Le phénomène des talibés et son corollaire de mendicité dépasse tout entendement à Bandiagara où les autorités administratives et religieuses ont décidé de prendre l’affaire très au sérieux.
La mendicité dans la ville de Bandiagara se passe de tout commentaire. Il faut y être pour en juger. Au lancement des Vacances citoyennes jumelées à la célébration de la Journée mondiale de la jeunesse, l’envahissement par les mendiants talibés était remarquable. Tous les vacanciers venus d’ailleurs étaient surpris par leur nombre.
Partout à travers la ville on les voit, en groupe ou en solo. Cette situation commence à inquiéter les populations. « Bandiagara est une ville des talibés par l’histoire. Mais depuis un certain temps le phénomène a atteint un niveau inquiétant », reconnaît un autochtone.
Selon des populations, les autorités sont au courant de la situation et ont décidé d’évacuer tous les mendiants qui n’ont pas de tuteur à Bandiagara. Une information confirmée par le maire de la ville, Housseini Saye.
Ce dernier envahissement de la ville remonte au mois de ramadan avec l’inauguration de la grande mosquée de Seydou Nantoumé, un événement qui a ressuscité le phénomène. Depuis cette date, le lot de mendiants grossi jour en jour, mais leur provenance reste méconnue de tout le monde.
Le problème est pris au sérieux par les autorités et les notabilités de la ville, qui, depuis le début de ce mois ont décidé de prendre leur responsabilité vis-à-vis de la situation. « Récemment on a fait une réunion avec les notabilités de la ville. Nous avons décidé de procéder, comme en 2013-2014, à un filtrage », précise-t-il.
A en croire au maire, Bandiagara a connu la même situation après le coup d’Etat de 2012. « Suite aux événements de 2012, il y avait toute une vague de marabouts et de mendiants qui venaient de partout pour s’installer à Bandiagara. Compte tenu de la situation sécuritaire du moment, nous avons mis en place un système de filtrage permettant aux autorités de la ville d’évacuer tous les mendiants ou marabouts qui n’ont pas de tuteur dans la ville », rappelle-t-il.
« Le phénomène n’avait jamais atteint une telle ampleur. Nous-mêmes ça nous inquiète aujourd’hui », affirme M. Saye.
Cette situation peut être vue comme une menace pour la sécurité et la quiétude de la ville, car beaucoup de ces jeunes n’ont même pas de maitre encore moins un logement. Ces jeunes mendiants qui se pavanent dans la ville peuvent être des sources de danger. Compte tenu de leurs conditions de précarité, ils peuvent être de proies pour des personnes malintentionnées.
Youssouf Coulibaly