Une fois n’est pas coutume, dit-on. Le président IBK a sacrifié au traditionnel vœu de fin de ramadan. Devant le gouvernement, les autorités religieuses, les autorités traditionnelles, les institutions de la République et les représentations diplomatiques, le président Malien, dans son discours, a tenu à mettre les points sur les i. « …Je le dis avec gravité et avec solennité, face au peuple malien : chacun répondra devant l’histoire de ce peuple de ce pays et devant nous de son degré d’engagement patriotique, de sa loyauté à accomplir parfaitement et totalement les missions assignées. Nous serons sans aucun état d’âme… Le temps du travail, bien fait, et honnêtement fait, pas au préjudice du Mali, parce que moi je veux des dividendes, je veux des rétro-commissions Non!!! Non!!! Je serais impitoyable désormais. Des rétro-commissions sur le dos du Mali? Dans un domaine où il y a un besoin avéré? Mais c’est criminel simplement, et ça mérite le traitement réservé à un criminel, à un criminel.
Et ce sera ainsi, Monsieur le Premier Ministre, Inch’Allah. Je nous sais en accord parfait là-dessus. Trop de dérives, trop! Il suffit! Je pense tout a été dit, et l’on verra le maçon au pied de l’ouvrage, Inch Allah. », a déclaré IBK. Un disque rayé, selon bon nombre de Maliens car le président malien est devenu un spécialiste du discours de ce genre. D’ailleurs, l’année 2014 avait été décrétée année de lutte contre la corruption, sans grand effet dans les faits. Le pouvoir IBK va bientôt boucler sa deuxième année d’existence sans aucun acte vraiment majeur, en dehors du partage du pouvoir qui n’est pas un butin. Les Maliens attendent toujours un hypothétique changement qui tarde. Le président, élu par 77% du suffrage exprimé, fait du verbiage et navigue à vue. Pour preuve, les Maliens ont fêté dans la douleur.
Les prix, malgré l’assurance donnée par les autorités, ont pris de l’ascenseur à l’approche de la fête du ramadan. La gestion familiale et clanique du pouvoir continue de plus belle. Issaka Sidibé, le beau-père du fils du président, président de l’Assemblée nationale, s’est fixé, apparemment, comme mission de défendre bec et ongles le pouvoir allant jusqu’à empêcher les honorables députés (majorité et opposition) de faire leur mission de contrôle de l’action gouvernementale. L’exemple illustratif est l’interpellation du ministre Sada Samaké par l’honorable Oumar Mariko, député de la mouvance présidentielle. L’honorable Karim Keïta, le fils prodige d’IBK, plus sollicité que le président de la République himself, se prépare pour une transmission monarchique du pouvoir.
En effet, le très célèbre HKK ne rate aucune occasion pour occuper l’espace public. Et tout est fait pour le propulser au-devant de la scène. Le JT de 20h de la chaîne publique est pris en otage pour sa visibilité. Le travail promis aux jeunes est encore à l’état de vœux pieux. En presque 2 ans, IBK a déjà essayé trois Premiers ministres (Tatam Ly, Moussa Mara, Modibo Keita) mais il n’a toujours pas trouvé de solution pour la satisfaction des préoccupations des Maliens, tâche pour laquelle il a été élu. Les slogans “le Mali d’abord” et “Pour l’honneur du Mali et pour le bonheur des Maliens » sont tous les jours démentis par les faits.22 mois après, les Maliens restent encore sur leur faim. La mauvaise gouvernance a atteint un niveau sans précédent.
Le Mali est tenu en haleine, presqu’otage de la chasse aux biens et fonds publics volés par des individus qui ont trahi la confiance du peuple pour se muer en prédateurs de notre République. Après l’affaire de l’achat de l’avion présidentiel, de détournements de fonds dans l’achat de matériels militaires. .., des ministres de la République sont impliqués dans l’affaire dite de l’engrais frelaté. L’insécurité a atteint son paroxysme. Du nord, elle s’est déplacée au Centre, au sud et à l’ouest du pays. Le processus pour la paix et la réconciliation est dans l’impasse.
Le comité de suivi de l’accord est encore à l’étape embryonnaire. Le peuple attend du pouvoir en place qu’il pose des actes forts, sentis et vécus pour améliorer les conditions d’existence du peuple toujours en attente et de plus en plus impatient. Les vrais défis sont : la consolidation de notre Etat de droit et le respect de toutes nos institutions, la restauration de nos valeurs civiques et morales malmenées et de vrais chantiers pour un développement économique et social durable de toutes les régions de notre pays. Ce sont là les vraies attentes du peuple malien.…
Madiassa Kaba Diakité
Source: Le Républicain-Mali 21/07/2015