Les principes clés du code de développement souverain du Mali
La souveraineté économique est de nos jours un objectif stratégique
pour de nombreux pays, particulièrement ceux qui cherchent à réduire
leur dépendance vis-à-vis des importations et à maximiser l’utilisation de
leurs ressources naturelles, humaines et technologiques au bénéfice de
la population. Voici une analyse détaillée, accompagnée d’arguments et
de propositions concrètes pour mettre en place une telle politique et
élaborer un code de développement au Mali.
La souveraineté économique consiste à permettre au Mali de contrôler ses
propres ressources, définir ses priorités de développement et satisfaire les
besoins fondamentaux de la population (alimentation, énergie, logement,
santé, éducation) sans excessivement dépendre de l’extérieur. Elle a ainsi
comme enjeux la diminution de la vulnérabilité face aux crises économiques
mondiales ou aux sanctions internationales. Elle doit également favoriser un
développement qui profite à toutes les couches sociales, particulièrement les
populations les plus vulnérables. Tout comme cette souveraineté doit
permettre au pays d’assurer sa résilience face aux défis comme les
changements climatiques, les pénuries de matières premières ou les crises
sanitaires ; de maximiser l’exploitation durable des richesses nationales
(ressources naturelles, compétences humaines, innovation locale).
La politique à mettre en place pour une souveraineté économique porte sur
certains axes principaux comme le développement des ressources agricoles,
l’industrialisation raisonnée, la gestion durable des ressources naturelles,
l’intégration régionale, le financement et l’investissement local et le
renforcement du capital humain malien. Il est par exemple indispensable
d’investir dans l’agriculture locale par un soutien conséquent aux petits
producteurs, la modernisation des infrastructures agricoles et la promotion des
pratiques agricoles durables. Tout comme il faut encourager la transformation
des produits agricoles sur place (transformation de céréales en farine,
fabrication d’huiles locales…) pour créer de la valeur ajoutée. Notre pays a
aussi besoin d’identifier et d’investir dans des secteurs stratégiques tels que
l’énergie, la métallurgie, l’industrie pharmaceutique et l’agro-industrie. En la
matière, il faut consolider le partenariat public-privé qui pour pouvoir mobiliser
les capitaux privés tout en maintenant un contrôle public sur les secteurs clés
au Mali…
Mais, la clé du développement durable est l’investissement massif et judicieux
dans l’éducation et la formation technique pour développer des compétences
locales en les adaptant aux besoins économiques. Soutenir les petites et
moyennes entreprises (PME) par des financements accessibles et des
incitations fiscales, créer des institutions financières nationales pour financer
les projets stratégiques et soutenir les PME, encourager les populations à
consommer et investir localement pour dynamiser l’économie interne, favoriser
les échanges avec les pays voisins ou de la région pour mutualiser les
ressources et créer des marchés communs, développer des hubs industriels
et commerciaux qui attirent des investissements tout en respectant les intérêts
nationaux… sont aussi des actions à mener au préalable pour parvenir à la
souveraineté économique.
Un efficace moyen d’assurer un développement durable, inclusif et
équitable
Cette quête doit aussi reposer sur l’élaboration d’un code de développement
comme cadre légal et stratégique. Le développement souverain pourrait
inclure des principes directeurs comme la priorité accordée à la satisfaction
des besoins fondamentaux de la population malienne, l’utilisation durable des
ressources naturelles, l’inclusion sociale et la réduction des inégalités… Il
nécessite aussi des obligations des acteurs économiques comme le respect
des normes environnementales et sociales ; l’engagement à embaucher
localement et à former les travailleurs… des instruments fiscaux comme la
taxation des entreprises étrangères exploitant des ressources locales, la
réduction des taxes pour les industries locales innovantes ou durables… sont
aussi indispensables.
Le suivi et l’évaluation de la politique développement souverain nécessitent la
création d’un organisme public chargé de mesurer l’impact des politiques sur
la souveraineté économique et de proposer des ajustements. Et pour ce faire,
le Mali peut par exemple s’inspirer du Rwanda qui a massivement investi dans
l’agriculture et les technologies numériques sur la base d’une stratégie claire
de réduction de la dépendance extérieure. La Corée du Sud a aussi bien
réussi sa transition d’un pays agricole à une puissance industrielle grâce à une
politique volontariste de soutien aux industries locales. Quant à la Norvège,
elle s’est illustrée par une gestion prudente des revenus pétroliers par le biais
d’un fonds souverain pour les générations futures.
Il est toujours important d’avoir à l’esprit que la souveraineté économique n’est
pas une fin en soi, mais un moyen d’assurer un développement durable,
inclusif et équitable. Elle nécessite une vision à long terme, des politiques
cohérentes et une implication de tous les acteurs (État, secteur privé, société
civile…). En s’appuyant sur ses ressources propres et en favorisant leur
transformation locale, le Mali peut bâtir une économie résiliente, compétitive et
autonome.
Macky Cissé
Consultant politique indépendant
Diasporaction.fr