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Les ministres des affaires étrangères du G7 ont appelé mardi 18 avril à l’arrêt « immédiat » des combats au Soudan. Depuis samedi, les affrontements entre l’armée régulière du général Abdel Fattah Al-Bourhane et les forces paramilitaires de son ancien allié, le général Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti », ont déjà fait près de 200 morts et au moins 1 800 blessés, selon l’Organisation des Nations unies (ONU).
« Nous demandons instamment à toutes les parties de mettre immédiatement fin à la violence, de désamorcer les tensions et de rétablir un régime civil au Soudan », ont déclaré les ministres des affaires étrangères des principaux pays industrialisés à l’issue de leur réunion au Japon.
Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, s’est, pour sa part, entretenu mardi séparément avec les deux généraux rivaux luttant pour le pouvoir au Soudan et a insisté « sur l’urgence d’aboutir à un cessez-le-feu », selon son porte-parole, Vedant Patel.
Un cessez-le-feu « permettrait de fournir l’aide humanitaire aux personnes affectées par les combats, de réunir des familles soudanaises [dispersées par les combats] et d’assurer la sécurité des membres de la communauté internationale à Khartoum », selon les propos de M. Blinken rapportés par M. Patel dans une déclaration.
Lundi, un convoi diplomatique américain au Soudan a essuyé des tirs, mais personne n’a été blessé. Antony Blinken a évoqué un acte « irresponsable ». Ce même jour, l’ambassadeur de l’Union européenne dans le pays avait été agressé à son domicile.
« Les Soudanais veulent que les militaires rentrent dans les casernes. Ils veulent la démocratie. Ils veulent un gouvernement dirigé par des civils. Le Soudan doit retrouver cette voie », a insisté depuis le Japon le chef de la diplomatie américaine.
A Khartoum, deux hôpitaux évacués
Dans le ciel de Khartoum, les avions de l’armée du général Al-Bourhane tentent de venir à bout des tirs intenses des blindés des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), commandé par le général Hemetti. Il était impossible lundi de savoir quelle force contrôle quoi.
Les FSR ont annoncé avoir pris l’aéroport et être entrés dans le palais présidentiel, ce que l’armée a nié. L’armée assure, de son côté, tenir le quartier général de son état-major, l’un des principaux complexes du pouvoir à Khartoum. Quant à la télévision d’Etat, après deux jours de combats à ses abords, elle diffuse désormais des images et des communiqués de l’armée, qui assure avoir regagné du terrain en de nombreux endroits.
Au moins deux hôpitaux de Khartoum ont été évacués « alors que roquettes et balles criblaient leurs murs », ont annoncé des médecins qui disent n’avoir plus de poches de sang ni d’équipements pour soigner les blessés.
Médecins sans frontières (MSF) rapporte avoir accueilli lundi 136 blessés dans son dernier hôpital fonctionnel au Darfour du Nord. « La majorité sont des civils qui ont été pris sous les tirs, dont beaucoup d’enfants », rapporte l’ONG. « Onze sont morts » samedi et dimanche faute d’équipement et de personnel.
Dans la capitale, depuis le déclenchement des combats samedi, les habitants se barricadent dans leurs maisons. Au-dessus d’eux, des colonnes d’épaisse fumée noire s’élèvent, une odeur de poudre flotte et chacun se demande quand l’électricité et l’eau courante reviendront.
L’Egypte convoque un conseil de défense
Lundi, les contacts diplomatiques ont semblé s’intensifier. L’ONU a appelé les deux généraux à « cesser immédiatement les hostilités », car elles pourraient être « dévastatrices pour le pays et toute la région ». Mais l’émissaire des Nations Unies au Soudan, Volker Perthes, s’est dit peu optimiste sur un retour rapide au dialogue. « Il est difficile d’évaluer dans quel sens l’équilibre évolue », a-t-il confié.
En fin de journée, l’Egypte, grand voisin influent, a annoncé avoir discuté de la situation avec l’Arabie saoudite, le Soudan du Sud et Djibouti, trois autres acteurs importants au Soudan, ainsi qu’avec Paris. Le Qatar, de son côté, s’est entretenu avec le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, censé se rendre au plus vite au Soudan, au-dessus duquel plus aucun avion ne vole.
Signe que le sujet préoccupe Le Caire, le président, Abdel Fattah Al-Sissi, a convoqué lundi soir un rare conseil de défense. Il a dit avoir plaidé auprès des deux camps pour « un retour à la table des négociations » et travaillé au « retour » de « formateurs » militaires égyptiens enlevés samedi sur une base aérienne du Nord par les FSR. Le général Hemetti assure qu’ils sont « en sécurité ».