est également présidente du groupe parlementaire du Front populaire ivoirien (FPI), le parti de son mari. Et agit dans l’ombre de ce dernier.
Née en 1949, Simone Ehivet fonde le FPI avec Laurent Gbagbo, dans la clandestinité, en 1982. «Au côté des hommes, j’ai mené des combats très durs contre le régime en place. J’ai fait six mois de prison. J’ai été battue, molestée, presque laissée pour morte», racontait t-elle dans une interview accordée en 2001 au magazine L’Express. «Après toutes ces épreuves, il est normal qu’on ne badine pas avec moi.»
«C’est une jusqu’au-boutiste»
«Ma position actuelle, je la dois à ma trajectoire, pas au poste de mon mari (…) J’ai la trempe d’un ministre», confiait-elle dans ce même entretien. Marque de cette «trempe», Simone Gbagbo a sans doute été pour beaucoup dans la constitution du nouveau gouvernement de son mari, certes non reconnu par la communauté internationale. Le Premier ministre Gilbert Aké N’Gbo était ainsi présenté avant sa nomination comme l’un de ses proches, tandis que la ministre de la Santé et de la lutte contre le Sida, déjà membre des précédents gouvernements, n’est autre que sa cousine germaine, Christine Nebout Adjobi.
«C’est une jusqu’au-boutiste» précise Philippe Hugon, directeur de recherche à l’Iris. Selon lui, si Laurent Gbagbo est «un vrai tacticien, qui commet peu d’erreurs», son influence à elle se situe à un niveau plus spirituel: «elle est très religieuse, proche des mouvements évangélistes». Une foi qui la pousse à prendre en grippe les musulmans du Nord de la Côte d’Ivoire – parmi lesquels Alassane Ouattara, le vainqueur de l’élection du 28 novembre dernier.
La seconde épouse de Gbabo, sa principale rivale
Cette femme à poigne est-elle aussi une «dame de sang», comme la qualifie Le Figaro dans un portrait publié le 20 décembre dernier? En 2004, Simone Gbagbo s’affiche aux côtés des Jeunes patriotes, mouvement nationaliste soutenu par la présidence, qui comprend des milices armées. Ce sont ces dernières qui répriment dans le sang des manifestations en 2003 et s’en prennent aux intérêts français en Côte d’Ivoire en 2004. «(Les jeunes) ne sont pas descendus dans la rue sous mes ordres» se défend la Première dame dans une interview à France24 en 2007. «Mais, ajoute-t-elle, je suis très fière de ce qu’ils ont fait».
Le seul élément capable d’ébranler ce pilier de la politique ivoirienne se trouve finalement dans son entourage le plus proche. Il prend les traits d’une autre femme: à 39 ans, Nadiana Bamba, la seconde épouse de Laurent Gbagbo a montré son influence dans la campagne présidentielle de son mari grâce à l’agence de communication dont elle est propriétaire. Et a supplanté l’épouse historique dans nombre de cérémonies officielles.
Le Monde 13/04/2011