Les responsables de la Fédération exposent une vision claire de cette médicalisation qui requiert, selon eux, « un paquet minimum constitué de ressources humaines (médecin, sage femme et infirmière obstétricienne) et de matériels (un plateau technique qui répond au moins au profil d’un médecin). Il existe un réseau de CSCOM sur l’ensemble du territoire national et celui de Bamako aligne dans ses rangs 62 établissements.
Tous ces CSCOM sont aujourd’hui médicalisés, en d’autres termes, ils disposent chacun d’un médecin ou deux voire trois pour certains, d’une sage femme ou infirmière obstétricienne. Ces compétences participent à la lutte contre la mortalité maternelle et néonatale qui fait partie des priorités gouvernementales. La médicalisation des CSCOM de Bamako est bien une réalité palpable. Le président de la Fenascom Yaya Zan Konaré explique que l’exigence de qualité a amené les associations de santé communautaire (Asaco), organes de gestion des CSCOM, à recruter des médecins. Certaines d’entre elles y sont allées volontairement, d’autres ont été contraintes par les populations. D’autres compétences ont été mises à disposition par l’Etat ou recrutées sur Fonds PPTE.
Notre interlocuteur précise que le travail de médicalisation se poursuit au niveau des CSCOM de capitales régionales avant de glisser vers les chefs lieux de cercles. Yaya Zan Konaré note que son organisation a utilisé les volontaires de l’APEJ. Ceux qui ont su en imposer par leurs capacités, leur disponibilité, leur sens de l’organisation et du devoir ont été enrôlés par les Asaco. Par ailleurs, au-delà de la médicalisation la Fenascom incite à l’harmonisation de l’architecture des CSCOM qui doivent être construits, selon un plan type. Pour le président de la Fenascom la médicalisation intègre l’amélioration des ressources humaines et le renforcement du plateau technique. Yaya Zan Konaré juge utile de consolider les acquis.
Il propose de responsabiliser administrativement les Asaco dans le recrutement de leurs médecins. Ceci permettra d’aplanir en amont quelques difficultés liées à la gestion du personnel. Les résultats de la médicalisation des CSCOM sont notables voire très convaincants. Le patron de la Fenascom explique que la médicalisation est un acquis en termes de volonté politique. Mais il souligne quelques incompréhensions avec les collectivités locales sur le respect de la carte sanitaire. Certains élus pour satisfaire des promesses électoralistes vont à l’encontre des normes édictées pour créer un CSCOM. A titre d’exemple, il faut une population d’au moins 5000 âmes pour rendre viable un CSCOM. Mais on note l’évolution positive des choses à ce niveau. Il existe un cadre de collaboration entre la Fenascom et l’Association des municipalités (AMM) à laquelle, elle est liée par une convention d’assistance mutuelle. Parlant de la décentralisation, le président de la Fédération indique que l’Etat a transféré les compétences dans le domaine de la santé aux collectivités.
Mais c’est le transfert des ressources qui tarde à suivre, même si, reconnaît notre interlocuteur quelques lignes budgétaires ont été laissées à des collectivités. Une autre difficulté des CSCOM aujourd’hui se rapporte à la politique de gratuité des soins. C’est parfois une saignée pour ces établissements qui ne bénéficient pas en retour de compensations financières. Le président de la Fenascom précise que son organisation n’est pas contre la gratuité qui permet d’ailleurs d’augmenter la fréquentation des centres mais il souhaite la prise en compte du fait que les CSCOM ont besoin d’un accompagnement. Il convient de rappeler que les CSCOM sont essentiels dans la mise en œuvre de l’Assurance maladie obligatoire (AMO).
Il y a 962 CSCOM parmi les 1200 structures de santé conventionnées. La Fenascom déplore le fossé entre les discours politiques et la réalité dans l’accompagnement de l’Etat. Elle attend davantage de soutien de la part des trois ministères en charge de la mise en œuvre du Programme de développement sanitaire et social (Prodess).
B. DOUMBIA
Déchaussement de la dent : LA MALADIE EVOLUE SANS CRIER GARE
Elle se manifeste par une modification de la gencive et la personne atteinte peut avoir des sensations au chaud ou au froid, voire à l’air libre
Faisons un peu d’anatomie pour mieux comprendre la récession parodontale, appelée récession gingivale, dénudation ou déchaussement de la dent. Le siège d’évolution de cette maladie est le parodonte. Cet organe est constitué de 4 tissus, notamment la gencive (la partie la plus visible), le desmodonte ou ligament alvéolo-dentaire, le cément et l’os alvéolaire ou parodontal. Dans la récession parodontale la gencive, partie la plus visible parce que c’est elle qui couvre les autres, va descendre du fait d’une destruction osseuse qui se fait à bas bruit, c’est-à-dire silencieusement. Dans la littérature médicale, elle est définie comme une modification de la gencive au niveau du collet de la dent.
La récession parodontale est assez répandue. Sans donner de statistiques exactes, le Dr Ousseynou Diawara, odontostomatologue, spécialiste en parodontologie, confirme la fréquence de la pathologie qu’il retrouve chez nombre de patients et parfois de façon isolée au niveau d’une ou deux dents. Ce spécialiste du centre hospitalier universitaire d’odontostomatologie explique que la pathologie à des causes multiples. Elle peut résulter d’un brossage traumatisant. Il rappelle à ce propos que la technique correcte est un brossage vertical, c’est-à-dire de la gencive vers la dent. Malheureusement de mauvaises pratiques de brossage perdurent et peuvent être à l’origine de la récession gingivale. Le spécialiste en parodontologie relève aussi que le traumatisme de la migration ou déplacement dentaire peut être aussi la cause de la dénudation. Par ailleurs, les maladies parodontales sont dans certains cas responsables de déchaussement de la dent.
Ces inflammations peuvent donc atteindre les tissus et provoquer une destruction de l’attache de l’os alvéolaire et une atteinte du cément. Le toubib souligne que quand ce sont des dents de devant, la maladie pose un problème d’esthétique. Le praticien du centre hospitalier universitaire d’odontostomatologie ajoute que la personne qui est atteinte peut avoir des sensations au chaud ou au froid voire à l’air libre. Cette situation s’explique, selon le spécialiste du centre d’odontostomatologie, par le fait qu’au niveau du collet de la racine, l’émail ne couvre pas. Le Dr Ousseynou Diawara dissipe tout de suite la confusion qui peut régner sur la récession parodontale avec les lésions cervicales non carieuses. Les deux phénomènes ont des similitudes dans les signes cliniques.
Il souligne la nécessité mais surtout l’urgence de porter des efforts sur la prévention de la maladie. A ce propos, le médecin spécialiste conseille d’utiliser des brosses adéquates à la structure dento-gingivale. Il cite les brosses médium et souples mais surtout l’utilité de la technique correcte de brossage. Il faut surtout prévenir les parodontites. Le médecin hospitalier précise que le traitement est généralement chirurgical. Mais il s’empresse de faire une mise au point.
La destruction osseuse est irréversible mais on peut avoir recours à la chirurgie pour stabiliser. Les spécialistes s’accordent à reconnaitre que la chirurgie est fonction de la hauteur de la gencive attachée suffisante. Pour la greffe qui est une technique de pointe, le Dr Diawara se veut on ne plus clair. Cette technique n’est pas réalisable dans nos pays de la région ouest-africaine. Mais pour aider le malade à retrouver un confort, les médecins peuvent recourir, du point de vue prothétique, à des fausses gencives pour couvrir les parties dénudées. Parfois des gels fluorés sont utilisés chez ceux qui ont des sensations au chaud ou au froid. Les praticiens leur conseillent ne pas se presser à se rincer la bouche après un brossage. La récession gingivale peut aboutir à des complications graves si derrière on retrouve des parodontites.
Aussi une vérité scientifique établit désormais que la santé parodontale peut impacter l’accouchement prématuré, peut avoir une double relation avec le diabète (dans ce cas on ne stabilise pas le diabète vis versa). Elle peut avoir des liens avec des problèmes pulmonaires, cardiovasculaires voire avec la sexualité. Ousseynou Diawara souligne l’importance de consulter son dentiste au moins une fois par semestre, même sans être malade. Cela est même une recommandation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de consulter périodiquement son médecin dentiste. Le spécialiste souhaite une collaboration pluridisciplinaire et interprofessionnelle plus renforcée.
B. D.
Essor.ml 2014-07-30 00:59:57