De l’Accord issu des pourparlers d’Alger.
Ni la CNAS-Faso Hèrè, ni les autres membres de l’Alliance des Démocrates Patriotes pour la Sortie de crise (ADPS) n’ont été conviés à la rencontre du dimanche 1er mars 2015 entre le Premier ministre d’une part, la classe politique et la société civile d’autre part. Nous observons d’ailleurs qu’aucun des trois Chefs du Gouvernement du régime issu des élections générales de 2013 ne nous a conviés à aucune de leurs rencontres avec les acteurs de la vie politique et sociale. Certes, nous reconnaissons à chaque Premier Ministre le droit de décider qui rencontrer et qui ne pas rencontrer, surtout que cela ne nous laisse ni chauds ni froids. Mais, nous restons citoyens maliens à part entière, et personne ne saurait nous dénier le droit, voire, le devoir de nous prononcer sur toutes les questions d’intérêt national, et ce, en toute indépendance et en toute responsabilité.
La crise dans le Nord de notre pays est l’une de ces questions d’importance vitale pour l’Etat et la Nation sur laquelle nous nous sommes toujours clairement prononcés depuis 2009. Nous vous renvoyons plus spécifiquement à notre conférence de presse du 23 février 2012 et à la Table Ronde des Forces Vives Patriotiques du 7 février 2015, libre aux pouvoirs publics de nous écouter ou non. S’agissant plus particulièrement des pourparlers d’Alger, la CNAS-Faso Hèrè est, comme de coutume, le premier parti politique à avoir réagi au projet d’Accord qui en est issu.
Arguments à l’appui, nous l’avons, dans un Communiqué de presse publié le samedi 28 février 2015, rejeté parce que violant la Constitution du 12 janvier 1992, proposant un système confédéral sous le couvert délibérément trompeur de « régionalisation » dans un pays qui n’a pas pu réussir la décentralisation, sapant l’unité nationale ainsi que le caractère républicain, laïc et unitaire de notre Etat, affaiblissant davantage l’Etat central, n’organisant pas le désarmement des groupes armés et la sanction des graves crimes de guerre commis dans le Nord, cautionnant la vassalisation et la perte de souveraineté de notre pays, déstructurant nos Forces Armées et de Sécurité et créant les conditions d’une mise en cause de l’intégrité territoriale du Mali.
A titre d’illustration, autoriser les cadis dans la distribution de la justice est une claire violation de la laïcité de l’Etat, tandis qu’amener les soit disant autorités traditionnelles, institutions sociales à légitimité variable, à siéger dans les institutions de l’Etat est une attaque frontale contre la République et une tentative de ramener l’ordre colonial dont notre Peuple a tant souffert.
Ayant écouté les propos du Premier Ministre sur les antennes de Radio Mali, nous sommes sidérés d’entendre le Chef du Gouvernement affirmer que l’Accord paraphé ce dimanche 1er mars à Alger ne viole pas la Constitution de la République du Mali. Il s’agit là d’une contre vérité flagrante. En effet, si l’Accord ne viole pas la Constitution, pourquoi ordonne-t-il explicitement et expressément de réviser la Loi Fondamentale pour accommoder ledit Accord ?
Par ailleurs, le Premier Ministre essaie vainement de trouver dans le Pacte National du 12 avril 1992, l’Accord de Ouagadougou de juin 2013- non daté,eh oui soit dit en passant- ainsi que dans la Feuille de route des pourparlers d’Alger la justification de l’acceptation, par son Gouvernement, de l’entité Azawad. Curieusement, le Chef du Gouvernement passe sous silence les Accords de Tamanrassett des 5, 6 et 7 janvier 1991 signés par le Gouvernement dont il était l’Ambassadeur en République Fédérale d’Allemagne. Mémoire sélective, vous avez dit?
Or, c’est dans ce document de Tamarassett qu’apparaissent pour la première fois le mot Azawad et la notion de statut particulier pour les régions du Nord ! Qui plus est, c’est le projet d’Accord d’Alger qui, s’il était signé après le paraphe du 1er mars 2015, légaliserait et légitimerait pour la première fois et avec l’aval de la communauté internationale, la notion d’Azawad, toutes choses préparant, demain, le terrain juridique, politique et diplomatique pour la revendication d’un referendum d’autodétermination par les groupes séparatistes armés et leurs alliés djihadistes soutenus par leurs parrains extérieurs.
Pour terminer, nous rappelons aux pouvoirs publics qu’ils ont pour premier devoir de respecter et de faire respecter la Constitution ainsi que de défendre l’unité nationale et l’intégrité territoriale du Mali. Nous disons en outre que les dirigeants africains ont un devoir de vérité, d’honnêteté intellectuelle et de fidélité vis-à-vis de leurs Peuples, et nous n’attendons pas moins de la part du Premier Ministre, une personnalité que nous avions appris à estimer dans ses diverses fonctions ministérielles dans les années 1980, mais dont l’obstination actuelle à vouloir défendre l’indéfendable commence à nous rendre perplexes.