Les relations risquent de se crisper à nouveaux entre la section syndicale de la police nationale (Spn) et la hiérarchie. La pomme de la discorde concerne cette fois une prime de 15% que les autorités de la transition, avaient accordée, en 2012, à tous les membres des forces armées et de sécurité. A la police, on considère que cette prime est un acquis obtenu de haute lutte par l’ancien secrétaire général de la Spn, Siméon Keita et ses collègues. Appelée «prime Haya» (du nom du chef de l’ex Cnrdre), cette prime est perçue depuis 2012 par les fonctionnaires de la police, à l’instar des membres des autres corps de défense et de sécurité.
Mais compte tenu du contexte qui prévalait (la crise institutionnelle) le décret devant entériner cette augmentation a été programmé pour plus tard par les autorités concernées. Néanmoins, le ministre de l’Economie, des Finances et du Budget de l’époque, Tiena Coulibaly avait approuvé l’allocation de cette prime à travers un acte : il s’agit d’un courrier (ref : N°456/MEFB-SG) en date du 20 septembre 2012 ; courrier qui était adressé au Directeur général du Budget. Dans cette correspondance dont l’objet est intitulé «augmentation du salaire des fonctionnaires de la police», le ministre Tiéna Coulibaly écrit ceci : «Je vous demande de prendre, en rapport avec le Bureau central des soldes, les dispositions nécessaires pour procéder à une augmentation de salaires de 15% en faveur des fonctionnaires de la police, à compter du salaire du mois d’octobre 2012
Compte tenu du contexte particulier l’exécution de cette mesure est immédiate en attendant la régularisation à travers un acte réglementaire».
Depuis cet acte, les fonctionnaires de police ont commencé à percevoir leur prime espérant qu’avec les nouvelles autorités et en raison du principe de la continuité de l’Etat, le reste des formalités allaient être effectuées sans grande difficulté. Seulement. Voilà. Le nouveau ministre qui gère le département de la Sécurité, le Général Sada Samaké ne l’entend pas de cette oreille. Il trouve que cette prime ne se justifie aucunement et décide de la supprimer. Il n’en dit pas un mot tout de suite aux agents. C’est au mois de janvier, avec les nouvelles promotions que les promus découvrent que la prime «Haya » n’a pas été prise en compte sur leur grille salariale. La section syndicale informée tente sans succès d’avoir des explications de la part de la direction générale. Une situation qui a de plus en plus confirmé la section syndicale qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans cette affaire. L’Adjudant Youssouf Fofana, secrétaire général par intérim de la Spn, ne cache pas aujourd’hui le malaise que cette situation crée au sein de la police. Selon lui, la position des policiers sur la question est très claire : «Ils ne veulent pas qu’un seul franc soit prélevé sur leurs salaires».
Le ministre indexé…
Les membres de la section syndicale aujourd’hui sur un pied de guerre, se disent résolu à utiliser les moyens syndicaux à leur disposition pour défendre l’acquisition de cette prime devenue, selon eux, un droit acquis pour les fonctionnaires de la police.
Une situation que la Spn déplore, c’est cette volonté de la hiérarchie de diminuer dans le salaire des agents informer sans que leur syndicat ne soit informé en amont. Le secrétaire général par intérim ne va pas par le dos de la cuillère. Selon lui, c’est le nouveau ministre de la sécurité, Sada Samaké qui, en intelligence avec l’actuel directeur général de la police, Kansey, tente de remettre en cause ce qui est devenu un droit pour les fonctionnaires de la police.
Il va de ses arguments et indique qu’à partir du moment où des documents authentiques accordant cette prime existent et vérifiables, vouloir revenir sur cette mesure est forcément arbitraire. «A la Spn nous ne saurons cautionner cette situation »,a déclaré l’adjudant Fofana très amer contre l’actuel directeur général de la police qui, selon lui, ne s’assume pas face à cette situation et préfère suivre le ministre de la sécurité dans une logique qui déboucher forcement sur un conflit au sein de la police.
Cette affaire remet au devant de l’actualité le différend qui, tout au long de la crise, a opposé la Spn au syndicat des commissaire de police. C’est, en effet, avec ce syndicat que le département a engagé des échanges sur la question de cette prime, sans jamais aborder directement la question avec les véritables concernés.
Papa Sow / maliweb.net
SOURCE: Autre Presse du 14 jan 2014.