22 Septembre: Quatre mois après la prise totale de Gao par les Islamistes du MUJAO, comment marche l’hôpital de Gao aujourd’hui?
Soumaila Diamoye: L’hôpital se porte bien, Dieu merci. Il se porte bien en ce sens que la totalité des services qui étaient opérationnels avant les événements, sont toujours fonctionnels.
Opérationnels… Cela veut-il dire que tous les blocs fonctionnent?
Tous les blocs fonctionnent. Exception faite du bloc de l’ORL. Celui qui était en charge de cette unité était déjà absent avant les événements.
Comment l’hôpital se dote-t-il du matériel nécessaire pour son fonctionnement?
Au début, nous avons eu l’appui de certaines associations, comme Cri de cœur, MSF Belgique, le CICR et de certains particuliers. Actuellement, avec le CICR, nous avons signé un protocole d’accord, à travers lequel l’organisme nous appuie en termes de médicaments ainsi que pour les primes du personnel soignant.
Justement, parlons du personnel soignant. Est-il seulement de Gao ou aussi d’autres zones du Mali?
Le personnel est assez mixte. Ce ne sont pas que des Maïga ou des Touré. Il y a aussi bien des Sudistes que des Nordistes. Nous avons des Kéïta, des Coulibaly et des Diarra qui travaillent ici.
Gao est actuellement sous pression des Islamistes. Comment se passe votre travail dans ce contexte d’insécurité permanente, puisque les choses peuvent tourner au vinaigre à tout moment…
Bon… On peut dire que ça va. Jusque-là, nous n’avons pas eu de grands soucis avec eux. Nous sommes des médecins et nous avons juré de porter secours à tout le monde. Quelle que soit votre sensibilité ou votre état d’âme.
On voit quand même que l’entrée de l’hôpital est gardée par les combattants du MUJAO. Cela ne pose pas problème?
Non. Ils ont leurs principes. Et, comme vous le savez, ces principes sont appliqués à toute la population du Nord, en général. Ce n’est pas seulement ici, dans l’enceinte de l’hôpital. On n’a pas trop de mal à s’y faire.
C’est certainement avec beaucoup de courage que vous nous dites que «tout va bien». Pourtant, le contexte, et surtout les conditions de travail, ne sont pas faciles…
C’est vrai… On dit que ça va, mais il y a beaucoup de choses à faire pour améliorer notre quotidien. La priorité, pour moi, concerne la périphérie. Il n’y a pas, ou très peu, d’autres centres de santé opérationnels dans les autres zones de la région de Gao. C’est ce qui explique l’engorgement que vous avez constaté ici. Surtout au service des urgences et à la pédiatrie. Nous enregistrons actuellement une épidémie de paludisme. L’ouverture de centres dans la périphérie facilitera notre travail et permettra de prendre en charge certains cas compliqués.
Propos recueillis par Paul Mben, Envoyé spécial
Le 22 eptembre 11/10/2012