SOMILO-SA 52 travailleurs licenciés suite à une grève

Après avoir obtenu la promesse qu’il n’y aurait pas de représailles après la reprise du travail, lors de médiations menées par une délégation composée d’émissaires du leader religieux Ousmane Cherif Madane Haïdara, de chefs de village et imams, 52 travailleurs de Somilo-sa, filiale de «Randgold Resources », viennent d’être licenciés par les responsables de ladite société.
Selon des sources bien introduites, tout est parti de la grève observée par les travailleurs qui demandaient à l’époque une augmentation de salaire de 50% et l’inscription des agents à l’INPS. Pour la satisfaction des revendications formulées par les travailleurs, des négociations furent engagées entre les deux parties (direction et personnel). Au cours desquelles, un comité de suivi a été mis en place après qu’un accord eut été trouvé. Il restait seulement que le document soit signé par les deux parties le lendemain.
Malheureusement, les deux parties n’ont pas pu accorder leurs violons. Car, selon nos sources, une phrase aurait été modifiée par la direction notamment en rapport avec les primes de risque. Face à cette situation, les délégués du personnel ont refusé de signer le document d’entente. D’autant que, selon les mêmes sources, il fallait retourner informer la base de cette modification constatée dans le document.
Après des échanges avec la base, le comité syndical en a reçu l’autorisation mais tout en poursuivant les négociations durant toute l’année 2017. En 2018, le collectif des travailleurs a été informé de la fusion de la société avec une autre. Le 6 décembre 2018, la direction a informé les travailleurs de son incapacité à honorer les promesses prises. Une goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Face à ces frustrations acculées, les travailleurs ont décidé de passer à la vitesse supérieure en organisant un sit-in général sur le site de la mine. Un mouvement général qui a perturbé les activités de la mine mercredi et jeudi 8 décembre 2018. Dépassée par la tournure des évènements, la direction de la mine s’est rabattue sur le gouverneur de Kayes en l’informant du refus des agents de la mine de travailler.
Dans la foulée, le gouverneur a dépêché un contingent de forces de l’ordre sur les lieux. Ces éléments, une fois sur place, ont demandé aux travailleurs grévistes de libérer les lieux, malgré l’intervention du maire de Djidjan.
Mais avant de s’exécuter, les travailleurs ont demandé qu’une note leur soit remise pour certifier qu’ils n’ont pas abandonné leurs postes de travail. Ce qui ne fut guère fait en raison notamment de la pression du CB de Kayes. Au même moment, des négociations étaient menées par le chef de village, le maire et d’autres personnalités. Elles ont toutes échoué.
Les menaces de la direction de la mine
C’est dans ce tohu-bohu que la direction a envoyé une note aux travailleurs pour leur demander de rejoindre leurs postes le 13 décembre 2018, assortie de la menace que tout refus serait considéré comme un abandon de poste. Pour tenter de trouver un terrain d’entente, une délégation des travailleurs s’est rendue à Kayes pour rencontrer le gouverneur et l’inspecteur du travail, en vue de les informer de la situation.
Au même moment, le ministère des Mines a été informé ainsi que Ousmane Cherif Madane Haïdara. C’est ainsi qu’une délégation composée de chefs de village, d’émissaires du leader religieux Ousmane Cherif Madane Haïdara ont rencontré la direction de la mine en vue de résoudre le problème. À l’issue de cette rencontre, il a été demandé aux agents par les médiateurs de reprendre le travail. Pour ce faire, il fallait une garantie pour se mettre à l’abri de tout autre désagrément. C’est ainsi que les travailleurs ont demandé qu’une note leur soit adressée, qui les prémunirait d’éventuelles représailles après la reprise du travail.
Quelques semaines après et à leur grande surprise, une lettre d’explication est sortie le 26 décembre 2018. Celle-ci a été suivie au mois de janvier d’une autre lettre pour conseil de discipline interpellant plusieurs personnes. Quelques semaines plus tard, la direction de la mine a informé les chefs de village du licenciement de 52 travailleurs. Et les agents concernés ont été informés de la rupture de leur contrat de travail à compter du 10 février 2019.
Raison invoquée dans la lettre : «l’arrêt illégal du travail dans la période allant du 5 au 11 décembre 2018». Dans la même lettre, il est aussi demandé aux personnes concernées de restituer tous les biens appartenant à la société d’une part et d’autre part de s’acquitter de toutes les dettes contractées avec la société. Malgré les négociations menées par les chefs de village, ces personnes ont été purement et simplement licenciées sans droit après 10 ans voire 13 ans de travail pour certains.
Informé de la situation, l’inspecteur du travail de Kayes a fait savoir qu’il n’y pouvait rien, rapportent nos sources. Pis, les comptes bancaires des travailleurs licenciés ont été saisis, leurs cotisations à l’AMO et l’INPS ont été également suspendues.
Voilà ce que dit le contrat
Pourtant, les termes du contrat sont clairs. L’article 8 du contrat stipule que le contrat ne pourra être résilié que par l’une ou l’autre partie conformément aux dispositions du Code du Travail et de la Convention Collective ci-dessus indiquée. À cet égard, poursuit l’article 8, la partie qui prend l’initiative de la cessation de la relation de travail est tenue au respect d’un préavis conformément aux dispositions de la convention collective citée ci-dessus.
Plus loin, dans l’article 10 dudit contrat, il est mentionné que les parties conviennent que les litiges nés de l’exécution du présent contrat seront préalablement examinés par elles en vue de conclure un accord transactionnel pour résoudre les difficultés découlant du différend.
Le cas échéant, ils seront soumis à l’Administration du travail compétente pour un règlement à l’amiable et à défaut, ils seront portés devant la juridiction compétente.
Ce qu’il faut déplorer dans cette affaire, selon les mêmes sources, c’est surtout le comportement peu exemplaire du secrétaire général de la section syndicale UNTM de la mine. À en croire nos sources, ce dernier serait plus proche de la direction que du personnel.
Fombus