Toutefois, certains choix font déjà frémir. Des dignitaires de l’ancien régime, qui ont eu maille à partir avec certains des promus en son temps, craignent pour leur avenir. Ça pourrait être le cas du ministre de la Justice, Malick Coulibaly. Tout le monde a encore en mémoire sa bruyante démission de la magistrature en 2009 suite à une affaire l’ayant opposé au parquet de Kati.
Face à une tentative d’assujettissement du droit dans une affaire qui opposait un berger à un boucher à Kati, Malick Coulibaly avait préféré rendre le tablier purement et simplement. Même l’intervention du président de la République Amadou Toumani Touré, président du Conseil supérieur de la magistrature, n’avait rien pu. L’homme était décidé à être un exemple pour la nouvelle génération.
Voilà qu’aujourd’hui le ministère de la Justice échoit à ce magistrat. Qui l’aurait cru ! En tout cas, l’homme part avec les faveurs des pronostics dans sa nouvelle mission vu le passé glorieux qui l’accompagne. Cependant, il n’a pas l’avantage de ne pas être craint par ceux qui furent ses adversaires dans ce feuilleton.
Ceux-ci voient en ce nouveau chef du département de la Justice, un revanchard qui pourrait tenter de régler ses comptes avec eux dans les jours à venir. Il va sans dire que tous les fautifs dans cette affaire doivent s’attendre à payer le prix de leur compromission.
Mais le nouveau ministre de la Justice n’est pas le seul cheval du Premier ministre Cheick Modibo Diarra à faire peur. Ce dernier en faisant de son frère, Sidi Sosso Diarra, un de ses conseillers spéciaux, doit avoir jeté les germes des hostilités futures sans certainement le savoir.
Ancien Vérificateur général, le mandat de Sidi Sosso Diarra a été émaillé de pressions et de sabotage malgré l’indépendance et le prestige dont devrait jouir le BVG. L’homme a eu à essuyer un lynchage du gouvernement Modibo Sidibé et a même failli être jeté en prison par un juge d’instruction (Dramane Diarra) en Commune IV.
Une humiliation que l’ex-Végal n’oubliera pas de sitôt. En sa qualité de conseiller spécial du Premier ministre, les gens voient en lui un revanchard qui pourrait profiter de son nouveau statut pour donner la réplique à ses adversaires.
Comme on le voit, les couleurs de cette transition sont loin d’annoncer la sérénité pour tous les Maliens à cause de certains hommes appelés par Cheick Modibo Diarra. On ne reproche rien à leur intégrité morale, mais le sentiment de revanche qui pourrait animer certains d’entre eux fait peur.
Abdoulaye Diakité
L’ Indicateur Du Renouveau 09/05/2012