Le peuple malien tout comme ceux de la sous-région, a soif de paix, de stabilité et de bien-être social. Plongé dans une crise multidimensionnelle depuis 2012, le vaillant et intrépide peuple refuse de céder à la fatale et cherche avec détermination sa voie de sortie de crises. Les Maliens dans leur grande majorité sont victimes de la gouvernance chaotique du régime IBK, avec son corolaire de corruption, d’insécurité, de chômage, de précarité et de sous-développement. L’Organisation sous régionale qui est la CEDEAO, censée voler au secours des peuples en détresse, s’accoquine plutôt avec les chefs d’Etats au détriment des populations. Au Mali, après trois tentatives infructueuses, elle tente de sauver ce qui pourrait l’être afin d’empêcher la digue qui protège les pays du sahel de céder et d’être inondés. Son sommet extraordinaire de ce lundi s’inscrit dans ce cadre.
Ce sommet extraordinaire des chefs d’Etats de la CEDEAO, considéré comme celui de la dernière chance, doit apporter la thérapie nécessaire au Mali pour éviter que ce pays ne s’effondre pas dans un sahel en proie au Djihadisme, dans une sous-région ouest africaine instable politiquement et dans une Afrique confrontée au marasme économique dû au COVID-19. Les chefs d’Etats de la CEDEAO doivent comprendre qu’un embrasement du Mali n’épargnerait aucun Etat de la sous-région d’où l’appellation de la dernière digue protectrice.
Pour rappel, le Mali, ce vaste territoire, trois fois plus grand que la France, est devenu l’épicentre du combat contre le terrorisme depuis 2012. Pendant huit ans le peuple malien attend impatiemment la paix, la sécurité, la stabilité, le bonheur et surtout une gouvernance vertueuse. L’espoir qui était celui d’une frange importante du peuple qui a élu IBK en 2013 afin de satisfaire les nombreuses attentes, a été déçu. L’insécurité est grandissante et s’est généralisée, la corruption est endémique, l’école est agonisante, la santé est inaccessible pour un plus grand nombre des citoyens, la précarité touche un nombre considérable des citoyens, la liste est loin d’être exhaustive. C’est fort de cet amer constat qu’un Mouvement est né, le M5 RFP, pour dire non à la mauvaise gouvernance, à l’injustice, à la corruption. Comme réponse aux légitimes revendications le régime IBK a jugé bon de faire taire la contestation en utilisant la force et surtout en tirant à balles réelles sur des manifestants aux mains nues. Sidéré par la mort d’au moins 23 civils, le M5 RFP a tout simplement demandé la démission d’IBK, avant de décider de paralyser tout le pays par une désobéissance civile en attendant d’obtenir le départ du Président de la République.
Les chefs d’Etats de la CEDEAO, au lieu de se poser les bonnes questions au sujet du Mali, soutiennent aveuglement IBK en opposant une fin de non-recevoir à la demande de démission de ses opposants et en rejetant toutes leurs revendications. Cette posture à la fois arrogante et dissuasive de l’organisation sous régionale n’a fait qu’exacerber la tension sociale et radicaliser les leaders du mouvement du 5 juin qui n’ont pas manqué de lancer un appel patriotique à la résistance et à la mobilisation du peuple insoumis et non résigné du Mali.
La CEDEAO, pour parer au plus pressé et pour ne pas exacerber la crise et susciter en les maliens le sentiment de nationalisme, doit, au cours de son sommet extraordinaire, intégrer les dimensions sociopolitiques et les revendications légitimes du peuple pour que le sommet extraordinaire sur la crise du Mali puisse aboutir à une décrispation totale de la situation, au grand bonheur des maliens et des peuples de la CEDEAO.
Youssouf Sissoko