Dans une démarche pédagogique, le Groupe des patriotes du Mali a élaboré une campagne de signature de pétition sollicitant l’appui de la Russie dans la résolution de la crise du nord. Selon le coordinateur du groupe à Bamako, Souleymane Traoré, la Russie est un potentiel allié du Mali. » Les autorités ont intérêts à collaborer avec la Russie si elles veulent en finir avec le terrorisme », assène-t-il.
« Des organisations de la société civile veulent l’aide de la Russie », tel était le thème de l’émission Kunafoni Blon de la chaîne d’information du groupe Renouveau, Renouveau TV. Autour de la table quatre analystes ont croisé leurs regards sur la thématique. Il s’agit de Mohamed Dramane Traoré du parti Front africain pour le développement (FAD), Daouda Kinda, consultant, Kalil Cissé, président des jeunes du Groupe des patriotes du Mali et Souleymane Traoré du même mouvement.
Pour les représentants du Groupe des patriotes du Mali, après plusieurs mois d’intervention française, les Maliens en ont marre de voir que rien ne change dans la lutte contre le terrorisme. « Les attaques continuent et l’insécurité règne dans plusieurs localités du pays. Nous sommes pessimistes à cause de l’incertitude grandissante dans le pays. C’est pourquoi, nous avons lancé une campagne de pétition. Et dans cette optique, une commission spéciale a recueilli 8 millions de signatures de citoyens du pays afin que le président russe intervienne dans la crise malienne », a indiqué Souleymane Traoré, ajoutant que les Maliens croient que la Russie doit sauver le Mali. » Ils ne sont pas satisfaits des progrès accomplis par la France en terme du règlement de la crise parce qu’elle n’est pas pour la paix au Mali… »
Le président des jeunes du GPM a abondé dans le même sens. »Malgré la présence de la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali, l’opération anti-terroriste Barkhane menée par les Français et de l’accord d’Alger conclu entre le gouvernement malien et les rebelles touareg, la situation dans le pays reste très tendue. Déjà deux hélicoptères de combat ont été offerts aux autorités. Mieux, l’Ambassadeur russe a annoncé que le pays recevra très bientôt d’autres équipements militaires… »
Mohamed Traoré du Front Africain pour le développement a apprécié l’initiative à sa juste valeur, mais a des réserves sur l’attitude des autorités maliennes. « La Russie est certes un partenaire de longue date, les deux pays ne sont pas quitté en bons termes. Les autorités maliennes ont brouillé les relations historiques avec la Russie », a rappelé Mohamed Traoré, ajoutant que le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, a fait le tour chez toutes les grandes puissances sans la Russie.
Pour Daouda Kinda, le coup de ballet populaire seul ne suffit pas à la Russie de s’engager aux côtés du Mali. »Aucune grande nation ne s’engage pour rien. C’est une question de géostratégique. Certes, elle est une puissance militaire, mais le partenariat ou appui militaire est généralement basé sur les intérêts. Mieux il faut aussi un élan diplomatique pour faire adhérer les Russes à la cause malienne… ». Selon lui, les Russes sont plus engagées en Afrique centrale. » Et s’il faut attendre leur intervention, la résolution de la crise ne sera pas pour demain. Je pense qu’il important pour le moment de faire en sorte que les forces étrangères notamment la Minusma, le G5 Sahel, la Barkhane et les autres partenaires puissent se mettre au service du Mali « , a-t-il conclu.
Bréhima Sogoba