C’est dans une salle de banquets du CICB pleine de monde que le Président du PARENA, Tiébilé Dramé a animé cette conférence-débat. On notait la présence du Pr Aly Nouhoum Diallo, du Pr Younouss Hamèye Dicko et de l’Honorable Mamadou Awa Gassama Diaby.
Dans son introduction, Tiébilé Dramé a rappelé qu’à la date du 17 avril dernier, le PARENA avait rendu public un mémorandum sur les sept premiers mois du quinquennat du Président de la République. Il y faisait un constant documenté des dérives de la nouvelle gouvernance.
Ce document, selon lui, se terminait par une série de recommandations: instaurer une gouvernance moderne et prévisible, desserrer l’étau de la famille présidentielle sur l’Etat, relancer le processus politique de récupération de la région de Kidal, soulager les ménages et relancer l’économie, en payant les arriérés dus au secteur privé national, étouffé par une dette intérieure insupportable.
Malheureusement, a-t-il déploré, comme toute réponse, «nous avons eu droit à une abjecte campagne de dénigrement orchestrée depuis Kuluba». Et le Président du PARENA d’égrener une longue liste de dérives, allant de l’immixtion sans précédent de la famille dans les affaires publiques, le pilotage à vue et l’improvisation, à l’opacité et au mépris pour les acteurs politiques, économiques et sociaux.
Les résultats de cette politique sont là sous nos yeux, a affirmé l’orateur, «la situation du Mali en ce mois de juillet est infiniment plus grave qu’elle ne l’était au moment de la parution du document du PARENA, à la mi-avril. Le drapeau des séparatistes flotte sur Djebock, à 45 kms de Gao et sur Ber, à 53 kms de Tombouctou».
Le communiqué du Gouvernement sur les mouvements et les concentrations de troupes des groupes armés, ainsi que les combats sanglants entre Tabankort et Anéfis, selon le Président Dramé, sont révélateurs de la réalité du Nord. « Le triste constat est que, par leurs errements, le Président et le Premier ministre ont, en quelques mois, fait plus pour le projet séparatiste que le MNLA en quatre années d’existence».
«L’autre signe de l’aggravation de la situation est l’isolement du Mali et la détérioration de nos relations avec les partenaires techniques et financiers, qui ont suspendu le versement de 2 à 300 millions d’euros d’aide budgétaire, à cause de la mauvaise gestion des finances publiques et des «malversations», pour emprunter un mot terrible utilisé par le FMI à l’endroit d’un gouvernement».
Et pourtant, fera remarquer Tiébilé Dramé, élu en août 2013 avec plus de 77% des suffrages exprimés, le nouveau Président avait toutes les cartes en mains pour conduire le processus de sortie de crise. «Mais, hélas, au fil des mois, nous avons assisté à la dilapidation de toutes nos cartes, faute de vision, faute d’avoir tiré les leçons des causes profondes de l’effondrement du pays en 2012», s’est-il lamenté.
Pour sortir de l’impasse, Tiébilé Dramé préconise:
– Pour ce qui concerne le Nord, que le Président de la République s’adresse à la Nation, que l’on réunisse une Table-ronde majorité / opposition élargie aux autres forces vives du pays pour élaborer une Plateforme et une vision malienne qui seront défendues par les négociateurs du gouvernement, plateforme qui contiendra le principe du retour des combattants des groupes armés aux positions d’avant le 21 mai, conformément à l’Accord de Ouagadougou et aux résolutions internationales subséquentes, l’élection des gouverneurs de toutes les régions du Mali par des assemblées régionales, élues à la proportionnelle et disposant de réelles compétences, dans le cadre du principe démocratique de la libre administration des collectivités territoriales.
– Sur nos relations avec la communauté financière internationale, pour éteindre l’incendie allumé avec le FMI, et afin que le Mali puisse renouer avec ses partenaires techniques et financiers, que l’audit en cours des marchés ayant suscité des soupçons de malversations soit conduit de manière professionnelle et rigoureuse, dans une intégrité sans faille, ainsi que la vente des deux avions présidentiels.
Pour conclure, Tiébilé Dramé dira que la mise en œuvre de ces propositions nous permettra de reprendre la maîtrise du processus de négociation, en vue d’une paix définitive, de reconstruire l’Etat sur de nouvelles bases, de reconstruire nos forces armées et de sécurité, de renouer avec la communauté internationale et d’adopter un nouveau Pacte national de paix et de bonne gouvernance.
Pierre Fo’o Medjo
Source: Le 22 Septembre 2014-07-14 20:04:04