Le mardi 26 janvier 2016 marquera sans doute un tournant dans la communication gouvernementale. Le Premier ministre Modibo Keïta, a s’il en était besoin, assené la preuve, que le président Ibk avait mille raisons de le garder. L’homonyme du père de la Nation malienne, a brillé par son humilité, en assumant la faute de son gouvernement, et en acceptant de s’afficher pour demander pardon aux Maliens. Mais aussi en promettant des têtes à couper.
Il a démontré qu’il est tout le contraire du Mandé Mansa qui ne répond presque de rien et qui réagit aux interpellations les plus significatives du peuple, en soutenant ne pas être à la barre. « Halte à l’humiliation de notre peuple », s’était indigné le Parena et appelant le président à s’expliquer aux Maliens.
Le Mali, notre Maliba est privé de droit de vote à l’ONU, faute d’avoir payé sa cotisation pendant deux années d’affilé. On saura si l’explication donnée par le Premier ministre suffira au Parena, car c’est le président de la République qui a brigué le suffrage du peuple et qui a slogan « l’honneur du Mali »…
L’explication du Premier ministre
Modibo Kéita s’est expliqué en ayant le souci de préciser qu’il ne s’agissait nullement de justifier l’injustifiable, ou de défendre l’indéfendable. « Mon intervention n’a pas pour but de justifier, puisque l’attitude peu soucieuse de certains cadres, nous a conduits à cette extrémité… Je sais que le peuple du Mali est très fier, très pointilleux sur son honneur et sa dignité.
Tout ce qui peut écorner cette image de marque doit nous interpeller, et le gouvernement est effectivement interpellé. Permettez-moi de vous présenter les excuses du gouvernement à ce peuple si fier et si jaloux de son honneur. Qu’est ce qui est arrivé ? Le gouvernement du Mali a toujours tenu ses engagements par rapports aux organisations internationales. Et il s’est fait un devoir de payer dans les délais requis les cotisations dues à l’Organisation des Nations Unies.
En la circonstance, les recherches que j’ai pu effectuées après avoir reçu cette information me permettent de vous dire que le 3 juin 2015, à la demande du ministère des Affaires étrangères, le Trésor public du Mali, par l’intermédiaire de la BCEAO a émis des ordres de transfert télégraphique, pour s’acquitter de ses cotisations par rapport à ses engagements envers les Nations Unies, d’un montant d’à peu près 200 millions. Mais là où les choses véritablement nous préoccupent, c’est que le numéro de compte qui a été communiqué par les Affaires étrangères n’était pas le bon.
Et la BCEAO qui était chargé de ce transfert a donc dû retourner au Trésor du Mali les sommes qui devraient être transférées. Les fonctionnaires qui ont reçu ce retour là, auraient dû s’inquiéter, se poser la question du pourquoi. Mais non, ça na pas été le cas, comme si de rien n’était. Notre diplomatie qui aurait dû être très pointillée sur cette question n’a pas donc vérifié aussi…
Nous devons en tirer toutes les conséquences
Ce n’est pas une excuse du tout. Ce qui est arrivé est injustifiable pour un gouvernement, mais je l’assume. En l’assumant je voudrais donner l’assurance aux peuples du Mali que toutes les dispositions ont été prises pour que dans les plus brefs délais la situation soit régularisée. C’est pénible pour un pays que je connais, mais voilà la réalité. Il est vrai que nous devons en tirer tous les enseignements, toutes les conséquences et prendre toutes les mesures appropriées pour qu’un tel laxisme ne porte pas un ombrage… à l’image de notre pays.
Un pays est suspendu quand il ne paye pas deux ans de cotisation, mais ce qui est là et vous pouvez en avoir connaissance, on a un premier versement de 104 322 000 FCFA dû règlement des arriérés de contribution 2015 dû par le Mali au budget de fonctionnement de certaines organisations. Un autre, règlement des arriérés de contribution 2015, dû par le Mali au budget de fonctionnement de certaines organisations notamment les Nations Unies et un autre dû, c’est pour les tribunaux.
Voila ce qui s’est passé. Donc nous avions à cœur d’éponger tous les arriérés. Encore une fois permettre moi d’insister sur la volonté du gouvernement de tirer tous les enseignements… »
A noter que le Mali dispose d’une mission permanente auprès des Nations-Unies, à travers un Représentant permanent accrédité auprès de Ban Ki moon, avec résidence à New York. Comment une telle négligence peut elle arriver, alors que c’est celui-là même qui lève la main quand le Mali vote ? S’il s’avère que la négligence coupable se situe à trois niveaux, à savoir le ministère des Affaires étrangères qui a émis un mauvais numéro, le trésor où le mandat est retourné (et qui a gardé le cachet dans tout ça ?) et la représentation permanente du Mali aux Nations-Unies, par quelle tête va-t-on commencer ?
Aguibou Sogodogo
B. Daou