SUSPENSION DE LA GREVE DE 192 HEURES DES ENSEIGNANTS A BAMAKO

Des signaux d’une année scolaire agitée ?

La coordination des Syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 du District de Bamako (SYPESCO, SYNEB, SYNEFCT, SYNESEC, SYLDEF, FENAREC, COSES) avait failli empêcher la rentrée scolaire. Un compromis trouvé in extremis a permis de sauver les meubles. Mais, l’on se demande si l’année scolaire sera paisible, avec de fortes attentes des enseignants.

« Quand l’école va, tout va ». Ce dicton est bien connu et semble provoquer des nuits blanches chez la ministre de l’Education nationale, Mme Sidibé Dédéou Traoré, en proie à de fortes pressions des syndicats. Parviendra-t-elle à conduire à bon port le navire scolaire malien, bien souvent secoué par diverses revendications corporatistes ? Réussira-t-elle le pari d’une deuxième année scolaire couronnée de succès, avec des examens bien organisés où fuites, fraudes et faux sujets seront de lointains souvenirs ? La question préoccupe dans un contexte social difficile pour les différents acteurs (enseignants, parents, élèves et apprenants et autres partenaires). Un contexte marqué par l’insécurité et la fermeture d’un millier d’établissements scolaire sur l’ensemble du territoire, avec une demande sociale forte.

La question des rappels de salaire

En effet, bien avant la fin des examens de l’année 2022, la Synergie (organisation syndicale des enseignants) locale de Bamako avait réclamé, auprès du Gouverneur du District de Bamako, des rappels de salaire des enseignants des deux académies de Bamako. C’est à une semaine de la rentrée académique 2022-2023, qu’un compromis a été trouvé entre le Directeur général Adjoint du Budget, Beidy Samaké et la Synergie locale de Bamako, en présence du Directeur National Adjoint du Contrôle Financier, Mamadou Coulibaly, le vendredi 30 septembre 2022.

Après leur préavis de grève de 192 heures, prévu du lundi 3 octobre au mercredi 5 octobre et du lundi 10 au vendredi 14 octobre 2022 inclus, pour non-paiement des rappels de salaire des enseignants, dont certains datent de 2017, le Gouverneur du District de Bamako avait initié une rencontre avec les enseignants et les agents en charge du traitement des ces rémunérations salariales.

Mais les lignes n’avaient pas bougé faute de liquidités disponibles. C’est à deux jours de la rentrée que le DGA du Budget, à travers une rencontre du vendredi 30 septembre au mardi 4 octobre 2022 avec les syndicats qu’un compromis a été finalement trouvé. Le DGA du budget, Beidy Samaké a pu donner la certitude aux enseignants que ces rappels seront disponibles avant le 15 octobre. C’est ainsi que ces derniers ont suspendu leur mot d’ordre de grève sans même s’en référer aux militants.

Cette suspension du mot d’ordre de grève a été rendue publique dans la lettre numéro: 006-2022/CDB en ces ternes : « Nous, Coordination des Syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 du District de Bamako ( SYPESCO, SYNEB, SYNEFCT, SYNESEC, SYLDEF, FENAREC, COSES), suspendons le mot d’ordre de grève allant du lundi 3 au mercredi 5 octobre 2022 et du lundi 10 au vendredi 14 octobre 2022 inclus et appelons les militants et militantes à la reprise effective des cours le lundi 3 octobre 2022 à 7 heures précise ». C’est suite à cela que la rentrée a été effective à Bamako, même si cette décision de la Synergie locale avait fait l’objet de beaucoup de contestations dans les différents groupes d’enseignants.

La partie gouvernementale fait bouger les lignes

Après analyse des points, la commission qui avait été mise en place à cet effet, est parvenue au constat que les dossiers des rappels peuvent être pris en charge. Pour elle, le montant total des dossiers à prendre en charge s’élève à 263. 091.843 FCFA. Le mercredi 5 octobre 2022, les syndicats ont élaboré un document prouvant la suspension de leur mot d’ordre, où ils montrent leur satisfaction des trois jours de travaux. Avant de demander la diligence du reste du processus, jusqu’au paiement de tous les rappels au plus tard le vendredi 14 octobre 2022. Tout en félicitant le Directeur Général du Budget pour cette initiative, les syndicats demandent le maintien de ce cadre d’échanges afin d’amortir de nouvelles tensions sociales en vue.

De sources crédibles, il nous revient que le dépôt des chèques de certains rappels de salaire dans des banques a déjà commencé. C’est du moins ce que rapportent certaines personnes proches du ministère, le lundi dernier. Et ces sources de préciser que quelques états de virements de ces rappels ont été adressés au Directeur régional du Budget du District de Bamako.

Abréhima GNISSAMA