Dès l’entame de la conférence de presse, Mohamed Tabouré a déclaré de façon laconique que la concession des chemins de fer maliens et sénégalais à Transrail était économiquement et humainement désastreuse pour nos peuples et nos cheminots. Avant d’ajouter «nous avons alterné campagne de signature de pétition pour l’annulation de la concession, campagne de sensibilisation, marche, caravane, implantation et mobilisation dans les principales gares, interpellation de l’opinion publique et des députés, ce qui a contribué à rejeter par trois fois à l’Assemblée nationale le projet de loi du gouvernement légalisant la braderie, et solidarité active à la renaissance du mouvement syndical des cheminots, décapité à la faveur de la concession».
Pour conclure, il dira que la concession en 2003 de la Régie des chemins de fer du Mali à Transrail a fait faillite. Ce constat, selon lui, n’est plus à démontrer. Il est revenu à Ahmed Diane Séméga, le ministre malien de l’Equipement et des Transports, de constater, dès 2008 « la mort de l’activité ferroviaire » et de proclamer que «Transrail n’a pas fait mieux que la Régie des Chemins de fer du Mali»! Mais, au lieu d’en finir avec Transrail et rendre le chemin de fer au peuple malien, les autorités maliennes et sénégalaises s’acharnent à la redresser, sur le dos des deux Etats et de leurs citoyens, et parlent de règlement préventif au tribunal, d’une nouvelle option institutionnelle, dite de Dakar, et de la création d’une Société binationale de patrimoine.
Pour sa part, Dr Tiécoura Traoré a présenté un bilan très négatif d’Eric Peiffer à la tête de Transrail, sur la période allant de 2007 à 2011, en commençant par un lourd passif de 17 milliards de FCFA de déficit et pertes d’exploitation. Selon lui, Transrail est presque en cessation de paiement, avec la quasi-totalité de ses engins et voies ferrées en mauvais état. Pire, le Mali ne dispose plus que d’une locomotive en état de marche. Ajoutez à ce décor peu reluisant la fermeture de 26 gares, sur les 36 plongées à ce jour dans la ruine et la désolation. Pour terminer, il dira «si nos Etats ont la charge de la dette des investissements et de tout, ils doivent acquérir une solide majorité absolue dans l’actionnariat. Cela implique de chasser les actionnaires majoritaires, les multinationales étrangères et leurs opérateurs ferroviaires».
Pierre Fo’o Medjo
Le 22 septembre 08/09/2011