Dans un communiqué vendredi, la direction des relations publiques de l’armée (Dirpa) a annoncé la mort de cinq soldats maliens entre les localités d’Ansongo et d’Indelimane, par l’explosion d’une mine au passage de leurs deux véhicules. Selon d’autres sources, le mode opératoire est celui du jihadiste qui a infiltré les troupes dans la région et vient de perpétrer 3 attentats meurtriers à moins de 4 semaines.
Plusieurs experts sont formels : les jihadistes reprennent du poil de la bête par endroits. En tout cas, ils se réorganisent de plus de plus. Et même s’ils ne peuvent plus pour le moment contrôler des villes comme par le passé, la guerre asymétrique qu’ils mènent demeure une redoutable stratégie.
Au cours des trente derniers jours, des attaques contre les forces françaises, onusiennes et maliennes ont fait au total une vingtaine de morts dont 5 vendredi dernier dans un nouvel attentat entre les localités d’Ansongo et d’Indelimane.
Selon RFI, peu avant l’attaque ce vendredi, un journaliste malien travaillant dans le Nord du pays a vu passer dans la région de Gao les deux véhicules de l’armée malienne. A bord, des soldats qui escortaient un autre gros véhicule chargé de carburant.
La suite, un grand bruit, celui de l’explosion d’au moins une mine, suivi automatiquement d’une embuscade. Des coups de feu sont tirés. Le bilan encore provisoire fait état de cinq militaires maliens tués et quatre blessés.
Toujours des complicités au sein de l’armée
Selon une source militaire étrangère sur le terrain évoquée par RFI, avant l’explosion, un autre véhicule, celui-là civil, avait emprunté le même tronçon sans problème. Ce qui accrédite la thèse selon laquelle c’est l’armée malienne qui était visée.
Ensuite, le mode d’opération, l’explosion d’une mine puis une embuscade, est quasiment le même que celui récemment utilisé contre les soldats tchadiens de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma). Ce qui fait penser à une attaque jihadiste, même si pour le moment, il n’y a aucune revendication.
En un mois, dans le Nord du Mali, les jihadistes ont utilisé la même stratégie pour s’attaquer à la coalition armée qu’ils ont en face. Il y a deux semaines, le colonel Salif Baba Daou, commandant adjoint de la région malienne de Gao, a été victime d’une double attaque : son véhicule a d’abord sauté sur une mine, ensuite des terroristes ont ouvert le feu sur lui.
Des militaires présents à Gao nous ont confirmé leur soupçon sur des éléments de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) qui travaillent avec l’armée et qui étaient présents au moment du départ du colonel Daou, tombé dans un guet-apens alors qu’il avait changé à la dernière minute l’heure de son départ ainsi que son itinéraire. Quelques jours plus tard, le mercredi 18 en fin d’après-midi, un convoi de la Minusma est tombé dans une embuscade. Le véhicule de tête a d’abord explosé en passant sur une mine, créant beaucoup de poussière.
« Ça a été le signal pour les jihadistes pour ouvrir le feu. Les soldats tchadiens ont été surpris par l’explosion. Le convoi étant long, les Tchadiens étaient dispersés tout au long de ce dernier pour en assurer la protection », révèle une source bien informée. L’attaque s’est déroulée sur un terrain plat, le convoi a essuyé le feu nourri de plusieurs assaillants positionnés de part et d’autre de la route. Cinq casques bleus tchadiens sont morts.
« L’attaque a été faite grâce à des complicités. Des gens proches de nous ont communiqué nos positions, notre itinéraire. Ça, c’est très clair », a estimé une source militaire africaine au sein de la force de l’ONU.
Des enquêtes sont en cours pour démasquer les taupes dont certaines reçoivent jusqu’à 5000 euros par mois pour les informations sur les mouvements des forces régulières au nord. Tout cela rend encore plus compliquée la lutte contre les terroristes.
A. M. C.
Source:L’Indicateur Du Renouveau 30/05/2016.