Avec détermination et sans peur aucune, ces femmes, enfants et compatissants se seraient dressés contre les hommes de Kati, pour dire non aux arrestations arbitraires. « Trop, c’est trop », disaient les jeunes enfants et leurs mères armés de bâtons et de pierres. Pendant presqu’une heure, ils ont barricadé la route qui passe devant le Camp tout en affrontant les policiers du Groupement mobile de Sécurité (GMS) qui n’ont pas hésité à jeter des gaz lacrymogènes. Cette tentative d’arrestation au sein de l’unité des bérets rouges ne fera qu’aggraver la situation qui n’est pas du tout reluisante. Qu’est-ce qui a motivé ces militaires à vouloir procéder à cette autre tentative d’arrestation au camp des commandos parachutistes de Bamako ? Au moment où les épouses et familles de cette corporation menacent de marcher nues pendant ce Ramadan, si elles ne n’ont pas de nouvelles des leurs, force est de reconnaitre que cet autre acte ne fait qu’aggraver la situation.
Il ne pouvait en être autrement quand on sait que depuis le 30 avril dernier, date du contre coup d’Etat qui a endeuillé la nation, beaucoup d’éléments de cette unité d’élite de l’armée sont détenus tandis que d’autres sont portés disparus, selon plusieurs rapports des organisations internationales de droits de l’homme comme Amnesty International. Plusieurs d’entre elles ont manifesté le 16 juillet dernier à Bamako pour exiger la vérité sur ce que sont devenus leurs maris.
Aussi cette énième arrestation ajoutée aux nombreuses frustrations de milliers de maliens, victimes directes ou indirectes des évènements des 22 mars et 30 avril derniers, n’est pas faite pour apaiser les esprits. Elle contribuera à coup sûr à allonger le temps de résolution de la crise alors que l’urgence est aujourd’hui aux consultations pour la mise en place du nouveau gouvernement d’union nationale. Ces arrestations à l’allure de règlements de compte pendant que la grande partie du pays est sous occupation, en proie à des islamistes idiots et sataniques, qui portent atteinte à des vies humaines sous prétexte d’imposer la charia dans un pays laïc de surcroît, est simplement incompréhensible et inadmissible. Aussi, à cet instant même où la tendance est à l’unité et au pardon et dont le président Dioncounda a lui-même donné le ton, allons nous décider d’enterrer la hache de guerre et reconstruire le pays, à commencer par mieux conduire la transition ? Avant toute reconquête des zones occupées, il faut nécessairement réconcilier l’armée avec elle-même. Ce qui passe par l’arrêt immédiat des interpellations, voire la libération des militaires détenus.
Binta Gadiaga
Le Republicain (03 Août 2012)