Cette année, les bandits s’attaquent aux populations, à leurs animaux et autres biens. C’est ainsi qu’après avoir avisé les autorités en vain, démarcher les responsables de la Minusma et alerté la communauté internationale, les chefs traditionnels des cercles de Youwarou, Ténenkou sont les plus nombreux à se réfugier aujourd’hui à Bamako. Par crainte d’être tués par des bandits. Surtout que dans ces zones, les assaillants leur interdisent de les dénoncer aux autorités.
Selon certains ressortissants de la zone, le mode opératoire des bandits est difficile à cerner par l’armée malienne qui, très souvent, a des problèmes dans les combats non conventionnels. Les bandits ont un système de guérilla ou de combats asymétriques et très souvent, ils sont à motos, à dos d’ânes. En plus, ils se fondent dans la population. La conséquence est que les peulhs ont perdu beaucoup de bœufs, qui ont été enlevés par ces bandits et acheminés vers la frontière mauritanienne ou burkinabè. Ces animaux volés sont bradés dans les foires et marchés de ces pays. Au détriment des Maliens parce que les pêcheurs maliens sont ainsi privés de gousses de vache qu’ils utilisent pour faire fumer les poissons.
Le lait se fait rare, les Bozo qui mettent les gousses de vache dans les mares n’en ont plus ; toute une chaîne de production est ainsi en panne. Car les bandits sèment le désordre partout. Les éleveurs ont quitté cette zone, suivis des Bozo. Actuellement, ce sont les Imams, chefs de villages et autres chefs de communautés peulhs qui commencent à venir à Bamako. Ils sont là malgré eux-mêmes et ne sont pas prêts à retourner tant que la sécurité n’est pas établie. Ils se préparent à rencontrer les autorités et à échanger avec la presse, car ils estiment qu’ils sont oubliés par les journalistes qui ne parlent que des combattants armés, de la Cma, du Gatia.
«Venir à Bamako est un problème pour moi. Je ne viens que pour un traitement, et une fois guéri, je retourne chez moi. Bamako me coupe ma liberté de mouvement. L’alimentation ici et l’environnement ne sont pas les mêmes que chez nous à Mopti», nous a confié Kalilou Cissé, un grand Imam venu du cercle de Ténenkou.
Aujourd’hui, c’est toute la zone du Delta qui est attaquée, mais les gens en parlent rarement, alors que la situation est susceptible de jouer sur l’économie du Mali, si rien n’est fait par les autorités maliennes et leurs partenaires.
Kassim TRAORE
Source: Le Reporter 12/05/2015