Il ne précise pas de quel type d’armes il s’agit. «C’est une menace de plus, non seulement pour les étrangers, mais pour l’Etat malien lui-même», a ajouté M. Maïga, interrogé sur l’influence de cette crise sur Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui opère dans le Sahel, notamment au Niger et en Algérie, pays frontaliers de la Libye et du Mali. L’insurrection armée, qui a éclaté en février contre le régime du colonel Kadhafi, a réussi à s’équiper, en prenant des dépôts de munitions du pays.
Après avoir conquis une partie du pays, les insurgés ont subi une violente contre-offensive, qui a entraîné une coalition internationale à mener depuis le 19 mars des frappes aériennes contre les forces loyalistes.
Cette crise «a fait prendre conscience aux pays de la région de la nécessité d’une mobilisation plus forte et plus durable, afin d’assurer la sécurité et la présence de l’Etat auprès des populations visées par Aqmi», analyse le chef de la diplomatie malienne.
Par ailleurs, le responsable malien a commenté la mort de Ben Laden. «D’un côté, Aqmi se voit privée de sa principale source d’inspiration idéologique et opérationnelle ; de l’autre, l’événement accroît à court terme le risque d’une fuite en avant», a déclaré M. Maïga au quotidien français, qui l’interrogeait sur les conséquences au Sahel de l’élimination du chef d’Al Qaïda. «A présent, la confrontation devient plus directe.
La mort d’Oussama Ben Laden soustrait le Sahel du champ d’affrontement global « Al Qaïda contre Occident »», a-t-il poursuivi en ajoutant que «cette concentration sur un espace dont l’immensité est un défi pour les Etats laisse craindre une auto-radicalisation». Branche maghrébine d’Al Qaïda, Aqmi opère dans plusieurs pays du Sahel, Niger et Mauritanie en particulier.
Aqmi a revendiqué l’enlèvement dans le nord du Niger, en septembre, de cinq Français, ainsi qu’un Malgache et un Togolais. Trois de ces otages ont été libérés en février, et Aqmi détient toujours quatre Français dans la région du Sahel, réclamant en échange de leur libération que la France retire ses troupes d’Afghanistan comme l’avait demandé Ben Laden.
«La disparition de Ben Laden élimine un intermédiaire : les ravisseurs ne pourront plus renvoyer sur lui les gouvernements occidentaux», note à ce propos le ministre malien, ajoutant que les ravisseurs pourraient alors «durcir leur discours et menacer les Occidentaux».
Le chef de la diplomatie malienne juge toutefois encore possible la libération des Français détenus par Aqmi, considérant que la libération des trois otages en février était «une première étape». «Mais les prétentions financières des ravisseurs font réfléchir.
Le versement des 100 millions d’euros qu’ils réclament, dit-on, risque de faciliter leur armement et leur recrutement», poursuit le ministre. L’intervention occidentale contre le régime du colonel Kadhafi en Libye semble aussi les inquiéter «car les Occidentaux se sont rapprochés d’eux, et montrent leur détermination».
L’ Indicateur Renouveau 05/05/2011