L’arrestation de Sidi Diarra, ancien élu de la nation, selon une source proche du dossier, se fonde sur une montagne de faits dont aucun ne comporte la matérialité de la principale infraction retenue par le Tribunal de la Commune VI.
En effet, Sidi Ahmed Diarra a eu le tort, explique-t-on, d’accueillir dans son pays des partenaires envers qui il avait pris l’engagement d’établir des liens avec les autorités maliennes compétentes, dans le cadre d’un investissement dans l’exploitation de marbre. Il s’agit d’un Omanais et de ses deux compagnons malaisiens que l’ancien député, selon ses proches, a connu lors d’un séjour à Dubaï, par le truchement d’un commun ami ivoirien.
Alerté sur leur arrivée au Mali le 23 mars dernier, l’ancien député de Mopti, qui se trouvait à Dakar, a débarqué toutes affaires cessantes à Bamako pour accueillir ses hôtes. Les deux Malaisiens élisent ainsi domicile dans un hôtel de la place, tandis que l’Omanais a pris ses quartiers dans une maison neuve de M. Diarra à Faladié.
Mais à peine atterris que leurs ennuis devaient commencer par une présence intrigante et importune de barbouzes qui rodaient autour des étrangers, sans même dissimuler qu’ils étaient à leurs trousses. La meute finira par se démasquer lorsque Massoud Al Harty, l’Omanais, a reçu la visite inattendue d’agents en mission de le conduire manu-militari.
Comme pour entretenir la confusion autour des présomptions, la mise à table très corsée d’Al Harty n’a été déclenchée que 24 h après le départ de ses compagnons malaisiens, quoique les limiers leur attribuent des dénonciations accablantes afférentes à des billets de banque contrefaits.
Son interpellation s’est en revanche déroulée en présence de l’hôte malien, Sidi Ahmed Diarra qui s’est démené comme un beau diable pour extraire son hôte de la machnie sécuritaire. Faute de réussir l’élargissement du malheureux étranger, il a pu laborieusement obtenir qu’il soit gardé en dehors des cachots infrahumains où il avait passé une nuit très éprouvante.
A ce moment-là, l’ancien député ne se doutait un seul instant qu’il était aussi dans le collimateur des barbouzes. Il finit par se rendre à l’évidence dès le lendemain avec la descente musclée, à son domicile, d’agents chargés de le conduire par le même chemin de croix que son hôte omanais.
Pour une séquestration plus brève et beaucoup moins pénible que celle de son prédécesseur, car Sidi Ahmed Diarra est aussitôt transféré au Camp I de la gendarmerie où il lui a été signifié qu’il ne s’agit que d’une banale affaire. Promesse lui a été faite, par conséquent, d’être rapidement élargi contre la signature d’un document pour les besoins de simples formalités liées à la procédure.
Ledit document – il est loisible de le comprendre – tenait lieu de procès-verbal d’audition auquel l’illustre détenu, de tracasseries las – et soucieux d’entretenir la discrétion autour de la gênante affaire, a apposé son approbation sans en appréhender la réelle teneur. Il se trouve, selon nos confidences, qu’il recèle des aveux si accablants que l’intéressé ne les aurait jamais approuvés s’il savait déchiffrer la langue française.
Les enquêteurs de la gendarmerie du Camp I auraient-ils sacrifié à la sale besogne de profiter de l’analphabétisme d’un détenu pour lui faire signer son arrêt de potence et de disgrâce ? En l’absence de tout plaignant dans le dossier, l’accusation ne repose apparemment que sur les seules prétendues dénonciations de Malaisiens désormais hors du Mali et qu’on ne peut par conséquent opposer à l’accusé.
L’Omanais, quant à lui, a catégoriquement refusé, à en croire nos sources, de donner du crédit au chef d’accusation par la reconnaissance d’un quelconque préjudice subi de la part Sidi Diarra qu’il ne connait qu’à travers leur ami commun, l’Ivoirien Amara Kéita.
Malgré les intimidations et pressions, Masoud Al Harty est resté de marbre sur sa position et a préféré être cloué au sol malien que de verser dans les dénonciations calomnieuses contre l’ancien député. En acceptant de le libérer après une pénible brimade, les services de sécurité ont pris soin de lui retirer son passeport l’obligeant à prolonger son séjour sans la moindre charge contre sa personne.
A. M. C.
Source: L’ Indicateur Du Renouveau