En effet, par rapport à ceux qui n’ont pas voulu, pour le moment, parapher l’accord, SBM a relevé une logique certaine: «dès le début ces groupes avaient une orientation séparatiste. Ils se sont liés avec des groupes terroristes et mafieux pour mettre en œuvre leur projet. De manière très claire, tout le monde sait que le Mnla s’est appuyé sur des groupes terroristes et mafieux pour créer le désordre dans le Nord.
Je pense que c’est ce lien fondamental qui continue de lier une minorité de radicaux au sein de ces groupes. C’est ce lien qui est à la base de leur rebuffade. Parce que, comme nous l’avons dit si souvent, s’il y a un accord demain, il est évident que cet accord n’arrangera pas ceux qui sont dans les activités mafieuses et criminelles. Parce qu’ils profitent de la situation actuelle pour se dissimuler au sein des groupes qui sont les interlocuteurs de l’Etat. Une fois cette couverture levée, il est évident qu’ils ne peuvent plus à continuer à faire cela. Ces gens n’ont pas intérêt à ce qu’il y ait un accord. C’est pourquoi nous devons soutenir la décision d’aller à une signature sans eux».
Pour que notre pays puisse en arriver là, l’ancien ministre de la Défense a dégagé des préalables. «Il y a un certain nombre d’actions dont nous ne pourrons pas faire l’économie. Nous-mêmes, nous devons démontrer à l’ensemble de la communauté internationale que, dans une très grande majorité, la population malienne adhère à ce processus, qui est ouvert. Parce que c’est un processus qui se va poursuivre sur plusieurs années», a-t-il martelé.
Boubèye réclame une mobilisation générale
Sur le plan politique et social, il a appelé à la mobilisation de l’ensemble des populations maliennes autour de ce processus: «Nous devons mobiliser toutes les forces, que ce soit les leaders religieux, les leaders communautaires, du Nord comme du Sud, les jeunes, les femmes et les acteurs politiques. Par rapport à cet enjeu, il est important que nous fassions un front unique et que nous puissions promouvoir un climat d’entente nationale».
Avant de poursuivre: «sur le plan diplomatique, je ne sais pas quelles sont les sanctions que la communauté internationale sera obligée de prendre. Je pense que, devant le constat que ces gens ne sont pas de bonne foi, l’Etat malien est fondé à demander à un certain nombre de ses partenaires de ne plus continuer à leur accorder des facilités, pour qu’au bénéfice de celles-ci ils continuent de mener des actions destructrices contre nous.
Nous pouvons demander par exemple à l’Union Européenne de ne plus leur délivrer de visas Schengen pour leur permettre de circuler. A ce moment là, s’il y a un pays européen qui veut leur donner un visa territorialement limité, nous pourrons faire le tri entre ceux qui sont nos vrais amis et ceux ne le sont pas. Nous sommes aussi en droit d’attendre de l’ensemble de nos pays voisins de ne plus accorder de titres de séjour à des gens, qui, ouvertement, participent à la destruction de l’Etat malien. Je pense qu’il y aura probablement des interdictions de voyage.
Pour être cohérents avec nous-mêmes, je pense que le Gouvernement peut, peut-être, continuer de leur donner des documents d’identité, (parce qu’après tout, c’est des Maliens), mais qu’il ne doit plus leur délivrer de documents de voyage, qui vont leur permettre d’aller se livrer à des activités hostiles contre le Mali. Je pense si nous faisons cela, ce sera déjà beaucoup».
Transporter l’insécurité du Nord au Sud
S’agissant de l’insécurité grandissante au Mali, sur les ondes de Jekafo, Boubèye a reconnu que, quand on observe la situation qui prévaut depuis quelques semaines, il y a eu un enchainement d’incidents et d’actions terroristes violentes, du Nord au Sud en passant par le Centre, dans la région de Mopti, et à Bamako. Ce qui lui a fait dire qu’il y avait une sorte de détérioration de la situation.
Le point commun de toutes ces actions, selon lui, «c’est le lien que nous établissons avec la situation au Nord, c’est-à-dire avec l’action des groupes séparatistes, terroristes et mafieux qui sévissent là et qui tentent de créer une situation pour amener l’insécurité au Sud et jeter le discrédit à la fois sur les forces nationales et internationales».
Comme cela, a-t-il expliqué, ils tentent de prouver à leurs sympathisants et adeptes éventuels qu’en dépit des coups qui ont leur été portés, et de la présence de nos forces et de la MINSUMA, ils ont une relative capacité d’action et de nuisance. A en croire SBM, l’objectif c’est de transporter le insécurité au Nord dans le Sud et de semer le doute dans les esprits. C’est pourquoi il a estimé que toutes ces actions interpellaient notre dispositif sécuritaire.
«Je pense que les actions qu’on a vues ces dernières semaines, où un convoi de la MINUSMA a été attaqué, devraient amener l’organisation onusienne à revoir ses dispositifs et à s’adapter au nouveau mode d’action de ces groupes, qui opèrent maintenant à deux ou à trois à moto. Parce que, si la MINUSMA ne prend pas de dispositions, bientôt tous les contractuels qui ravitaillent le Nord ne pourront plus s’y engager si on ne prend pas des mesures pour assurer leur sécurité. Ce manque de ravitaillement pourrait isoler les villes concernées», a-t-il indiqué.
Du côté de l’Etat, il a reconnu que des efforts évidents sont faits, mais estimé qu’on peut et doit faire plus. «Parce que, ce qui intéresse les citoyens, ce n’est pas de connaître les détails des actions secrètes, c’est surtout la visibilité du dispositif mis en place. C’est cette visibilité qui peut les rassurer et dissuader ceux qui sont tentés de commettre des actions contre les citoyens. Celle qui crée une chaine de solidarité avec les citoyens. Car, sans la participation des citoyens, nous ne pourrons pas faire face facilement à tous ces bandits. Si cette chaine est établie, les citoyens peuvent facilement informer les forces qui sont concernées par la lutte contre l’insécurité et la lutte contre le terrorisme», a-t-il noté.
Le soutien constant de la communauté internationale
«Dans l’histoire des conflits ou des crises telles que nous en avons connus, je ne pense pas qu’il y ait un précédent sur le degré de mobilisation de la communauté internationale auprès d’un pays. Depuis janvier 2012, elle s’est massivement mobilisée autour du Mali. Quand il y a eu les évènements de mars 2012, c’était la même chose. Et, depuis, il y a un consensus international pour trouver une solution à la crise malienne.
Parce que c’est une crise qui impacte non seulement le Mali mais également la stabilité régionale. Nous devons faire attention aux expressions que nous utilisons. L’accord paraphé l’a été par le Gouvernement du Mali, par l’ensemble de la médiation internationale et par ceux qui vont signer le 15 mai. Il y a eu huit mois de négociation et l’accord a été paraphé par tous le 1er mars dernier, à l’exception de la CMA, qui a estimé qu’il fallait aller consulter sa base. C’est ce qu’elle a fait le 17 mars.
Après, de leur propre initiative, ils se sont rendus à Alger, pour informer le chef de file de la médiation qu’ils étaient prêts à parapher. Quand une date a été fixée, ils se sont rebiffés», a-t-il relevé. C’est la raison pour laquelle il estime que, dans ce genre de situation, il n’est pas indispensable que tout le monde soit unanime pour avancer. Selon lui, le plus important, c’est qu’il y ait un consensus international autour de l’accord de paix et de réconciliation.
Selon SBM, lorsqu’on lit bien ce document, on se rend compte que c’est un processus qui va se poursuivre pendant plusieurs années. Parce que, a-t-il dit, l’ensemble des questions, en particulier celles qui touchent à l’architecture institutionnelle, vont faire l’objet de discussions et de débats démocratiques, pour que l’on puisse arriver à une solution qui ait la faveur de l’ensemble des Maliens.
Youssouf Diallo
Source: Le 22 Septembre