Depuis la sortie de Bocari Treta du gouvernement, le mois dernier, suite au réaménagement ministériel, le RPM, parti présidentiel, est fortement secoué, dedans comme dehors. Avec les déclarations des principales têtes de pont, qui se tirent à hue et à dia.
La plus retentissante a été sans nul doute la sortie ratée d’Abdramane Sylla, Secrétaire aux relations extérieures du parti, par ailleurs ministre en charge des Maliens de l’extérieur. Celui-ci a promis des sanctions à l’endroit des initiateurs du fameux communiqué qui «a salué le travail bien accompli du camarade Bocari Treta», en ignorant superbement le Président et le Premier ministre.
C’était juste un effet d’annonce, puisque, depuis, il est aux abonnés absents aux réunions du Bureau Politique Nationale et à celles du Secrétariat permanent. Face au mécontentement de certains militants, des supporters zélés de Treta ont tenté d’entreprendre des démarches ambigües pour manifester leur soutien à leur as.
Ils en ont été vite dissuadés par la prise de position de l’Honorable Mamadou Diarrassouba, qui ne jure que par IBK et a laissé entendre que le parti n’était pas concerné par une querelle Treta-IBK. Le porte-parole du RPM, le vieux Boulkassoum Haîdara, dira la même chose.
Le Secrétaire politique, Nankouma Keïta, a, pour sa part, expliqué que tout ce que le Président faisait dans le cadre de ses prérogatives régaliennes, en l’occurrence la nomination ou l’éviction d’un ministre, était bien normal, parce qu’il est investi de la légitimité populaire.
C’est dans ce contexte tendu que les partisans de Treta entendent convoquer rapidement le Congrès, pour à la fois gérer certains contentieux et insuffler un sang nouveau à la direction du parti, avec à sa tête l’ancien ministre du Développement rural. Seulement voilà: certains estiment que le moment n’est pas propice pour cette grande rencontre, dans la mesure où Treta n’a pas vidé son différend avec IBK, lequel lui reproche son comportement «peu élégant et arrogant » à l’endroit du Premier ministre Modibo Keîta.
Cette critique a été faite en plein Conseil des ministres, selon des participants à cette instance de décision. « En allant au congrès sans que Treta ne se réconcilie avec IBK, il ne sera jamais le Président du parti, parce qu’il ne pourra pas le défier et obtenir le soutien du RPM sans l’aval d’IBK.
Un congrès dans ce contexte signifierait une cassure du parti. Il faudra donc attendre pour recoudre les morceaux et aller vers un congrès rassembleur», nous a confié un responsable du parti. Un autre nous dira «Treta ne peut plus être le chef du parti parce qu’il traine des casseroles qui pourraient le rattraper à tout moment et nous porter un énorme préjudice.
Il est temps de faire la promotion d’autres cadres compétents. Je pense par exemple à Frankaly, qui est un neveu de Bakary Pionnier et un cousin de Boulkassoum Haïdara. Il est calme, compétent et ne dérange personne. Il y a également Abdramane Niang ou Nankouma Keïta. Je pense que Treta doit prendre du recul».
Joint par téléphone, Mamadou Diarrassouba nous dira qu’il n’a pas de candidat et qu’il n’est candidat à rien. Pour lui, il faut attendre ce que dira IBK pour se positionner, «parce que c’est pour lui et pour notre parti que nous nous sommes battus et que nous continuons de lutter».
Le député de Dioîla est l’un des rares responsables du RPM qui a véritablement des militants et une base politique. Pour lui, tout ce qui doit se faire se fera avec le consentement d’IBK. Sinon, cela serait voué à l’échec. Son souci, a-t-il dit, c’est de préserver l’unité du parti, son ancrage dans les hameaux les plus reculés, pour avoir une base politique forte, à même d’accompagner et de soutenir l’action gouvernementale.
A vrai dire, le RPM est à la croisée des chemins. Il tâtonne et peine à s’organiser pour défendre le régime. Sa voix est inaudible, surtout quand l’opposition multiplie les attaques contre le chef de l’Etat. Il n’y a personne pour agir, personne pour contre-attaquer. C’est de l’attentisme, à tel point qu’IBK est souvent contraint de descendre dans l’arène pour donner des coups et en recevoir.
Au niveau du gouvernement, c’est la même constat. Chacun se bat pour lui et cherche sa part, en oubliant la collégialité et la solidarité gouvernementale. IBK est donc vivement interpellé pour mettre fin à la chienlit au RPM, en mettant les uns et les autres en ordre de bataille pour l’idéal pour lequel il a été brillamment élu.
Le même exercice s’impose à certains membres du gouvernement, qui étalent de plus en plus leur incompétence.
Chahana Takiou