Subvention de l’engrais par l’Etat Le Sypam dénonce « un coup de bluff »


Cinq mois après son congrès constitutif, le Syndicat des paysans du Mali qui vient de réunir à Bamako pendant trois jours ses délégués des régions du pays, a tenu lundi dernier une conférence de presse pour évoquer les résultats de la rencontre comme l’adoption du règlement intérieur, l’élaboration d’un plan d’action annuelle et la mise en place d’un comité central de sept membres et d’une commission de surveillance. Les conférenciers ont aussi dévoilé la plate-forme de revendications des producteurs.

Selon le secrétaire général du Sypam, Abdoulaye Diarra, « ces revendications sont relatives à l’accès des paysans à la terre, aux crédits et matériels agricoles, la subvention par l’Etat de la redevance eau en contre-saison, la participation des paysans à la fixation des prix des produits agricoles et à la gestion des intrants, l’aménagement des pistes agricoles, etc. ».

Et pour améliorer la production agricole, a-t-il expliqué, les paysans ont besoin que le gouvernement traduise en actes « sa priorité d’assurer l’autosuffisance alimentaire ». « Tant que le coût de la production agricole n’est pas ramené à la hauteur des possibilités financières des producteurs, notre agriculture restera entre les mains les détenteurs de capitaux, qui continueront à nous exploiter », a déclaré le secrétaire général du Sypam, dont la devise est « terre, travail et dignité ».

Engrais subventionnée : de la poudre dans les yeux ?

Au cours de la conférence de presse, la question de la subvention des engrais s’est invitée dans les débats. Cédé aux producteurs à 12 500 francs le sac, cet intrant est subventionné par l’Etat depuis quelques années. Au cours de sa tournée dans les zones de production, le ministre de l’Agriculture a d’ailleurs annoncé la reconduction de la mesure politique au titre de la campagne agricole 2012-213.

Mais pour les militants du Sypam, il s’agit d’un coup de bluff. Car, ont-ils dit, la mesure ne résout en rien les difficultés auxquelles les paysans font face aujourd’hui. Pis, ont-ils dénoncé, « l’engrais en question n’est pas de bonne qualité, et les conséquences sont grandes pour les sols et les cultures ».

« Nous savons de quoi nous parlons. L’engrais en question est loin de répondre aux exigences de qualité », a renchéri Seydou Traoré. Il a remarqué qu’au moment où l’engrais baisse de prix, les paysans sont astreints à d’autres charges. « La réduction du prix de l’engrais (avec la qualité que l’on sait) est toujours accompagnée de la flambée du prix d’autres produits de la chaine de production, comme par exemple les insecticides et autres produits ».

« Tant que l’engrais n’est pas revenu à 7500 F CFA le sac, tant qu’il n’y a pas une volonté politique réelle en faveur des producteurs,  nous ne nous en sortirons jamais. Il est important de nos jours que la terre revienne aux paysans, et qu’on leur rende facile l’accès aux matériels et intrants agricoles », a recommandé le secrétaire général du Sypam. Il a interpellé le nouveau gouvernement sur leurs doléances des paysans.

Quant à l’argent de l’Apcam (Assemblée permanente des chambres d’agriculture) à remettre aux paysans (décidée l’année dernière), il a été aussi abordé. Cet argent, qui devait servir de crédit d’accompagnement aux producteurs, a contribué à les diviser davantage, témoignent des agriculteurs  qui regrettent la magouille autour de la gestion desdits fonds.

Issa Fakaba Sissoko

L’ Indicateur Du Rneouveau 20/06/2012