Signer un Accord est une chose, l’appliquer concrètement sur le terrain en est une autre. Aussi, pour faire efficacement face aux défis sécuritaires et aux nouvelles menaces qui se profilent, les autorités compétentes seraient bien inspirées de doter diligemment l’armée malienne de moyens adéquats. En langage militaire, ne dit-on pas «un homme, une mission, des moyens»? Un avant-goût de ces difficultés ne nous est-il pas donné par une recrudescence des attaques des groupes armés, avec en tête le MNLA?
Des attaques qui s’apparentent de plus en plus au pur banditisme. Sans compter les bandits de grand chemin, qui profitent de la chienlit qu’on veut nous imposer pour s’adonner à cœur joie à leurs activités favorites: dépouiller d’honnêtes citoyens de leurs biens en n’hésitant à les tuer au cas où ils résistent.
Pour endiguer ces menaces, rien de tel qu’un Etat fort et une armée forte. Une armée forte suppose, naturellement, que la discipline est la règle d’or, mais aussi que les éléments sont bien formés et, surtout, dotés de matériels de guerre performants. L’un des meilleurs moyens pour traquer les bandits armés dans le désert n’est autre que l’hélicoptère de combat. Mais qu’il soit clairement dit qu’il ne s’agit pas de se jeter sur la première vieillerie française rencontrée. Ces temps-ci, on parle beaucoup d’hélicoptères Gazelle français ou franco-britanniques.
Au plan symbolique, les gazelles sont faites pour être la proie des fauves. Plus sérieusement, il semblerait que l’hélicoptère ne manque pas de performances, mais compte un talon d’Achille, la légèreté de son blindage. Le principal problème résidera, toutefois, dans l’état des Gazelle qu’on voudra nous refourguer, car ils nécessiteront qu’on les retape pour qu’ils soient en état de marche.
S’il faut équiper l’armée de moyens aériens, il faut que ce soit du solide et non du replâtrage. Notre amie, la France, nous a certes, sauvés des griffes des narco-jihadistes, en stoppant leur avancée à Konnan. Ce geste «amical» vaut bien un renvoi d’ascenseur, mais pas à n’importe quel prix. On peut dire prosaïquement que le Président Hollande est venu au Mali, en sapeur-pompier, éteindre le feu allumé par le pyromane Sarkozy, le principal auteur de la déstabilisation de la Libye et, ipso facto, du Mali.
Le Mali est peut être à terre, mais ses dirigeants doivent se faire forts de le relever, de se remuer sous le joug. Sous peine de le condamner à rester éternellement à terre. Ils doivent triturer leurs méninges et se ceindre les reins pour trouver des moyens intelligents de rétorsion, car il en existe toujours. La stratégie du plus grand stratège du monde comporte toujours des failles. Il s’agit de les chercher et de les exploiter. Il ne s’agit nullement d’une confrontation, mais d’une stratégie de contournement.
On ne parlera jamais assez de l’interdépendance des Nations. Nous sommes en pleine mondialisation. Le minimum qu’on puisse entreprendre pour équiper l’armée malienne, c’est de faire «marché» avec les meilleurs marchands d’armements, pour choisir le matériel qui nous arrangera réellement.
Yaya Sidibé
Source: Le 22 Septembre 14/05/015