pick-up, avec à son bord plusieurs hommes en armes, stoppe devant la boutique du vieux Ali Ould Mohamed Kabadi. Ils sont enturbannés, sauf un. Il force le vieil homme à monter à l’arrière du véhicule. A l’angle de la concession, un jeune homme, en l’occurrence Mouloud Fascoye, accourt et dit aux malfrats «cet homme ne fait pas partie de nos ennemis». Très rapidement, Mouloud Fascoye est arrêté et jeté, lui aussi, à l’arrière de la voiture.
Le neveu du vieux Ali Oul Mohamed Kabadi, un mineur de 8 ans, qui suit la scène, est lui aussi arrêté. Mais un de ces criminels dit en bamanan «aw ya bila» (laissez-le). Le véhicule démarre en trombe pour une destination inconnue. Plus tard, ont affirmé nos interlocuteurs, on apprendra que trois autres Arabes ont été arrêtés.
Dans cette même journée du 14 février 2013, vers 14 heures, toujours selon nos informations, un homme s’est sur une moto Jakarta de couleur verte. Il a forcé la porte principale puis celle du magasin. Quelques minutes plus tard, il est ressorti avec un sac. Arrivés sur les lieux dans l’après-midi, un voisin d’Ali Ould Mohamed Kabadi et plusieurs autres personnes ont constaté que le coffre, contenant une forte somme d’argent, avait été cassé et son contenu emporté.
Interloqué par cette situation, nous nous sommes rendus au Camp militaire de Tombouctou pour en savoir plus. Lors de notre entretien avec le Capitaine Samba Coulibaly de la DIRPA, celui-ci nous a affirmé «tous les services de la Gendarmerie, jusqu’au plus haut niveau, ont été saisis de cette affaire» et «toute personne qui sera mêlée à ce rapt sera remise à la justice». Sans omettre d’ajouter «ces personnes ne sont pas détenues à notre niveau». Toute chose qui porte à croire que ce sont bien des porteurs d’uniforme ont perpétré cette sale besogne. Sont-ils allés plus loin que l’enlèvement et le vol dans la boutique de l’Arabe? C’est-à-dire jusqu’à tuer les cinq personnes «Les enquêtes sont en cours pour situer cela», nous a-t-on affirmé du côté des Gendarmes.
Après l’annonce, à grand renfort médiatique, du rappel de quelques militaires «impliqués dans cette affaire» à Bamako, plusieurs habitants de la Cité des 333 Saints se sont indignés. «Nous sommes inquiets, car un acte qui se pose à Tombouctou doit être réglé par les compétences de Tombouctou. Il y a des Gendarmes compétents ici, qui peuvent bien mener des enquêtes de façon claire», a soutenu l’un d’eux.
Contacté par nos soins, samedi dernier, le Directeur de la DIRPA, le Lieutenant Colonel Souleymane Maïga, nous a expliqué que «les militaires sont gardés à vue au niveau de la Gendarmerie, pour situer leur niveau d’implication et de responsabilité individuelle».
A suivre.
Paul Mben
Le 22 Septembre 2013-03-04 00:29:24