Cet évènement commence à prendre des proportions inquiétantes à Gao, du fait qu’il soit organisé par les sédentaires de la ville (entendez les Songhoïs, Peulhs, Pêcheurs et autres peaux noires). Des membres de Gandakoye et Gandaïso (deux mouvements d’auto-défense) sont au cœur de son organisation.
Les autres communautés (Arabes et Tamasheks) de la ville se voient déjà menacées et craignent le scénario des années 1990. Cette année-là, l’Etat avait réussi à opposer les communautés «noires» et «blanches», avec comme conséquences des règlements de comptes personnels, des assassinats crapuleux, des casses injustifiés, de vols et des pillages incompréhensibles. Sans compter les déchirures profondes au sein de certaines familles, composées de «Noirs et Blancs».
Les communautés du Nord ont beaucoup souffert de ces guerres fratricides. Plus jamais ça Elles ne doivent plus jamais prêter le flanc à de telles situations. Tous les Touaregs ne sont pas des rebelles, des apatrides ou des renégats. Il y a en leur sein beaucoup qui aiment leur pays. Il faut donc éviter l’amalgame. Les acteurs doivent être jugés sur leurs actes et personne ne doit répondre de l’acte posé par sa communauté, son frère, son cousin ou son père. La faute est strictement personnelle.
Les sédentaires doivent faire attention pour ne pas attiser le feu. Il ne faudrait pas qu’ils jouent aux marionnettes entre les mains de l’Etat, parce que, bon an, mal an, les différentes communautés de cette aire géographique sont obligées de vivre ensemble, de cohabiter ensemble.
Les plus craintifs aujourd’hui à Gao, sont les Arabes, eux qui constituent les riches personnalités de la ville. Ce sont, en effet, eux qui sont les grands commerçants, les grands transporteurs, les grands pétroliers, les grands propriétaires des buildings qui se multiplient dans la ville, bref, les grands argentiers de Gao. En cas de pépin, ils seront les premières victimes. C’est pourquoi ils sont inquiets, eux qui ont toujours affirmé qu’ils sont avec l’Etat du Mali. Ils sont anxieux, parce qu’ils n’ont pas été associés à ce meeting de la paix et qu’ils pensent que s’ils ne sont pas «dedans», il se fera contre eux.
Il y a également des Touaregs bon teint dans la ville. Ceux-ci n’ont rien à avoir avec ceux qui ont repris le maquis. Ils sont aussi agités, craignant pour leur intégrité physique. Ils sont méfiants et certains ont même déjà commencé à se replier sur Bamako.
Les initiateurs du meeting de samedi doivent donc revoir leur copie, pendant qu’il en est encore temps, et composer avec toutes les communautés présentes à Gao, qui œuvrent pour la paix et la sécurité du Nord. Un repli identitaire, ethnique ou communautaire est dangereux dans la situation actuelle. Il faut faire la différence entre la bonne graine et l’ivraie. Il faut éviter à tout prix l’opposition entre les différentes ethnies ou communautés vivant sur notre sol. A suivre.
Chahana Takiou
Le 22 Septembre 30/11/2011