Lors de la rencontre qu’il a eue avec la presse à la Maison éponyme, l’ancien ministre de la Défense, Soumeylou Boubèye Maïga, a passé en revue la situation de l’armée et la stratégie développée par cette dernière.
Selon lui, la position statique qui est le choix fait n’était pas de nature à être favorable à l’armée dans sa guerre contre les jihadistes et autres fauteurs de trouble. Ce dispositif et ce positionnement statiques mettaient l’armée dans une position éternellement défensive et ne l’amènent qu’à réagir au lieu d’anticiper et d’agir comme le commande la situation.
Le ministre Maïga avait eu à préconiser l’action fondée sur l’offensive et la mobilité des troupes. Toutes choses pouvant être de nature à diminuer sinon à éviter le risque d’attaques du genre de celui qui a eu lieu dans la localité de Nampala.
Il a eu à citer l’exemple du Niger voisin où l’armée est en perpétuelle mouvement et fini par faire sous-entendre que ce modèle devait servir d’inspiration. Se sentant ou se croyant visé, l’actuel ministre de la Défense, Tiéman Hubert Coulibaly, a cru devoir réagir.
Dans sa réaction, il a donné dans l’invective et la polémique. Sans le nommer, il s’en est pris à son prédécesseur lors de son interview donnée à la chaîne de télévision nationale et lors de la réunion sur les textes de l’armée. Il s’est donné à une critique de ceux qui ont géré l’armée pendant les vingt dernières années et qui n’ont rien fait à ses dires.
Or, là n’était pas la question et il n’était pas attendu sur ce terrain. Il était en effet plutôt attendu sur la stratégie et la posture actuelles de l’armée. Il devait ainsi justifier et défendre celles observées présentement et partant démontrer que la position du ministre Maïga ne tenait pas. En ne le faisant pas, il lui a donné raison.
Ce qui vient d’être confirmé par les derniers événements dont le cercle de Ténenkou dans la région de Mopti a été le théâtre. En effet, la présence de troupes en mouvement aurait dissuadé les auteurs des actes.
Le gouvernement a pris conscience de la nécessité de la présence des troupes et a décidé, obligé, d’en envoyer sur le terrain à Dioura. Donnant également ainsi raison lui aussi au ministre Maïga, même si lesdites troupes seront toujours en mode réaction et non en situation d’anticipation et de prévention comme seule la mobilité le permet.
Cela dit, la réaction du ministre Tiéman Coulibaly se comprend, car il sait que les Maliens se posent chaque jour des questions sur sa capacité à gérer le département de la Défense qui ne peut pas s’accommoder d’amateurisme et d’inexpérience. Sinon, critiquer la gestion des vingt dernières années revient à critiquer le président Dioncounda Traoré qui a été un acteur majeur pendant tout ce temps et qui a été ministre de la Défense.
Critiquer la gestion des vingt dernières années revient à critiquer également le président Ibrahim Boubacar Kéita qui a lui aussi été un acteur majeur pendant tout ce temps et qui a été Premier ministre. Critiquer la gestion des vingt dernières années revient à critiquer l’UDD, qui participe à tous les gouvernements depuis vingt ans.
Mamadou Sidibé, enseignant Missira