Soulèvement démocratique en Serbie : la diaspora se mobilise

Ce week-end, la diaspora serbe a manifesté en solidarité avec les soulèvements étudiants en Serbie. Ces actions se multiplient depuis décembre et prennent de plus en plus d’ampleur. À Paris, une centaine de personnes se sont retrouvées samedi à 11h52, pour respecter les quinze minutes de silence en hommage aux victimes de la tragédie de Novi Sad.

Paris, Londres, Vienne ou encore New York… Ce week-end, les actions de la diaspora en solidarité au soulèvement démocratique en Serbie se sont tenues un peu partout dans le monde, catalysées par les événements de la semaine dernière. Et notamment la tentative de meurtre d’une étudiante, jeudi, renversée par une voiture en plein centre de Belgrade.

Samedi matin à 11h52, une petite centaine de personnes se sont rassemblées à Paris sur la place Edmond Michelet, en face du centre Pompidou, et à deux pas du centre culturel serbe. Quinze minutes de silence en hommage aux victimes de la catastrophe meurtrière de Novi Sad en novembre dernier, suivies d’applaudissements. Des passants curieux s’arrêtent pour prendre des photos du groupe silencieux qui brandit des panneaux où l’on peut lire « la corruption tue », ou encore « Vous avez du sang sur les mains ».

Début décembre, le premier rendez-vous parisien avait ressemblé une cinquantaine de personnes, place de la Sorbonne. « Ça a commencé de manière assez spontanée, puis l’initiative s’est peu à peu propagée », raconte Lazar, arrivé à Paris il y a une dizaine d’années pour ses études. « Maintenant nous sommes deux fois plus, et ça fait plaisir de voir la diversité des personnes présentes aujourd’hui. J’ai vu des parents expliquer à leurs enfants ce qui se passe, mais aussi des personnes âgées… C’est encourageant de voir que la mobilisation s’étend, et pas seulement aux jeunes. »


Samedi 1er février, 17h
Rencontres du Courrier des Balkans (Arcueil)
Table-ronde exceptionnelle : « Vos mains sont ensanglantées ! »
Avec celles et ceux qui se soulèvent en Serbie

Depuis la tragédie de la gare de Novi Sad, le 1er novembre, des dizaines de facultés et d’écoles supérieures sont occupées à travers toute la Serbie. Chaque jour, des dizaines de milliers de citoyens manifestent contre la corruption, réclamant justice et vérité. Le Courrier des Balkans invite deux étudiants de Novi Sad, Milica Dokmanović et Aleksa Nikolić.


« Je suis également là par solidarité avec ce qui s’est passé au Monténégro début janvier », dit une petite dame en brandissant sa pancarte montrant des mains rouges. Ces actions mobilisent la diaspora balkanique, touchée par la situation en Serbie, mais aussi par les autres tragédies qui frappent les pays voisins.

Il me semble que le Français moyen ne peut pas même imaginer le niveau de corruption auquel nous faisons face au quotidien.

L’organisation des manifestations est volontairement décentralisée. « On s’est mis d’accord pour qu’il n’y ait pas d’organisateurs officiels, nous suivons le mode d’organisation des initiatives étudiantes en Serbie, qui fonctionnent par plenums où chacun peut s’exprimer. C’est avant tout un soutien symbolique aux étudiants et nos revendications sont les mêmes que les leurs. Nous suivons la situation de près et continuerons ces actions jusqu’à ce que les revendications soient entendues », explique Sara, la trentaine, installée à Paris depuis plusieurs années. « Toute ma famille est à Belgrade et ce qui se passe là-bas nous concerne tous directement. Si j’y étais, je serais en manif tous les jours », ajoute Jovan, arrivé lui aussi à Paris pour ses études et resté en France depuis.

Ces rassemblements sont surtout l’occasion d’attirer l’attention sur la situation en Serbie, très peu présente dans les médias internationaux, les médias francophones ne faisant pas exception.

Or, pour Lazar, les médias ont un rôle-clé. « La Serbie reste un pays candidat à l’UE, et ce qui se passe là-bas est tout à fait inacceptable. Il me semble que le Français moyen ne peut pas même imaginer le niveau de corruption auquel nous faisons face au quotidien, c’est très difficile à concevoir et expliquer. C’est pour ça qu’il faut continuer à en parler en France », explique-il. « La situation n’est juste pas tenable, à la fois pour nos familles et nos amis qui sont restés là-bas, et surtout, elle ne peut rester invisible aux yeux de l’opinion publique française et européenne. »

Selon lui, l’absence de couverture médiatique de la situation en Serbie reflète peut-être une certaine acceptation de cette situation par une partie de la communauté internationale. « Ce statu quo convient sûrement à certains pays européens, pour qui le fait de remettre en question le système serbe tel qu’il est maintenant ne serait pas désirable. »

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