Depuis l’éclatement de la crise, l’ambassade du Mali à Tripoli se démène comme elle peut pour aider les Maliens de Libye à faire face à la situation. Ici à Bamako, malgré les apparences, c’est aussi la mobilisation. Les autorités suivent l’évolution de la situation d’heure en heure et prennent des mesures. Un comité de crise comprenant les secrétaires généraux de 8 départements ministériels qui avait été créé à la faveur de la crise ivoirienne, s’occupe du dossier des Maliens de Libye. Le point de la situation est régulièrement fait et adressé au Premier ministre.
Selon le secrétaire général du ministère des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine, Mamady Traoré, à ce jour, notre pays déplore parmi ses ressortissants un mort, 6 blessés et un grand nombre de déplacés. La situation insurrectionnelle dans les villes libyennes a créé une grande panique dans certains endroits et des ressortissants étrangers, dont de nombreux Maliens, sont affectés. Des foyers où vivent des étrangers sont attaqués. La conséquence immédiate de cette insécurité a été la ruée de nos compatriotes vers l’ambassade à Tripoli.
Mamady Traoré précise qu’ils étaient au départ 150 de nos compatriotes à chercher refuge à l’ambassade. Puis ce chiffre a rapidement évolué pour atteindre 226 lundi, 680 mardi, dans la matinée et de 700 à 800 dans la soirée du même mardi. Mercredi dernier à 11 heures, ils étaient quelques 2000 Maliens à se regrouper dans les locaux de la représentation diplomatique.
Le Premier ministre Modibo Sidibé a donné des instructions pour que des mesures rapides soit prises pour rapatrier les Maliens en commençant par ceux de Tripoli. Le chef du gouvernement a demandé de proposer une stratégie d’évacuation de tous les Maliens de Libye, de préciser les couloirs de transit, les effectifs en cause et les coûts y afférents.
En attendant, le gouvernement a demandé de voir avec la Tunisie, l’Algérie et l’Égypte comment venir en aide à ceux de nos compatriotes qui sont proches des frontières libyennes avec ces pays. Mamady Traoré indique à ce propos que 500 Maliens ont été signalés à la frontière Algérie-Libye. Ils attendaient un laisser passer pour passer de la ville frontalière de Ghadames en Libye vers l’Algérie. Un envoyé de l’ambassade à Tripoli, dépêché sur les lieux, a fait le nécessaire pour eux.
Pendant que des mesures sont en cours à l’ambassade et ici à Bamako, le gouvernement a aussi décidé de contacter ses partenaires que sont l’Office international des migrations (OIM), l’Algérie, la Tunisie, l’Égypte. L’Italie a été approchée pour voir dans quelle mesure il serait possible de mettre un bateau à la disposition de nos ressortissants pour quitter la Libye par la mer. Avec la France, le gouvernement examine l’organisation de navettes aériennes. Pour toutes les actions, le chef du gouvernement a demandé de les chiffrer en tenant compte de l’évolution prévisible des effectifs.
En accord avec l’ambassade, le département des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine estime qu’au total, il faut prévoir 3000 personnes à évacuer de l’ambassade à Tripoli et un millier à la frontière tunisienne. L’évacuation des 4000 Maliens vers Djerba en Tunisie devrait coûter 120 millions Fcfa. Entre-temps, il a été décidé de dépêcher 4 personnes pour renforcer l’ambassade à Alger et soutenir ceux qui sont à la frontière tunisienne.
Le budget de l’opération est aussi en cours d’évaluation. Il a aussi été demandé au département de l’Équipement et des Transports de contacter des compagnies aériennes pour envisager des navettes pour sortir les Maliens de Libye dans les plus brefs délais au cas où les autres voies envisagées n’aboutissaient pas. Une note verbale a été adressée aux pays de transit.
A ce jour, 118 Maliens sont rentrés au bercail avec une compagnie privée égyptienne « Air Memphis » et 8 autres par vol régulier. 23 de nos compatriotes employés à l’ambassade de France à Tripoli ont été sortis du pays. Un nouveau convoi de Maliens était attendu hier dans la soirée à Bamako à bord d’un vol de « Air Memphis ».
Au ministère des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine, on estime, sur la base des chiffres du RAVEC, qu’ils sont quelque 9000 de nos compatriotes à résider dans la Grande Jamahiriya. D’autres sources estiment qu’ils sont dans les 15 000.
Les Maliens de Libye seraient-ils expressément visés depuis le début de la révolte contre le pouvoir en place à Tripoli, comme le véhicule la rumeur ? Le secrétaire général du département des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration estime que non. Ils sont, pense-t-il, comme beaucoup d’étrangers les victimes collatérales de la crise.
A. LAM
Journal l’Essor du vendredi 04 mars 2011
OPERATION DE VEILLE ET DE SUIVI
Le gouvernement suit avec une grande attention la situation en Libye. Il l’a fait savoir à travers un communiqué en date du 1er mars. « Le gouvernement suit avec une attention particulière la situation en Grande Jamahiriya Arabe Libyenne Populaire et Socialiste », indique le communiqué.
Une cellule de veille comprenant le personnel de l’ambassade à Tripoli et les représentants du conseil de base des Maliens de Libye a été mise en place en vue de l’encadrement des opérations de rapatriement. De même, poursuit le communiqué, un comité de veille est chargé de suivre l’évolution de la situation.
« A cet égard, lit-on dans le texte, le gouvernement en coopération avec l’OIM a procédé au rapatriement de 227 Maliens dont 126 sont déjà arrivés à Bamako ».
Le gouvernement a également demandé de renforcer les équipes sur le terrain dans les zones de rassemblement en Tunisie et en Algérie pour fournir l’assistance appropriée à nos ressortissants en relation avec les pays et les partenaires. « Le gouvernement ne ménagera aucun effort pour poursuivre la dynamique de rapatriement enclenchée », conclut le texte.
A. L.
Journal l’Essor du vendredi 04 mars 2011