Ces nombreux citoyens n’ont pas choisi IBK pour sa beauté ou sa richesse mais plutôt à cause de sa réputation de pur et dur qu’il portait quand il était Premier Ministre et Président de l’Assemblée Nationale. Donc, à défaut de pouvoir résoudre ces problèmes des maliens, la grande responsabilité, volontairement prise par IBK, est de parvenir, au moins, à atténuer ces difficultés existentielles des populations maliennes. Le Président s’est-il assumé ?
Alors nous devons prendre, sincèrement et sévèrement, notre grande responsabilité d’informer, sans état d’âme, sur l’état actuel d’un Etat qui a perdu son arme et son âme, faute de commandement efficace.
Aujourd’hui, au Mali, la grosse inquiétude est évidente et grandissante. Car, depuis le 4 septembre 2013 jusqu’au 4 septembre 2015, l’INSECURITE et la PAUVRETE sont en concurrence de célébrité sur l’espace de l’IMPUNITE. Un espace élargi et embelli par la médiocre gouvernance du Président de la République, Ibrahim Boubacar Keita dit IBK. Au pouvoir depuis 2 ans, IBK, ce commandant de bord débordé, a perdu les commandes du commandement en commettant ces quatre péchés nuisibles au bon fonctionnement de tout Pouvoir :
1 – L’accumulation des erreurs monumentales non-corrigées
2 – La soumission aux nocives influences familiales
3 – Le manque de perspicacité dans le choix des proches collaborateurs
4 – Faire des promesses intenables et proférer des menaces aux opposants et à la presse
Il est important de noter que ces quatre péchés que nous énumérons et explicitons, de façon non exhaustive, sont à l’origine de la perte actuelle de contrôle du pouvoir de gestion du pays. IBK a cafouillé par manque d’humilité, de perspicacité et d’Autorité qui sont nécessaires à la bonne gestion d’une famille, d’une organisation, d’une ville… d’un pays.
1 – L’accumulation des erreurs monumentales non-corrigées
1ere erreur
Le mercredi 04 septembre 2013, dans la grande salle du CICB de Bamako, devant plus d’un millier de personnes, le nouveau Président de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Keita n’a pas prononcé, pendant sa prestation de serment, cette importante phrase : « je jure… de respecter et de faire respecter la Constitution et la loi ». Ce n’est pas grave. On peut se tromper surtout dans l’émotion d’avoir obtenu ce qu’on cherchait depuis près d’une vingtaine d’années. D’autres Présidents, comme Kérékou l’africain et Obama l’américain, dans les mêmes circonstances, ayant fait la même mauvaise lecture, ont bien accepté de se ressaisir après. Surtout que dans le cas d’IBK, il avait exceptionnellement prévu une 2eme investiture présidentielle pour le 19 septembre, du jamais vu au Mali. Ce qui fut grave, lors de sa 2eme investiture festive au stade du 26 mars de Bamako, devant plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement africains et occidentaux, notre grammairien Président a trouvé le moyen de se tromper pour dire : « Je respecterai(s) et ferai(s) respecter la Constitution du Mali. Inchallah », en changeant non seulement le temps des verbes ( de l’infinitif au future ou conditionnel) mais surtout en remplaçant, et la loi par Inchallah.
2eme erreur
Pendant sa 1ere investiture du 04 sept, IBK a commis une autre erreur en ces termes : «… Monsieur le Président Moussa TRAORE, El hadji Moussa TRAORE, Général Moussa TRAORE, votre présence ici aujourd’hui ne me surprend guère. Elle est le fait du grand républicain que vous êtes, mon général. On comprendra donc que les hommages commencent par vous…», avait ainsi qualifié un ancien président de la République dont la fin de ses 23 ans au pouvoir a été souillée par la tuerie de près de 400 manifestants qui réclamaient le multipartisme. Ce qualificatif collé au général par IBK, a provoqué un tollé général.
3eme erreur
Dans la décade de son investiture officielle, IBK a commis une autre erreur qui est une grave violation de la constitution malienne. Car, cette Loi fondamentale stipule en son article 37 qu’ « après la cérémonie d’investiture et dans un délai de 48 heures, le Président de la Cour Suprême reçoit publiquement la déclaration écrite des biens du Président de la République ». Au lieu de 48 heures, c’est aux environs de 120 heures(5 jours de retard) que cette déclaration a été faite en catimini. Cela, grâce aux nombreuses dénonciations d’irrégularité par la presse. Cette déclaration reste encore cachée, pourquoi ? Par manque d’humilité, IBK n’a pas voulu corriger ses erreurs. Si l’erreur nait d’une inattention momentanée, le refus de la corriger prouve un orgueil exagéré. Sinon, au lieu de continuer à jurer devant les gens que votre tête est bien rasée, ne serait-il pas simple et facile d’enlever le chapeau ?
2 – La soumission aux nocives influences familiales
Nous, au journal Option, sommes parmi les plus ébahis par l’étonnante volte-face comportementale de l’actuel président du Mali. A quelques mois de la fin de son mandat de Président de l’Assemblée Nationale du Mali, IBK qui était de passage à Montréal en été de 2006 nous a demandé d’organiser, en moins de 48 heures, une rencontre d’informations et d’échanges sur le Mali entre lui et la communauté malienne au Canada. Cette rencontre s’est tenue dans une grande et coquette salle de réunion d’hôtel avec la participation de plusieurs expatriés maliens. Etant l’organisateur et le modérateur de cette importante rencontre, nous étions assis avec IBK, sa femme Ami Maiga, son fils Karim Keita… face aux nombreux participants composés de travailleurs et d’étudiants. Ce jour, IBK a fait cette révélation qui a agréablement surpris toute l’assistance. Il a précisé qu’à la période où il exerçait sa fonction de Premier ministre, un Maire d’une Commune de Bamako avait donné à son petit-frère, enseignant de profession, un terrain à titre d’habitation. Il a demandé à son unique frère de rejeter ce genre de cadeau. Ce qui fut fait. Car, selon IBK, ce genre de don n’a été fait à son frère que dans le but d’obtenir quelque chose de lui le premier ministre. Il ne veut pas que ses relations familiales influent sur ses prises de décisions professionnelles. Beaucoup de gens l’ont applaudi et apprécié sa force de caractère. Nous avons encore l’enregistrement vidéo de ladite rencontre. Le petit-frère d’IBK nous a confirmé ce fait.
Nous sommes parmi ceux qui sont très ébahis de constater que ce même IBK devenu Président se laisse dominer par sa famille dans l’occupation des postes importants. Surtout un flagrant cas de son fils Karim qui est parvenu à hisser le père de sa femme à la présidence de l’Assemblée Nationale faisant de lui la 2eme personnalité du pays. D’où la tournure en dérision populaire du slogan de campagne d’IBK « Le Mali d’abord » en « La famille d’abord »
3 – Le manque de perspicacité dans le choix des proches collaborateurs
Une autre grosse surprise désagréable d’une grande majorité de maliens fut la publication par IBK des noms des membres de son premier gouvernement. Sans commentaire, lisez ces extraits de la réaction sur RFI du président, Moussa Boubacar Bah, de l’association Sabati 2012 dont la mobilisation nationale a été très déterminante dans l’élection d’IBK. Sur la composition du gouvernement, Bah n’a pas du tout caché sa déception : « Nous pensons que le président IBK n’a pas compris le peuple malien. Ce gouvernement ne traduit pas le changement voulu par le peuple…ces gens là n’incarnent pas le changement et le président n’était pas obligé de les prendre. Nous, nous l’avons choisi comme président de la République, parce que nous pensons qu’il est un homme du changement. Mais la composition de ce gouvernement nous inquiète. Je ne pense pas que le gouvernement traduit le changement voulu par le peuple avec des anciens ministres tels que Soumeylou Boubeye Maiga, Sada Samaké, Cheickné Hamadi Seydi Diawara, Moustaphe Dicko, Aissata Bengaly…nous pensons aujourd’hui que ces gens-là n’incarnent pas le changement »
L’objectivité de cette critique a été, six mois après, prouvée par la vraie démission du premier ministre, Oumar Tatam Ly qui a souligné « des dysfonctionnements et des insuffisances dans la marche du Gouvernement » avant de déplorer de n’avoir « pu convaincre… » IBK.
Un 2 eme et un 3 eme gouvernement, composés aussi majoritairement de gens très peu crédibles, choisis par parenté et « amitié », ont mis en exergue le manque de perspicacité du Président IBK. Il ne peut avoir cette capacité de discerner en faisant des choix de collaborateurs par complaisance tout en négligeant la compétence.
L’actuel Président IBK, a-t-il sitôt oublié, ses critiques très sévères, quand il était chef de l’opposition, contre la gouvernance de l’ancien Président ATT : « …le Mali est en danger, car sa sécurité et sa souveraineté sont menacées. Le Mali est en danger parce que la pauvreté est grandissante. Le Mali est en danger parce qu’il n’a pas à sa tête des hommes qu’il faut. N’a-t-on pas vu ici des ministres à «essai» ? Bref, le pouvoir actuel est incompétent et incapable et il doit s’en aller. Car il ne fait pas de la politique pour les Maliens mais pour un groupuscule. Pour relever le défi, le pays a besoin d’un démocrate compétent et ATT n’est ni l’un ni l’autre. Il est, certes, très gentil et formidable humainement. Cependant, il n’est pas celui qu’il faut pour la gestion du pays. Il a un Pouvoir légal et non légitime surtout quand on sait que la Cour Constitutionnelle, elle-même, a estimé qu’ils y a eu des fraudes massives lors des élections. Si l’administration est instrumentalisée pour tronquer les résultats des élections, nous sommes alors au Zimbabwe », En concluant, IBK rappelle une citation de l’écrivain Honoré de Balzac : « il n’y a de pire crime que de vouloir exercer un métier dont on n’a pas la compétence »
4 – Faire des promesses intenables et proférer des menaces aux opposants et à la presse
Partout au monde pendant une campagne électorale des candidats font beaucoup de promesses pour se faire élire. Il faut savoir charmer l’électorat. Une fois élu on n’est plus obligé de continuer à promettre des choses dont on n’est pas sûr de pouvoir réaliser. Pendant ces 2 années d’exercice du pouvoir, notre Président se croyait encore en campagne électorale. Les rares fois qu’il revient au pays après ses nombreux et coûteux voyages, il répète ses promesses et fait de nouvelles. Il profère des menaces de punition en pointant son index.
Dans une intervention faite, le mardi 26 novembre 2013, en bambara au micro de notre confrère, Kassim Traoré, il répéta : « J’ai juré devant les Maliens, que je ne viendrai pas au pouvoir pour me remplir les poches. Je ne l’ai pas fait en tant que Premier ministre, président de l’Assemblée nationale, et je ne le ferai sûrement pas aujourd’hui. La confiance que le peuple malien a placée en moi, me suffit amplement aujourd’hui. Je suis là pour protéger les biens du pays. Un franc du contribuable malien ne sera mis dans autre chose que pour le bien-être du peuple malien. Ceux qui sont passés maîtres dans l’art de détourner les biens de l’Etat ou l’argent public, qui gagnent des millions et des milliards sur le dos du pauvre peuple malien, qu’ils sachent que les choses ont changé… »
Suite à la tuerie barbare de nombreux militaires et administrateurs civils par les rebelles lors de la bataille sanglante de Kidal en mai 2014, vous avez solennellement promis aux maliens dans votre message à la nation : « … Sous les balles de snipers qui n’hésitent pas, à leur manière lâche, à se servir de femmes et d’enfants comme chair à canon, comme bouclier humain placé entre deux feux, des soldats de l’armée malienne ainsi que de paisibles citoyens, sont tombés…Je vous fais le serment que ces crimes odieux ne resteront pas impunis… » Pour tenir cette promesse de punition, le Prési IBK a libéré inexplicablement, sans jugement, plusieurs rebelles sanguinaires que la partie malienne détenait.
Quant aux menaces, il lançait : « Aucun groupe armé ne se hissera à ma hauteur pour discuter d’égal à égal autour d’une table… On ne me bouscule pas. On ne me trimbale pas… Tous ceux qui seront pris la main dans le sac, vont rendre compte. J’y serai attentif…Je ne peux pas comprendre, accepter ou tolérer, a fortiori, être complaisant à l’égard de cette immonde corruption qui gangrène la gestion de l’Etat. C’est pourquoi, loin d’une rengaine, je le dis avec force conviction, je suis déterminé à organiser implacablement la lutte contre la corruption sur la base d’un principe intangible : «Tolérance Zéro», sans aucune exception ! Le Mali a trop longtemps saigné ; il est temps d’arrêter l’hémorragie. Pour ma part, je vous le redis ici : nul ne sera au-dessus de la loi. Nul ne s’enrichira impunément sur le dos du Mali. Nul ne se soustraira à l’obligation de rendre compte…»
Dans son message à la nation de nouvel an 2014, il amplifia : « Oui, je dis et redis que l’argent des Maliens est sacré et qu’il faut désormais l’utiliser à bon escient.
C’est pourquoi, je décrète l’année 2014, année de la lutte contre la corruption. Un combat dans lequel je demande à chaque malienne, chaque malien, de s’engager avec moi. Nul ne s’enrichira plus illégalement et impunément sous notre mandat, Incha’Allah. »
Dès après la proclamation de l’année 2014 comme celle de la traque des corrupteurs et voleurs, ce sont des proches collaborateurs du Président IBK, membres de son cercle familial et amical, qui ont été impliqués dans un terrible détournement de 38 milliards de francs cfa lors des transactions d’achats de l’avion présidentiel et des équipements militaires. Parmi eux, personne n’a été inquiété dans l’atmosphère ambiante de l’impunité.
Depuis 2 ans, le Mali est comme un avion qui tourne en rond dans des zones de turbulences.
Sur le plan démocratique : Les opposants politiques acculés
Dès après la victoire triomphale d’IBK au 2eme tour de la présidentielle, son adversaire, bon perdant, Soumaila Cissé, a pris une position sans ambiguïté. Optant pour la vraie opposition, Soumi a précisé que ni lui ni les autres membres de son parti URD, ne seront dans le gouvernement de son rival politique.
L’autre opposant, très visible et trop dérangeant pour le Pouvoir, Tiébilé Dramé et son parti, PARENA, ont préparé un document intitulé : Déclaration du PARENA : IBK, sept mois après : Le Mali dans l’impasse. Ce document, soigneusement préparé et présenté, a été soutenu par écrit par le parti URD. A la fois saillant et saignant, cette Déclaration faite le 17 avril 2014, en 28 points, sur la gestion médiocre du Pouvoir, n’a laissé personne indifférent. Mais, IBK, ne l’a pas du tout gobé.
Il a alors répliqué : Les opposants du PARENA et leurs soutiens sont traités de « hasidi », des envieux. Parce qu’ils n’ont pas été nommés au gouvernement. « Ntè, N’touta! Je ne les prends pas dans mon gouvernement ! Et qu’ils prennent garde : tous ceux d’entre eux qui ont détourné les biens publics rendront compte ! », sans d’autres commentaires.
La Liberté de la Presse entravée
C’est le fait que la Presse malienne, en grande majorité, a sévèrement critiqué ce laxisme notoire du régime, qu’elle a été la cible des attaques du Président IBK, de son fils Karim et de certains responsables de son Parti, RPM. N’ayant pu contrôler son émotion, IBK, trop remonté contre la presse, la qualifia de radio cancan. Selon le dictionnaire électronique, Cancan signifie : Commérage, médisant et calomnieux. IBK soutient que : « Dans ce pays, Radio cancan marche à pleines ondes. De manière univoque, il serait souhaitable que de temps en temps une voix autre vienne au secours de la vérité. Cette voix devrait être la vôtre. Mais si Radio Kankan arrive à vous abuser, vous, quoi faire ?, que faire ? Là est la question. Une majorité présidentielle n’a de sens que si elle est en soutien intelligent, constant, opposé. Votre volonté politique, je vous le dis en toute franchise, m’a laissé sur ma faim… Si une douleur a été mienne, ces temps-ci, c’est bien celle-là…»
Il martèle à une autre occasion : « N’importe qui ne doit pas devenir journaliste. La plume ne doit pas se retrouver dans les mains de n’importe qui. Je veux bien aider la presse mais pas les médiocres », et le président de tous les maliens, dans son amertume, sans toucher à l’aide(1,888 milliard) aux partis politiques, réduisit l’aide annuelle à la presse à 90 millions. Cette aide n’étant pas budgétisée, a été instaurée par l’ancien président Alpha Oumar Konaré qui octroyait à la presse 200 millions annuels. Pourtant, Alpha fut le président le plus médiatiquement matraqué au Mali. Par contre, nos confrères des pays voisins comme le Sénégal et la Cote d’Ivoire, obtiennent de leurs dirigeants une aide à la presse budgétisée variant entre 800 millions et 1 milliard.
Quant à Karim Keita, fils du président IBK, se plaisant dans l’exercice du sadisme anti presse, s’est essayé dans le sarcasme contre notre confrère, Kassim Traoré du journal Reporter ainsi : « Je réclame 5% aux radios et journaux s’ils font trop de profit sur mon nom et mon image… » Quoi de surprenant que le fils fasse comme le père ?
Il y a à peine un mois, c’était le tour du Secrétaire Politique du RPM, parti présidentiel, monsieur Nancouma Keita, membre fondateur de cette formation politique, de gravement menacer un confrère du quotidien Républicain en ces termes : « …On ne dit pas à son gouvernement qu’il est sapeur pompier… Si nous rapportons çà à d’autres niveaux, celui qui a posé la question va se faire mal voir. Parce que n’oubliez pas qu’on est au pouvoir et qu’on peut vous créer la misère. »
Cette menace d’un tenant du Pouvoir n’est pas futile. Car, en février dernier, une dizaine de personnes dont 2 journalistes, l’un du Prétoire et l’autre de Option, ont été emprisonnés, dans des conditions inhumaines. C’était lors d’une manifestation pacifique légale contre le fameux Accord d’Alger 2015 finalement signé par le Mali et ses rebelles. Quelle démocratie musclée ! Lire sur internet cet article détaillant les faits : « Ce pouvoir paniqué emprisonne…»
Toute tentative de musèlement de la presse sera vaine. Tout comme nous l’avions déjà mentionné à la une d’un de nos écrits sur la liberté de la presse : « Quelque soit sa puissance politique ou financière, une personne intelligente préférera combattre une centaine de gens armés de couteaux que de se battre contre une femme ou un homme de presse munie de micro ou de plume. Parce que… »
Dans le même ordre d’idée de la démocratie occidentale africanisée, nous souhaitons vous faire découvrir les extraits du premier livre d’un jeune écrivain malien, Abdoul Karim Koné. Intitulé : Péréquation nord-sud, ce livre d’Abdoul a un contenu brillant et vibrant de pragmatisme. A la page 57, il précise : « Considérons un pays comme le « train démocratique » ;
– Les médias représentent les premiers conducteurs, car ils sont aujourd’hui les yeux, les narines, les oreilles et la bouche du monde contemporain. Ils sont presque les seuls à pouvoir surveiller de très près les gestes des dirigeants et de les commenter et même critiquer les actions, les programmes, les politiques des gouvernements et des représentants publics ;
– Les Hommes politiques représentent les co-conducteurs du train démocratique, car ils sont le cerveau du monde contemporain ;
– Les portes d’entrée légales de la locomotive du train démocratique sont tous regroupements permettant aux Citoyens partageant des objectifs similaires de se mettre ensemble pour promouvoir un programme commun ;
– Le moteur du train démocratique est constitué de quatre systèmes qui sont…»
Sur le plan alimentaire et humanitaire
Officiellement, le Mali a près de 15 millions d’habitants.
Le Coordonnateur humanitaire régional pour le Sahel, M. Toby Lanzer, vient de terminer une mission de cinq jours au Mali. Le constat de sa mission est amer :
« 3,1 millions de Maliens sont touchés par l’insécurité alimentaire, dont 410 000 en besoin d’aide immédiate. Les communautés pastorales dans le nord et le centre du pays sont dans une situation particulièrement précaire. D’importantes pénuries d’eau et un manque de fourrage mettent en péril leurs moyens de subsistance. À l’échelle du pays, plus de 715 000 enfants sont menacés par la malnutrition aigüe ». Des informations complémentaires sont accessibles sur leur site: www.unocha.org/sahel2015
Sur le plan budgétaire
Début mai 2015, le BVG, Bureau du Vérificateur Général, a révélé qu’au titre de 2013-2014, ce sont 153 milliards de frcs CFA qui ont été volés par différents départements ministériels. De tels gros trous financiers devraient contraindre l’Etat malien à réduire son train de vie. Malheureusement, tel ne fut pas le cas. Au lieu de diminuer le gaspillage, l’Etat, au rythme de la bourgeoisie de son chef, IBK, a augmenté ses besoins de prestige. Regardez ce budget de mépris envers les pauvres en cette période de crise inouïe :
– Pour la Présidence de la République, le budget des dépenses passe de 9 331 271 000 milliards de Fcfa en 2014 à 14 652 575 000 milliards de CFA pour 2015.
– Le budget de l’Assemblée nationale n’a pas non plus perdu du poids. Il a aussi connu un grossissement remarquable. On constate une augmentation de graisse corporelle de 10 milliards de CFA en 2014 à 12 milliards et demi de CFA pour cette même année 2015. Pour ne citer que ces deux cas.
– Voyons cette autre mégalomanie dépensière par la réservation de 8 milliards de CFA pour construire un pavillon présidentiel à l’aéroport international de Bamako – Sénou au lieu d’investir ce montant dans l’amélioration des capacités de nos hôpitaux manquant de moyens adéquats.
Sur le plan scolaire
Ce milieu de l’éducation juvénile a été doublement et lourdement secoué. Des secousses dues aux diverses protestations et interruptions faites par les élèves, les étudiants et les enseignants pour obtenir des améliorations de leurs conditions. Conséquences : Grande baisse de niveau et forte augmentation des fraudes aux examens. Voici une comparaison chiffrée entre les performances scolaires aux examens des 2 dernières années d’ATT ( 2010 – 2011) au pouvoir et les 2 premières (2014 – 2015) du régime IBK.
Taux de réussite au baccalauréat : Sous ATT, en 2010 = 29,18%. En 2011 = 31, 46%. Sous IBK, en 2014 = 16, 27%. En 2015 = 17, 99%. Pendant ces deux dernières années, 2014 et 2015, les notes sexuellement transmissibles et les ventes des sujets d’examens ont atteint un niveau record.
Sur le plan socioéconomique
Le Mali est actuellement en marasme économique. Le fossé s’est largement agrandi entre les riches qui continuent à s’enrichir énormément face aux pauvres pataugeant dans l’indigence. Ce communiqué gouvernemental du 20 juin 2014 annonçant une hausse des tarifs d’électricité à partir du 1er juillet 2014, ne perturbe encore que les pauvres : «…Ladite directive est prise conformément à l’Ordonnance n° 00-19/P-RM du 15 mars 2000 portant organisation du secteur de l’électricité aux termes de laquelle, les tarifs doivent contribuer au rétablissement de l’équilibre d’exploitation des opérateurs. – Tarif heure pointe: 110 FCFA / kWh contre 98 FCFA ancien ; – Tarif heure pleine : 75 FCFA / kWh contre 71 FCFA ancien ; – Tarif heure creuse : 55 FCFA / kWh contre 48 FCFA ancien. »
Quant aux prix des nourritures, ils n’échappent pas aux augmentations comme l’a mentionné vers la fin du mois d’aout 2014 un confrère du journal gouvernemental, l’Essor : «…Viande, volaille et poisson : les prix poussent des ailes. Jamais la hausse des prix de la viande n’avait atteint un tel niveau…au marché Dibida, le kg de viande de bœuf avec os est passé en l’espace de 3 mois de 1600 Fcfa à 2300 Fcfa et le gigot sans os de 2000 Fcfa à 2500 Fcfa. Quant au foie de bœuf, particulièrement prisé par les gargotières, il est aujourd’hui vendu à 3250 Fcfa/kg contre 2400 Fcfa avant le Ramadan. Sur certains marchés, l’envolée est encore plus marquée.
C’est le cas du marché de Kalabancoro et Banakabougou où le kg de viande avec os coûte 2350 Fcfa tandis qu’il faut débourser 2600 Fcfa pour le kg de viande sans os… Et depuis le début de l’hivernage, les bœufs sont devenus très chers, et les vrais taureaux bien en chair sont même rares. Il y a 3 mois, un bon taureau coûtait entre 350.000 à 500.000 Fcfa selon le poids. Mais aujourd’hui, il faut débourser entre 750.000 voire 900.000 Fcfa pour le même animal. Nous n’avons donc pas d’autres choix que de réorganiser un peu les prix »
Ainsi, que feront ces milliers de jeunes diplômés chômeurs annuellement déversés sur le terrain de l’emploi de plus en plus aride ?
Sur le plan sécuritaire
Pendant ces 2 dernières années, le Mali a connu une recrudescence de l’insécurité virulente jamais égalée depuis l’indépendance. Moins d’une dizaine de minutes après le bouclage de ce numéro ce dimanche 13 septembre, nous avons appris et obtenu la confirmation de la mort violente d’un gendarme dans l’exercice de sa fonction. Après l’avoir tué lors de l’attaque de son poste de sécurité de Bankass que surveillaient trois gendarmes, les bandits armés sont allés incendier quelques véhicules et le domicile du sous-préfet qui n’y était pas.
Par nécessité de concision, nous ne remonterons pas au mois de septembre 2013(Investiture présidentielle) pour énumérer les attaques meurtrières faites par des bandits armés (rebelles ou islamistes) qui ne cessent d’endeuiller les maliens sous les regards impuissants de leurs dirigeants. Nous nous limiterons à la période postérieure aux signatures foireuses d’un accord d’Alger 2015 compromettant l’unicité malienne. Car, cet Accord privilégie les citoyens du nord au détriment de ceux du sud. Un accord qui raccorde des désaccords brûlant la Maison-Mali. Dans un numéro spécial que nous avons consacré à cet accord des désaccords, un de nos titres précisait : « Pas de tournures : IBK, i kana signé! Ne signez pas, je vous prie ! NBI DELI !
Par contre si vous signez cet Accord d’Alger 2015 dynamiteur, il sera dit dans l’histoire qu’un pays ouest africain qui s’appelait Mali a lamentablement disparu. Que ce Mali a été confirmé en septembre 1960 par son père fondateur, Modibo Daba Keita, avant d’être consumé en mai 2015 par son maitre démolisseur, Ibrahim Boubacar Keita »
Conclusion
« Les gens trompés et affamés peuvent momentanément essuyer sur eux des salives de l’impunité et de l’avidité mais, ils ne se laisseront jamais tremper sans éloigner d’eux le trompeur et l’affameur », de Lacine Diawara, romancier et poète.
Au commencement le Président de la République, IBK, a reçu des maliens toutes les commandes du Pouvoir. Animé de sentimentalisme envers sa famille et ses amis, le président a utilisé ses commandes avec tâtonnement. Par des accumulations de fautes dans le commandement, le commandant à bord, trop débordé, a perdu totalement les commandes pendant que l’avion tourne en rond dans des zones de turbulences. Le devoir de tous les citoyens passager à bord, est de contribuer à faire atterrir cet avion en évitant tout accident mortel. Paniqués ou dégoutés, plusieurs membres de son équipage commencent à s’éloigner de lui : Le samedi 5 septembre dernier, la grande salle de 1000 places du CICB était réservée pour fêter les 2 années du Pouvoir de IBK.
Sur les 67 partis membres du CMP, Convention des partis politiques de la majorité présidentielle, moins d’une dizaine de partis s’est présentée. La plupart des grands partis, dont certains sont représentés dans le gouvernement, ont brillé par leur absence. Le danger est là, évitons le d’abord. Comme l’ont dit ces deux jeunes rappeurs talentueux et engagés, Master Soumy et Mylmo. A écouter les chansons: « Confession présidentielle no.1 » de Mylmo faite en 2014 et surtout : « L’heure est grave » de Master Soumy sortie le mois dernier.
Doit-on alors se demander pourquoi les pays du sud sous développés sont les plus souvent confrontés aux problèmes de démocratisation et de développement contrairement aux pays occidentaux. Le jeune écrivain, Abdoul Karim Koné, dans son livre : Péréquation nord – sud, nous fait, dans ces extraits, une analyse originale : « La gouvernance démocratique au Nord est à l’image de la maline vie du lièvre – la gouvernance démocratique au Sud est à l’image de la saute et lente vie de la tortue
Le lièvre étant considéré physiquement parmi les plus faibles des animaux de la jungle, il assure quand même très bien sa survie dans un monde sans pitié à cause de sa rapidité et son intelligence, telle est exactement le même cas pour la plupart des pays dits développés, ne disposant pas de matières premières, mais qui se sont industrialisés quand même à cause de leurs modes de gouvernance démocratique efficace et intelligente d’où l’expression personnelle « lièvrecratie ».
Par ailleurs, la tortue étant considérée parmi les plus lents et inintelligents des animaux, sa survie est heureusement assurée par la grâce de Dieu à cause son bouclier naturel, telle est exactement la situation actuelle des pays sous-développés qui regorgent plus de la moitié des ressources naturelles mondiales, mais qui souffrent depuis toujours à cause de la mauvaise et stupide gouvernance d’où l’expression personnelle « tortuecratie autrement dit en langue mandingue, korokarassigui »
Feu Ousmane Sow, ancien Directeur de publication de votre journal, nous a laissé cette habitude de donner une appellation comique à nos très chers dirigeants. Il avait trouvé : « Notre très cher général président bien-aimé, ATT ». Nous avions continué : « Notre très cher clément président porteur d’écharpe, Dioncounda » Et nous trouvons maintenant « Notre très bon pilote président IBK plébiscité mais perturbé par sa famille d’abord et ses « amis » à bord »
Lacine Diawara en vacances à Montréal
Le Journal Option 7/09/2015