C’est son deuxième grand oral à la tribune de l’assemblée générale de l’ONU. Et cette année, il sera tout particulièrement scruté. Face à ses homologues du monde entier, mardi matin, François Hollande va tenter de faire entendre la voix de la France sur les dossiers chauds du moment. En premier lieu, bien sûr, la Syrie. Après avoir appelé, en vain, à des frappes contre Damas, avant de se retrouver écarté des négociations entre Russes et Américains sur le démantèlement de l’arsenal chimique de Bachar al-Assad, le chef de l’Etat va tenter de reprendre la main.
L’Elysée promet en effet un discours énergique : selon son entourage, il « délivrera un message ferme sur la nécessité de vérifier et de contrôler le processus de désarmement, mais il sera tout aussi déterminé sur la nécessité de trouver une solution politique » au conflit. François Hollande, qui a déjà tenté de rebondir la semaine dernière en se disant favorable à des livraisons d’armes à l’opposition syrienne « dans un cadre contrôlé », sera épaulé par Washington et Londres dans sa quête pour une résolution « aussi contraignante que possible » à l’encontre du régime de Damas. Mais face à l’intransigeance de la Russie, il pourrait être, encore une fois, contraint de mettre de l’eau dans son vin.
Première interview sur CNN
Sur le Mali en revanche, le président français devrait bomber le torse sans complexe. Le chef de l’Etat, qui évoquera le passage de relais à la Minusma, la force mise en place par l’ONU dans ce pays où la France compte encore plus de 3 000 soldats, avait cité la semaine dernière à Bamako l’engagement franco-africain au Mali comme un exemple réussi de mobilisation internationale anti-terroriste. L’occasion sera belle, dans l’enceinte de l’ONU, d’afficher à nouveau sa doctrine interventionniste. Il pourrait notamment le faire à propos de la Centrafrique, en proie au chaos depuis le renversement, en mars, du président François Bozizé par une coalition rebelle.
Mais ce ne sont pas là les seuls dossiers au menu de ce voyage express. L’hôte de l’Elysée doit en particulier s’entretenir mardi avec le nouveau maître de Téhéran, Hassan Rohani, pour tenter de le pousser à faire des gestes sur la Syrie et discuter nucléaire iranien. Une rencontre de ce type n’avait plus eu lieu depuis l’élection de Mahmoud Ahmadinejad en 2005. François Hollande devra également preuve de tact lors d’un entretien avec Evo Morales. Selon l’Elysée, il s’agira de « tourner la page » de « l’incident malheureux » de la fin juin, lorsque Paris avait interdit au président bolivien de survoler son espace aérien, en le soupçonnant à tort d’avoir embarqué Edward Snowden, l’Américain soupçonné d’espionnage. La journée sera décidément chargée : François Hollande doit également d’exprimer à 20 heures sur la chaîne américaine CNN.
La France lance un site pour « le contrôle citoyen » de l’aide humanitaire au Mali
La Croix- La France a mis en ligne mercredi 18 septembre un site participatif détaillant l’intégralité des projets d’aide au développement au Mali.
Pour la première fois, Maliens et Français pourront, en remplissant un formulaire en ligne ou par SMS, reporter toute anomalie concernant l’un des projets mis en place.
En mai 2013, quelques jours avant l’accord prévoyant un cessez-le-feu entre le gouvernement malien et le MNLA du 18 juin, la France s’engageait à fournir 280 millions d’euros pour aider le Mali à relancer son économie. La plate-forme transparence.ambafrance-ml.org propose depuis mercredi 18 septembre aux citoyens de contrôler la réalité et l’avancée de ces projets.
On retrouve sur le site la liste détaillée des projets d’aide au développement au Mali financés par la France, leur domaine d’intervention (aide humanitaire, éducation et culture, etc.), et leur budget, entre 39 millions d’euros et 110 000 €. Une carte interactive permet également de les localiser.
UNE INITIATIVE SALUÉE PAR LES ONG
Principale innovation et intérêt du site, il permet à n’importe quel Malien ou Français disposant d’informations concernant l’évolution des projets d’aide d’en faire part en remplissant un formulaire ou en envoyant un SMS au 73 01 32 32, l’objectif étant « d’améliorer la traçabilité et le contrôle citoyen de l’aide française au Mali », selon les créateurs.
« Ce site Internet est une première en France », a déclaré le ministre délégué au développement, Pascal Canfin. Une initiative saluée par les ONG d’aide au développement. « Beau défi contre la corruption », commente le président de l’ONG Human Rights Watch, Jean-Marie Fardeau, sur Twitter.
Philippe Mayol, chef du service Afrique au CCFD – Terre Solidaire, souligne que le lancement du site est « indéniablement une avancée en matière de transparence » et « qu’il ne s’agit pas simplement d’une opération de communication de la part du gouvernement ». « Il y a vraiment l’ambition de pouvoir critiquer, commenter » le déroulement des travaux au Mali.
LE « CONTRÔLE CITOYEN » PÈSERA-T-IL VRAIMENT?
Cependant, l’humanitaire s’interroge concernant la possibilité de « mettre à jour un tel dispositif ». Les projets de développement sont en effet amenés à évoluer en fonction des besoins de la situation. Philippe Mayol rappelle également « qu’un avis individuel n’a sans doute pas le même poids qu’une démarche collective ». Il se veut cependant optimiste et espère voir ce dispositif « s’étendre à d’autres pays ».
Pour Pascal Canfin, interviewé par 20 Minutes, « ce site sera un vrai succès s’il permet éventuellement de détecter un problème qu’on n’aurait pas détecté autrement, et également s’il y a une appropriation de la communauté, des bailleurs, des ONG… qui l’utiliseront et nous feront des retours de qualité ».
La France et le Mali se situent respectivement aux 22e et 105e rangs du classement des pays les moins corrompus délivré par l’ONG Transparency International en décembre 2012, sur 176 pays au total.
Jules Rouhling
2013-09-23