Eh bien! Le Gouverneur de la région de Gao, le Général Mamadou Diallo, a demandé le vendredi 2 décembre au milliardaire Ali Bady et aux siens d’annuler ce meeting. Le motif est que «personne ne pourra canaliser les participants à cette manifestation et, en plus de cela, la situation n’est pas favorable ». Rapidement les initiateurs se sont retrouvés pour voir quelle attitude adopter. Dans leur grande majorité, ils ont décidé de braver la décision du Général. Les esprits se sont échauffés.
Les jeunes, déjà engagés dans l’organisation, ont sorti toutes sortes d’accusation à l’endroit du Gouverneur. Ils ont même formé une délégation pour dire de vive voix au chef de l’Exécutif régional qu’ils «ne respecteront pas sa décision, advienne que pourra». Il a fallu qu’Ali Bady et les autres notables de la ville «forcent la main aux jeunes» pour que, finalement, ceux-ci renoncent à ce meeting. Ils ont vraiment fait mauvaise fortune contre bon cœur, avant de questionner: «pourquoi, à Bamako, les citoyens manifestent et nous, ici à Gao, on nous refuse toute expression publique. Nous reportons ce meeting mais, bientôt, nous allons remettre ça ».
Il faut souligner que le maire de la commune, Sadou Diallo, a, pour sa part, refusé de donner aux initiateurs une autorisation de manifester au Stade Kassé Kéïta de Gao. S’y ajoutent les nombreuses pressions, venues de Bamako et de certains ressortissants de Gao dans la capitale. Voilà donc que le meeting n’a pas eu lieu. Le groupe d’Ali Bady, initiateur de cette manifestation, a eu de la peine à convaincre les jeunes. Si la tension perdure, il n’aura aucune influence sur cette jeunesse désœuvrée, qui veut en découdre avec tout le monde. Il faut donc abaisser la résistance et convaincre les jeunes de travailler ensemble avec leurs frères Arabes et Tamashek de la Cité des Askias, lesquels sont loin d’être des bandits ou des rebelles.
La stigmatisation n’a jamais été une bonne chose. Ce qui importe dans les villes du Nord aujourd’hui, c’est que toutes les communautés favorables à la paix, se mettent ensemble et agissent pour éviter des conflits ethniques, des mensonges, des récriminations et des actes de vandalisme. Tous les groupes Sonhraïs, Arabes et Tamasheks de Gao, qui œuvrent chacun à sa façon pour sauvegarder l’unité nationale, la cohésion sociale et l’intégrité du territoire, doivent rapidement mettre en place un groupe mixte de notables. La paix est une question nationale et aucune communauté ou ethnie ne saurait trouver, à elle seule, les solutions idoines.
Encore que ceux qui ont repris le maquis écoutent rarement les populations sédentaires, qu’elles soient Touaregs, Arabes ou Sonrhaïs. La solution ne se trouve pas seulement entre les mains des citoyens des localités du Nord. C’est une question de sécurité nationale, de défense nationale et de bonne gouvernance tout court, au niveau de Bamako. C’est là que les bonnes décisions doivent être prises, comme celle d’assumer l’autorité de l’Etat, en usant de la violence légitime vis-à- vis des renégats, des déserteurs de l’armée et des autres ennemis de la République. Alors, que les populations de Gao cessent de s’entredéchirer, de se détester, de s’accuser pour une situation qu’elles n’ont pas créées et dont elles n’ont pas la solution. A suivre.
Chahana Takiou
05/12/11