L’on pourrait pencher pour la première hypothèse, car si jamais Kim Jong Un franchissait le Rubicon dans son dessein d’entreprendre une attaque nucléaire contre les Etats-Unis, c’est la Corée du Nord qui serait rayée de la carte, réduite en cendres par le feu nucléaire. Quel dirigeant normalement constitué souhaiterait un tel sort pour son peuple? Mais les guerres, filles de la folie humaine, naissant de l’irrationnel et souvent de problèmes d’ego, sait-on jamais?
Il suffit souvent d’un incident mineur pour enclencher des dérapages aux conséquences imprévisibles et il est quasiment sûr que les effets d’une 3ème mondiale – que Dieu nous en préserve – ne se limiteraient pas à la seule péninsule coréenne, car si l’on sait comment une guerre commence, on ne sait jamais comment elle se termine. Il ne faut pas que l’instinct suicidaire du leader nord-coréen entraine la planète entière dans une spirale d’affrontements.
Partant de ce constat et du principe d’interdépendance entre les nations, tout le monde doit en faire son affaire. A commencer par les Etats-Unis d’Amérique, la Chine et la Russie, car la situation que nous vivons n’est qu’un avatar de l’ère de la guerre froide. L’équation nord-coréenne ne doit pas être résolue seulement à coups de sanctions économiques, qui ne feraient qu’asphyxier le peuple nord-coréen et amener le pays des matins calmes à réagir avec l’énergie du désespoir.
Si la Corée du Sud s’en est sortie au lendemain de la guerre des deux Corées (juin 1950 – juillet 1953) c’est grâce à un plan Marshall américain, décliné en un formidable appui financier, dépassant 135 milliards de dollars, couplé à des transferts massifs de technologies. La Corée du Nord, par contre, n’a pas connu pareille fortune, et a été constamment en butte à d’indicibles problèmes socioéconomiques, avec une économie rendue exsangue du fait, en partie, des blocus américains et de sévères épisodes de famine. Elle a fini par toucher le fond.
Voilà qu’elle fait planer au-dessus de la terre le spectre d’une catastrophe thermonucléaire aux effets plus dévastateurs que la deuxième guerre mondiale, qui a fait une cinquantaine de millions de victimes. Un petit rappel s’impose. «Little boy», la bombe atomique qui a été larguée sur ordre de Truman sur la ville japonaise d’Hiroshima, le 6 août 1945, a fait plus de 140 000 morts, du fait du triple effet thermique, de souffle et des rayons gamma. Ceux qui ont eu la malchance de se trouver sous le noyau de la bombe ont été carbonisés en une fraction de seconde, la température y faisant un million de degrés.
Dire qu’aujourd’hui, à cause de la course aux armements, il y a des missiles balistiques intercontinentaux capables de parcourir 7 000 km en 28 minutes, dont le pouvoir de destruction dépasse de 5 000 fois celui de la bombe d’Hiroshima! Et dire que, selon une récente évaluation, la terre abrite aujourd’hui 20 500 missiles balistiques, dont 1 600 en alerte permanente. Autant dire que notre planète n’est rien de moins qu’une poudrière prête à sauter à tout moment. C’est la destruction mutuelle assurée avec ces armes dont chacune peut anéantir, en un rien de temps, des millions d’êtres humains.
A supposer même que tous les hommes ne disparaissent pas, une catastrophe nucléaire signifierait un prodigieux bond en arrière, avec à la clé une «junglisation» des relations internationales et des relations interpersonnelles, les plus forts et les plus habiles dévorant les plus faibles. Cela pourrait même signifier l’apparition d’êtres mutants sous l’effet des rayons gamma comme dans les films et les romans d’horreur. La réalité pourrait dépasser la fiction, au grand dam du genre humain.
C’est pour toutes ces raisons que tous doivent s’investir dans la recherche de solutions idoines à cet épineux problème. Laisser la Corée du Nord à ses problèmes et la regarder, les bras croisés, quasiment en voyeurs, ne sera pas la meilleure attitude à adopter. Après tout, les Nord-Coréens ne sont pas des êtres venus d’autres planètes, comme Mars, mais bien doués de raison, d’intelligence et de sentiments.
Comme l’a relevé le poète, un homme qui a faim n’est pas un ours qui danse. L’idéal serait, sur le moyen terme, de travailler véritablement à la réunification des deux Corées, comme on l’a si heureusement vu avec l’Allemagne, puisque les conditions historiques qui ont conduit à cette aberration n’existent plus, en tout cas pas sous la forme de la guerre froide. En attendant il urge de trouver les voies et moyens de désamorcer cette bombe qui menace toute la planète. Même les pays éloignés du théâtre des opérations pourraient en avoir pour leur compte, à cause des poussières radioactives qui peuvent être transportées sur des milliers de kilomètres.
Yaya Sidibé
Le 22 Septembre 2013-04-15 20:40:35