Justifiant les derniers rapts opérés au Mali, Aqmi indique dans son communiqué : « la prise en otage de deux Français, ainsi que celle de trois Européens constituent une réponse aux agressions répétées dela Francecontre les musulmans des pays du Sahel et une réaction légitime face aux politiques permanentes et insensées de Sarkozy. De même que le Mali a été choisi sciemment en raison de l’implication du régime d’Amadou Toumani Touré dans une guerre contre les Moudjahidines souscrivant ainsi aux pressions exercées sur lui parla Franceet les Etats-Unis et dont nous citons : arrestation du Moujahid Mohamed Lamine Ould Mbala alias Mouâouiyya, livré au régime mauritanien traître, arrestation du Moujahid Abou Saïd Al Alzawadi, arrestation de notre frère Abou Younous Al Mali… ».
Concernant les trois Moudjahidines incarcérés au Mali, une source sécuritaire indique que deux d’entre eux sont de Bamako. En effet, natifs de deux quartiers populaires de la capitale, il y ont passé une enfance sans histoire. Mais, comme de nombreux jeunes maliens, ils ont été tentés par l’aventure. Le chemin choisi? L’Algérie. Finalement, les deux jeunes Bamakois échouent dans un camp de recrutement d’Aqmi. Notre source ne précise, cependant, pas comment cela est arrivé.
Endoctrinés, puis soumis à un intensif entraînement militaire, les deux Bamakois ont fini par prendre l’allure de vrais Moudjahidines avec de nouveaux noms et des barbes. Ils étaient alors fin prêts à intégrer une unité combattante des Salafistes. Ce qui aurait été fait sans problème majeur. Après quelques temps passer dans une des bases d’Aqmi, le duo bénéficia d’une petite permission d’absence pour visiter la famille à Bamako. C’est ainsi que les deux Moudjahidines débarquent dans la capitale. Mais, ils seront aussitôt pris en filature par les services de renseignements maliens. Il a fallu quelques jours pour convaincre les services de sécurité de l’appartenance des deux jeunes à la nébuleuse salafiste. Après avoir réuni suffisamment de preuves contre eux, la sécurité d’Etat passa à l’action. Et les deux néo Moudjahidines furent arrêtés à Bamako.
Dans la capitale, les deux jeunes avaient élu domicile dans les quartiers de Medina Coura pour l’un et Sabalibougou pour l’autre. Etaient-ils à Bamako pour de simples visites familiales ? Etaient-ils là pour préparer éventuellement des actes terroristes ? Comptaient- ils retournés dans le maquis d’Aqmi ? Autant de questions dont les réponses dépendent des enquêtes en cours. C’est la toute première fois que les services de sécurité procèdent à l’arrestation de combattants d’Aqmi issus du sud du pays. Jusqu’ici sur une bonne dizaine d’arrestations opérées par le Mali, il n’y avait dans le lot que des Maliens (du nord), des Algériens et des Mauritaniens.
L’arrestation de ces deux jeunes de Bamako prouve à suffisance l’étendue du réseau salafiste. En effet, selon des informations, la nébuleuse Aqmi compte aujourd’hui dans ses rangs des combattants originaires de tous les pays de la sous région : Algérie, Burkina Faso, Mali, Niger. Au-delà, ce sont des Soudanais, Tchadiens et Nigérians qui auraient regagné les rangs d’Aqmi.
CH Sylla
L’aube 16/12/2011