Les responsables du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) ont transformé leur grand rassemblement du vendredi 21 août 2020 sur la Place de l’Indépendance de Bamako en une tribune de règlement de comptes avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) qui a exigé jeudi dernier (20 août 2020) le rétablissement d’Ibrahim Boubacar Kéita dans ses fonctions de président de la République à l’issue d’un sommet extraordinaire tenu par visioconférence.
Les dirigeants du mouvement se sont ainsi succédé à la tribune pour s’adresser à une marée humaine et défier notamment l’organisation sous-régionale qui a pris hier jeudi des sanctions contre le pays suite au coup d’Etat du 18 août dernier contre Ibrahim Boubacar Kéita.
«Le Mali n’est pas obligé de rester dans la CEDEAO. Et le Mali à l’extérieur de la CEDEAO n’est pas forcément un Mali de misère. Au contraire, nous devons nous poser des questions», a attaqué Dr Oumar Mariko du Comité stratégique du mouvement.
«Le Mali est un pays carrefour dont ils (pays de la CEDEAO) ont tous besoin. Nous n’accepterons pas le chantage de la CEDEAO, nous ne pouvons pas chasser IBK (Ibrahim Boubacar Kéita) et avoir peur de la CEDEAO», a ajouté Issa Kaou Djim, coordinateur des mouvements, associations et sympathisants de l’Imam Mahmoud Dicko (CMAS).
«La CEDEAO est l’enfant du Mali qui a grandi à côté de son père et l’a aidé à sortir de la crise en 2012. Nous ne comprenons pas aujourd’hui pourquoi la CEDEAO s’acharne sur le Mali», a souligné Dr Choguel Maïga, président du Comité stratégique du M5-RFP. «Dans toute l’histoire de l’humanité, les sanctions et les embargos fragilisent toujours les plus pauvres. Que l’on ait pitié de ce peuple qui vit au jour le jour», a rappelé Me Mountaga Tall de l’instance dirigeante du Mouvement.
N’empêche, son autorité morale a souhaité que la mission de la CEDEAO attendue demain samedi dans le pays soit accueillie avec les honneurs. «Je vous demande d’accueillir ceux qui vont arriver demain, nous sommes un peuple hospitalier», a en effet souhaité l’Imam Mahmoud Dicko, dissimulant à peine son bonheur d’avoir conduit sa lutte à la démission du président Ibrahim Boubacar Kéita.
«Les FDS (Forces de défense et de sécurité) se sont interposés pour éviter à notre pays un bain de sang et pour retrouver la voie de la dignité et de l’honneur qu’elle n’aurait jamais dû quitter», a également souligné Dr Choguel Maïga.
«Nous sommes contents d’être avec vous cet après-midi. Nous remercions le peuple malien. Notre travail a été de parachever votre combat», a avoué le Colonel-major Ismaël Wagué, porte-parole du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) qui a participé au meeting de ce vendredi en compagnie du Colonel Malick Diaw.
Alors que la CEDEAO et la communauté internationale exigent de la junte le retour sans délai à l’ordre constitutionnel au Mali, le CNSP ne sait pas pour le moment quand est-ce qu’il pourra transmettre le pouvoir aux civils. «Il nous faut d’abord mettre en place une transition politique menée par un militaire ou un civil», a déclaré jeudi dernier à la presse le Colonel-major Ismaël Wagué.
A noter que depuis la semaine dernière, les militaires ont entrepris des consultations en vue de lancer la transition politique au Mali.
Kader Toé