Prévention, dépistage, accès au soin… Les lois homophobes adoptées par certains pays constituent un obstacle à l’enrayement du virus du sida, ont dénoncé des participants à la conférence qui se déroule du 20 au 25 juillet à Melbourne, en Australie.
« La cruelle réalité est que dans toutes les régions du monde, les stigmatisations et la discrimination continuent d’être les principales barrières à un accès efficace aux soins », a déclaré Francoise Barre-Sinoussi, prix Nobel de médecine pour avoir codécouvert le virus du sida.
« Nous devons une nouvelle fois crier bien fort que nous n’allons pas rester immobiles lorsque les gouvernements, en violation de tous les principes des droits de l’homme, mettent en place des lois monstrueuses qui ne font que marginaliser des populations déjà vulnérables », a martelé la chercheuse à l’ouverture de la conférence.
Les experts ont tenu à rappeler le développement de l’épidémie à ses débuts. Le VIH s’est répandu lentement mais sûrement des minorités stigmatisées vers la population plus large. De là, il a avancé à toute allure, à la manière d’un feu de brousse, tuant 39 millions de personnes en 33 ans.
Les conséquences de la criminalisation de l’homosexualité
Si les homosexuels ou bisexuels sont menacés de prison ou de persécution, ils éviteront de se faire tester pour le virus ou de demander à être soignés s’ils sont infectés. Une atmosphère de silence et de peur qui constitue un terreau parfait pour la propagation du VIH. Les spécialistes précisent que le scénario est similaire pour les travailleurs sexuels et les drogués qui s’injectent leurs doses par intraveineuse.
79 pays ont des lois qui criminalisent les pratiques sexuelles entre personnes du même sexe et sept prévoient la peine de mort, a conclu un rapport du programme Onusida publié la semaine dernière. L’Ouganda et le Nigéria comptent parmi les pays ayant renforcé leur législation. L’Inde a restauré une loi antisodomie qui date de l’époque coloniale. La Russie interdit l’information sur les orientations sexuelles, comparée à de « la propagande ».
Les participants à la conférence (12 000 au total) sont encouragés à signer une « Déclaration de Melbourne », qui statue que tous les gays, lesbiennes et personnes transgenre « doivent avoir les mêmes droits et un accès égal à la prévention, aux soins, à l’information et aux services en matière de sida ».
Santé, droits de l’homme et financements occidentaux
Santé publique, droits de l’homme et argent s’entremêlent dans cette question. Les pays occidentaux, qui interdisent en général la discrimination à l’égard des homosexuels, ont financé en 2013 la moitié des 19 milliards de dollars (14 milliards d’euros) consacrés à la lutte contre le sida dans les pays en développement.
Et ils commencent à perdre patience selon Michael Kirby, ancien juge à la Cour suprême d’Australie et défenseur des droits de l’homme. Les dirigeants des pays aux lois homophobes « ne peuvent pas s’attendre à ce que les contribuables des autres pays continuent de payer, indéfiniment, d’énormes sommes d’argent pour des antirétroviraux s’ils refusent de réformer leurs lois afin d’aider eux-mêmes leurs propres citoyens », a-t-il déclaré.
De son côté, Jean-Francois Delfraissy, directeur de l’agence nationale française sur les recherches sur le sida (ANRS), met en garde contre les conséquences médicales d’un arrêt des financements occidentaux.
(Avec AFP)
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