Près de 1 000 civils tués dans les régions de Gao et Ménaka depuis mars
Depuis près d’une année, les Groupes armés terroristes sèment la terreur et la désolation dans le nord-est de notre pays, notamment dans les zones de Ménaka et Ansongo (Gao). Le bilan est lourd avec des centaines de morts, les activités socioéconomiques en faillite et un nombre de plus en plus élevés de déplacés internes. Ce qui accentue naturellement la crise humanitaire dans notre pays.
«Depuis le début de l’année, des groupes armés alignés sur l’EIGS ont attaqué des dizaines de villages et massacré un grand nombre de civils dans les vastes régions du nord-est du Mali, Ménaka et Gao», a déploré Human Rights Watch (HRW) dans un rapport publié le 27 octobre 2022. «La situation difficile des déplacés à Ménaka doit interpeller les autorités et les ONG humanitaires», a aussi déclaré aux médias le maire de cette localité, Hamed Ag Oumar.
Entre mai et août, Human Rights Watch a mené des entretiens avec 30 témoins d’attaques survenues entre mars et juin contre 15 villages dans les régions de Ménaka et de Gao. Les témoins ont décrit des groupes d’hommes lourdement armés circulant à moto et dans d’autres véhicules autour de leurs villages, tirant de manière indiscriminée, exécutant sommairement des hommes et d’autres villageois, pillant et détruisant des biens… «Des dizaines de milliers de personnes qui ont perdu leur bétail, leurs moyens de subsistance et leurs objets de valeur ont fui ailleurs au Mali ou vers le Niger voisin», rapporte l’organisation. Selon HRW, des analystes de sécurité estiment que «l’EIGS contrôle désormais largement trois des quatre cercles administratifs de la région de Ménaka par le biais de divers groupes armés islamistes».
Des dirigeants communautaires ont déclaré à l’organisation que près de 1 000 civils ont été tués dans la région depuis le mois de mars. Un membre du comité d’enquête local a déclaré à Human Rights Watch qu’au moins 492 personnes avaient été tuées entre mars et juin dans la seule région de Gao. Toutefois, note-t-il, le nombre est beaucoup plus élevé puisque le comité n’a pas enquêté sur tous les lieux attaqués.
«Ils ont brûlé des maisons, pris nos animaux et nos céréales… Ils ont incendié tout ce qu’ils ne pouvaient pas emporter», a déclaré un chef de village qui a été témoin d’attaques contre la localité de Tamalate le 8 mars 2022. «Ils tirent sur tout. Ils se contentent de tuer, ils n’essayent pas d’interroger, ils ne parlent pas. Ils crient seulement : Dieu est grand (Allah Akbar) et c’est fini», rapporte également un enseignant témoin d’une attaque contre le village d’Intagoiyat en mars dernier.
«Les autorités maliennes devraient travailler en étroite collaboration avec l’ONU pour assurer une meilleure sécurité à la population dans le nord-est et dans d’autres zones du pays touchées par le conflit», souhaite Jehanne Henry, un responsable de HWR. «L’ONU et les autorités maliennes devraient améliorer les dispositifs de sécurité dans les zones menacées, s’engager davantage auprès des communautés locales et enquêter de manière impartiale sur tous les signalements d’abus graves».
Pour le moment, c’est une faction daoussahak du Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA-D) et le Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA) qui sont déployés sur le terrain pour faire échec au projet génocidaire de l’EIGS dans les régions de Ménaka et Gao. La Plateforme à laquelle appartiennent le MSA-D et GATIA a déploré le 1er novembre dernier la mort de 9 de ses combattants, 4 civils et 15 combattants de Daech lors d’affrontements meurtriers le lundi 31 octobre 2022 à Ahina, dans la commune d’Anchwadj. Ces groupes bénéficient du soutien aérien des FAMa qui bombardent fréquemment des colonnes de hors la loi en regroupement ou en mouvement.
La persistance de l’insécurité croissante et les opérations militaires continuent d’affecter les conditions de vie des populations déjà fragilisées par l’insuffisance d’accès aux services sociaux de base. Ces facteurs ont contribué à l’aggravation de la situation humanitaire, notamment dans la zone de Gao. La région enregistre près de 70 000 personnes déplacées internes et plus de 134 000 personnes en insécurité alimentaire, selon le Bureau des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA).
Le gouvernement et les organisations humanitaires ont constaté une augmentation de 17.816 des personnes déplacées intérieures (PDI) entre août et septembre 2022 à Tombouctou, Mopti, Kidal, Ménaka, Koulikoro, Gao et Bamako. La région de Mopti enregistre le plus grand nombre de PDI (200 491) au 30 septembre. Elle est suivie de Tombouctou (83 768) et Gao (58 308). Quant au nombre de rapatriés, il est passé de 84 806 personnes en août à 84 898 en septembre, soit une augmentation de 92 individus !
M.B