Le ministre et le procureur Samaké interpellés !
Décidément, le Mali est un pays étrange qui nous apprend, chaque jour, des choses sublimes et rocambolesques à telle enseigne qu’on se demande si le Malien est désormais un être sérieux. On doute parfois même qu’on est descendant des Tiéba et Babemba Traoré, des Askia Mohamed et Daoud, des Biton Coulibaly ou N’Golo Diarra, des El Hadj Oumar Tall et Soundiata Kéita, bâtisseurs de grands empires etc. Honnêtement, on doute même souvent si notre passé est réel, diffus dans un présent indéchiffrable, relais vers un avenir incertain. Oui, ce qui vient de se passer à Niamakoro Diallobougou dépasse l’entendement humain. Le chef d’orchestre de cette opération machiavélique n’est autre qu’un policier, tapis dans l’ombre, exerçant au Commissariat de police du 8ème Arrondissement, mais dont le comportement frise le banditisme, le vol à main armée, l’escroquerie et le braquage. Avis aux autorités …
Ibrahim Samaké, puisqu’il s’agit de lui, ne porte pas la tenue par amour pour le métier ou pour la patrie, mais pour arnaquer les gens selon toute vraisemblance. Il a sacrifié la fonction pourtant honorable et noble de policier. Il a sali l’honneur des porteurs d’uniforme, bafoué leur dignité. Et pourtant, on aime bien ce corps. Vive la Police !
Si l’on était dans un pays sérieux, Ibrahim Samaké serait déshabillé et traduit devant le conseil de discipline ou la justice parce que c’est un malfrat potentiel, un braqueur hors norme, un délinquant tout court.
Les faits
On est à Niamakoro Diallobougou. Le jeune Adama Sanogo se rue vers le domicile paternel au petit soir à sa descente de service quand un intrus lui intime l’ordre de s’arrêter. Face à son étonnement, ladite personne le fait tomber de sa moto Jakarta en le tirant par sa chemise. Au ton ferme de l’agresseur de laisser la moto, le jeune Adama Sanogo est resté abasourdi. Pour qui connait ce quartier populaire, les gens fusent de partout : c’est la débandade. Dans ce désordre ambiant, il traite le jeune Sanogo de « voleur » arguant que la moto qu’il tient est la sienne. Ce dernier ne panique pas, il sort son portable et appelle son père qu’il croise un loin dans la rue où se situe leur famille. Quant à l’agresseur, il contourne la voie et continue de le pourchasser comme dans un feuilleton digne de James Bond… Les populations reconnaissent Adama Sanogo et viennent à son secours. Face à une foule de plus en plus nombreuse et déchaînée, celui qui est finalement devenu un braqueur de moto exhibe une arme cachée par devers lui et fait des tirs de sommation. Par instinct, Konta, un sapeur – pompier qui habite le quartier sort de sa maison convaincu que ce bruit n’est pas ordinaire et cherche à en savoir davantage. Il intime l’ordre à Ibrahim Samaké l’agresseur et auteur de tirs nourris de déposer son arme. Face à son refus, les populations l’aident à le désarmer. C’est à cet instant précis qu’il a sorti sa carte professionnelle de police. Oui, un policier arnaqueur et voleur de moto. Le courageux sapeur – pompier a alors déchargé le pistolet avec l’aide de l’assistance avant l’arrivée des éléments du 10ème et du 11ème Arrondissement. On devrait décorer ce sapeur – pompier. Comment un policier peut-il opérer en plein jour et tenter de voler la moto d’autrui ? Pire, l’agent était accompagné d’un ami complice dont la présence n’avait autre but que de conduire la moto une fois l’opération terminée.
Pour le désormais policier Ibrahim Samaké, la moto du jeune Sanogo a été volé, sans aucune autre forme de procès. Où ? Pas d’explication. Quand le voleur crie ô voleur. Pour prouver sa bonne foi afin de battre en brèche les allégations mensongères du policier, Adama Sanogo indique qu’il a toutes les pièces de la moto et qu’il peut les montrer, y compris la vignette de l’année en cours sous la selle. « Niet », avertit le braqueur qui avait caché sa vraie identité. On aura compris qu’il voulait en tant que policier substituer la moto d’un honnête citoyen et remis à son complice pour déguerpir. Le policier indélicat a certainement eu la chance avec l’arrivée du sapeur – pompier Konta qui a présenté ses excuses à la population et a demandé pardon à ses connaissances sur place. Sinon, le quartier était mobilisé, la tension à son paroxysme devant une foule de plus en plus déchainée. Le jeune aussi a eu la vie sauve car en l’indexant comme voleur il pouvait être lynché par la foule.
Le sapeur – pompier dans la danse
Invité à l’improviste sur les lieux par ses propres initiatives, le sapeur – pompier répondant au nom de Konta, intervient et demande des explications au policier Samaké. Il n’a pas donné de réponses. Konta a demandé aux populations de se calmer, certains ont même dit avoir vu le complice du policier menottes aux mains. Avant l’arrivée du sapeur – pompier, il avait juré de tuer les personnes présentes si on ne lui laissait pas le passage. Et c’est par peur qu’il a décliné son identité en exhibant sa carte professionnelle de police. Quelle honte ! A la question du jeune pompier de savoir pourquoi il a posé un tel acte, bouche bée. C’est avec la présence concomitamment des commissariats du 10ème et du 11ème arrondissement sur les lieux que les populations se sont senties en sécurité. Mais la vraie question qui demeure lancinante est la suivante : pourquoi un policier peut racketter de la sorte sans être inquiété par ses supérieurs ? Il s’agit d’un policier irresponsable qui doit être puni avec la dernière rigueur. Certains vont jusqu’à dire que sa stature ressemble à un braqueur. Les auditions ont lieu au 10ème arrondissement, mais la commissaire Ami Diallo est laxiste, elle traîne les dossiers pour des intérêts inavoués.
Le policier est-il l’ami du ministre ?
C’est l’expression qui est palpable sur ses langues. Comme tel, il est en train de terroriser la famille du jeune Sanogo déterminé, qu’en tant que porteur d’uniforme, à donner une vraie leçon de policier à qui de droit. Alors, comment un policier déguisé en voleur peut commettre un tel acte sans que les autorités ne lèvent le petit doigt ? C’est la dérive autoritaire du pouvoir, un pouvoir sans loi, telle une République bananière. Le Mali est un pays insécurisé. Ceux qui doivent assurer notre sécurité sont les fossoyeurs de nos biens. S’il n’était pas l’ami du ministre, on aurait déjà fini de le déshabiller, pensent certains. Ce n’est pas tout, car il semble qu’il est aussi un parent au Procureur Samaké de la Commune VI, selon d’autres. Décidément les Samaké s’assemblent…
Les Samaké dans un trou noir ?
Notre surprise fut grande quand on a appris l’information. On a tenté d’appeler le procureur, le téléphone sonne, il ne décroche pas. Comme à son habitude, il relance les appels, mais pour cette fois, on a vite déchanté. Qu’à cela ne tienne, il porte le même nom de famille que notre respectable Procureur. Des témoins sont là et peuvent expliquer de long en large les agissements malveillants de ce policier. Le sapeur – pompier qui l’a désarmé n’est pas mort, il sait pourquoi il lui a retiré son pistolet au vu et su de tout le peuple de Niamakoro. C’est pour éviter qu’il n’ouvre le feu sur les paisibles populations pour ensuite prendre la poudre d’escampette car il criait à haute voix : « Je vais vous tuer » et les gens répondaient : « On est prêts pour la mort ».
Ce policier n’est pas au-dessus de la loi, encore moins son parent Procureur, s’il en est un. Il urge de dire la loi au nom du peuple malien qui en a tant besoin. Le Mali n’est pas le règne d’un clan, d’une famille ou d’un « grin ».
Le directeur et le ministre interpellés
Cette affaire pose la problématique de l’indiscipline des policiers. Mieux, il est le reflet d’un recrutement défectueux où l’enfant mal éduqué de la famille et incapable de tenir ses études qui est admis à la police aujourd’hui. Ce n’est plus par amour ou par patriotisme qu’on intègre ce corps. Le cas d’Ibrahim Samaké est symptomatique d’un corps en détresse, en difficulté et en déperdition, pourvu qu’on le mette sur ses jambes. Au lieu de faire son travail, Ibrahim Samaké s’adonne à des pratiques maffieuses, au vagabondage, à la forfaiture. Il doit mériter un jugement exemplaire et remis, pour besoin, à sa famille pour son éducation. Notre police nationale vaut mieux que ça. Je profite de l’occasion pour féliciter le Commissaire Ag du 7ème arrondissement pour son engagement, sa perspicacité, sa bravoure pour la sécurité de la commune VI. Nous y reviendrons.
Issiaka Sidibé
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